Douanes : l'antenne de Tain va fermer ses portes

L'antenne du service viticulture et contributions indirectes de Valence, qui était installée dans les locaux de la maison de vins à Tain-l'Hermitage - un véritable centre névralgique pour la filière vitivinicole locale -, est amenée à disparaître d'ici quelques mois. Sa fermeture semble désormais actée. « J'ai été interpellé par des viticulteurs sur ce sujet. Soucieux du maintien de ce service de proximité, et souhaitant avoir plus de précisions sur ce dossier, j'ai adressé un courrier le 5 juin au préfet de région, Stéphane Bouillon, explique Olivier Amrane, conseiller régional (LR) délégué à la ruralité et adjoint au maire de Saint-Péray (Ardèche). La direction interrégionale des douanes et droits indirects Auvergne-Rhône-Alpes m'a répondu le 5 juillet. On m'a alors informé que les services seront transférés à Valence et Privas d'ici à la fin de l'année. L'antenne de Tain est impactée par le déploiement du téléservice "Ciel".»
Des mesures de dématérialisation
L'utilisation du téléservice « contributions indirectes en ligne » (Ciel) sera obligatoire au 31 décembre 2019 ; elle est avancée au 1er septembre 2019 pour le secteur du vin, comme le précise un décret paru au journal officiel en mars dernier. La direction générale de la douane et des droits indirects s'est par ailleurs dotée d'un plan stratégique à horizon 2018. Lequel a notamment pour ambitions de moderniser la fiscalité ou encore s'adapter à un environnement en constante mutation.
Sur le terrain, les professionnels interrogés ne sont pas particulièrement satisfaits quant à cette fermeture annoncée. « Ce n'est pas une bonne idée. On ne peut que regretter de perdre un service de proximité, qui était utile pour les vignerons », souligne Pierre Combat, président de l'AOC Crozes-Hermitage et vice-président de la chambre d'agriculture de la Drôme.
Un vrai service de proximité
« L'Ardèche est particulièrement lésée. On va devoir aller à Privas, ça va être infernal. Imaginez un vigneron au nord du département devoir y descendre. Si beaucoup de choses sont dématérialisées, nous allons encore régulièrement à cette antenne pour les droits de plantations ou régler des problèmes. Nous n'aurons par ailleurs plus le même niveau de proximité ; les centres de Privas ou de Valence n'ont pas la même échelle », note pour sa part Benoît Nodin, président de l'AOC Saint-Péray. Avec d'autres présidents d'ODG, il a d'ailleurs cosigné un courrier quant à ce sujet. « L'antenne est vraiment indispensable. Aujourd'hui, nous n'avons que des bruits de fermeture, pas d'information sur la future organisation, c'est très flou. On ne nous dit rien. Il pourrait y avoir un éclatement sur d'autres structures. Or, celles-ci n'auront pas la même capacité pour répondre. Un agent qui travaille sur les crus septentrionaux connaît par ailleurs les problématiques et les vignerons avaient l'habitude d'avoir des interlocuteurs dédiés », observe Joël Durand, vigneron à Châteaubourg et président de l'AOC Saint-Joseph.
Inter Rhône, par la voix de son délégué général, Éric Rosaz, reconnaît que le chantier de dématérialisation voulue par l'administration est légitime (l'interprofession accompagne d'ailleurs les opérateurs). Pour autant, Inter Rhône pense que cette antenne ne doit pas être fermée. « Sa présence, au plus proche des opérateurs, est importante. Elle couvre en outre un large vignoble, qui s'étend de Côte-Rotie jusqu'à Saint-Péray », précise-t-il.
Les élus locaux restent mobilisés
À Gervans, Laurent Habrard, viticulteur, déplore lui-aussi cette fermeture. « Avant, j'y emmenais tous les mois mes déclarations récapitulatives mensuelles (DRM). Depuis que je les fais en ligne, je n'y vais plus. Mais ce qui m'embête, c'est l'aide et le conseil. On nous demande beaucoup de travail mais on a peu d'informations sur ce qu'on doit faire. La personne qui est présente à Tain-l'Hermitage est très avenante, réactive et disponible. On peut la rencontrer, elle se met à la portée des vignerons avec des mots compréhensibles. On peut aussi lui envoyer des courriels », commente-t-il. Force est de constater que l'antenne de Tain-l'Hermitage reste un espace d'informations réellement apprécié des professionnels. Un lieu de soutien également lorsque des vignerons connaissent des problèmes techniques liés au logiciel.
Pour le sénateur Gilbert Bouchet, cette fermeture est en tout cas un coup dur. « Il est regrettable que la rationalisation des services publics menée par le gouvernement ne réponde qu'à une logique comptable d'économie, même s'ils rendent un service de qualité. Mais d'ici 2019, l'État peut encore faire marche arrière comme il l'avait fait en 2017 », souligne-t-il notamment. Le parlementaire s'était en effet déjà mobilisé, aux côtés d'autres élus, pour éviter une première fermeture annoncée.