Donnez de l’eau à votre tournesol : il vous le rendra !
En Auvergne-Rhône-Alpes, l’irrigation du tournesol est peu pratiquée alors que près de 30 % des tournesols sont implantés sur des parcelles irrigables. En sols intermédiaires voire en terres séchantes, l’eau est souvent le premier facteur limitant le potentiel de rendement : autant de situations où l’irrigation apporterait une plus-value économique.

Le tournesol dispose d’une bonne efficience à l’eau et valorise ainsi un volume d’irrigation modéré : 1 à 3 tours d’eau de 35 à 40 mm, soit un maximum de 120 mm, suffisent. Par temps sec et en sol à faible réserve utile, 70 à 100 mm d’eau permettent de gagner en moyenne 6 à 10 q/ha. Le changement climatique, avec des étés en tendance plus chauds et plus secs en région Auvergne-Rhône-Alpes, accentue donc l’intérêt d’irriguer le tournesol. Par ailleurs, en se terminant début août en culture principale, cette irrigation estivale sera peu affectée par d’éventuelles restrictions suite à des arrêtés préfectoraux en cas de sécheresse. La plus-value économique est accentuée par le contexte actuel de prix des graines. Cette plus-value économique est notamment bien réelle pour les situations de sols intermédiaires, comme en témoignent les calculs réalisés (voir graphique ci-dessous).
Gain net (€/ha) calculé hors bonus huile, pour deux apports d’eau de 35 mm selon trois hypothèses du coût de l’eau et selon trois hypothèses de prix de vente de la graine. Calculs effectués en prenant comme base une situation en sol intermédiaire avec : un gain de + 6 q/ha (et +1,5 point d’huile non pris en compte) pour 70 mm d’eau apporté.
Sur une base de prix de vente indicatif moyen à 360 €/t, et pour un prix de l’eau à 15 cts €/m3, une irrigation de 70 mm bien maîtrisée permet au minimum un gain de plus de 100 €/ha. Dans le contexte actuel (juin 2021) avec une hypothèse de prix élevé à 450 €/t, ce gain s’élève à 165 €/ha.
Éviter le stress hydrique aux périodes sensibles
De la levée au stade début floraison, en général, l'eau disponible (réserve du sol et pluies) suffit pour atteindre un développement foliaire satisfaisant. En revanche, du tout début floraison à la fin du remplissage de la graine, les réserves deviennent souvent insuffisantes pour couvrir les besoins de la culture. Un stress hydrique pendant la phase de floraison pénalisera le nombre de graines viables par capitule, alors que durant la phase de remplissage des graines il pénalisera le PMG et la teneur en huile. L’eau d’irrigation est particulièrement bien valorisée à cette période, lorsque la réserve en eau du sol est épuisée. Ainsi, pour préserver le potentiel de rendement, il est capital de couvrir les besoins en eau du tournesol dès le début de la floraison et pendant les 45 jours qui suivent, et éviter de laisser la culture en stress hydrique prolongé.
Respecter le bon tempo des tours d’eau
Pour déclencher une irrigation, le meilleur indicateur reste le comportement du tournesol. Si les plantes flétrissent dès le matin, si vos tournesols semblent « baisser les bras » depuis plusieurs jours, c’est signe qu’ils manquent d’eau !
Claire Martin-Monjaret et Vincent Lecomte - Terres Inovia
Votre contact régional : Alexis Verniau ([email protected])
VRAI / FAUX / Lutter contre les idées reçues sur l’irrigation du tournesol
• Positionner son premier tour d’eau avant floraison (stade bouton) est obligatoire
FAUX / Il faut raisonner son premier apport selon le type de sol, la quantité d’eau disponible, la croissance du tournesol et son comportement.
• Irriguer pendant la floraison est interdit
FAUX / Le risque de sclérotinia du capitule est faible si le temps est sec avant et après l’irrigation. Il vaut mieux répondre au besoin hydrique du tournesol plutôt que le faire souffrir jusqu’à fin floraison.
• Irriguer en sol superficiel ou intermédiaire est plus rentable qu’en sol profond
VRAI / S’il est correctement enraciné, le tournesol est capable de puiser dans la réserve en eau du sol au delà d’un mètre de profondeur. En sol profond, la valorisation de l’eau d’irrigation est donc plus aléatoire.
• L’irrigation du tournesol, c’est simple : il suffit de l’intercaler avec les tours d’eau prévus dans le maïs voisin
FAUX / Les besoins en eau optimaux du tournesol sont inférieurs à ceux du maïs, il y aura donc moins de tours d’eau. Il faut réfléchir les apports sur tournesol indépendamment de la conduite des autres cultures irriguées.