Drive fermier : un mode de commercialisation gagnant-gagnant

Un vendredi après-midi, sur le parking du restaurant la Bruyère à Savigneux dans la Loire, loin des rayons de supermarchés, Lydie vient faire des courses pas comme les autres. Habitante des environs, elle vient récupérer son panier de produits locaux qu'elle a composé sur internet. Les produits sont issus exclusivement des exploitations agricoles de son territoire, et remis par les producteurs eux-mêmes. Cela correspond à sa recherche d'aliments de qualité et de contact avec les agriculteurs. « On met une tête sur un produit », explique-t-elle. Derrière cette initiative, quatorze producteurs de la Loire se sont réunis pour proposer aux consommateurs une façon originale d'acheter frais et local. Fruits, légumes, viandes, charcuterie, fromages, yaourts, miel, escargots, safran, vin, foie gras, glaces... une large gamme est proposée. « Le choix s'est porté sur des produits issus directement et exclusivement des exploitations agricoles de la Loire, explique Delphine Jousserand, productrice de viande de porc et de charcuterie. Le but est de garder la maîtrise de l'origine de ce qui est vendu. » Le principe est simple : les clients commandent sur www.drivefermierloire42.fr avant le mercredi minuit. Ils viennent chercher leurs paniers le vendredi après-midi entre 14 h 30 et 19 h 30. Chaque semaine, au moins deux producteurs sont présents pour distribuer les paniers aux clients. Actuellement, la distance entre les produits et les consommateurs se situe entre 10 et 80 km suivant les exploitations.
Une expérience humaine
À l'origine de cette démarche, Richard Faure. Il a « pris son bâton de pèlerin », comme il dit, pour aller à la rencontre des agriculteurs du territoire et les solliciter. Pour la plupart d'entre eux, l'idée a immédiatement fait sens. Delphine Jousserand, qui avait ce même projet, l'a rencontré lors d'une formation et a décidé de s'associer à sa démarche. Aller chercher « les meilleurs », des producteurs sérieux et honnêtes, était très important pour lui, afin d'avoir un groupe qui fonctionne. Cela s'est d'ailleurs concrétisé par la mise en place d'une charte éthique. « Au-delà de la vente, c'est une expérience humaine, précise Cécilia Pinchault, productrice de fromages de brebis et de yaourts. On a tout à créer. »
Un système gagnant-gagnant
Pour les producteurs comme pour les consommateurs, ce système innovant présente de nombreux avantages. La commande et le paiement d'avance constituent un véritable « confort » pour ces producteurs qui ne livrent que la quantité nécessaire, comme l'expliquent Delphine et Cécilia, qui vendent aussi sur des marchés, d'où elles reviennent parfois avec des invendus. La structure demande également beaucoup moins d'investissements financiers que pour un magasin de producteurs par exemple.
Du côté des clients, l'outil permet l'accès à des « produits de qualité à un prix abordable et en toute convivialité », comme le souligne Catherine, cliente depuis le début. « J'attendais l'ouverture avec impatience. » La commande à l'avance peut être une contrainte au début : « J'ai oublié une ou deux fois mais maintenant je suis habituée. Le vendredi, je profite d'un trajet pour venir chercher mon panier en passant. » Alors que l'activité a débuté il y a quelques mois, les producteurs sont optimistes quant au développement du drive. « Nous fournissons actuellement 35 paniers, ce qui est supérieur à la moyenne constatée dans les autres drives en France à ce stade de l'ouverture. Et ce chiffre est en augmentation », précise Richard Faure. La mobilisation du côté des producteurs a été également importante comparée aux autres drives à l'ouverture. « Nous avons une diversité de productions dans la Loire, c'est une chance ». Et les membres du drive n'ont pas l'intention de s'arrêter en si bon chemin puisque leur objectif serait d'atteindre 100 paniers par semaine dans les prochains mois.
Anaïs Labrosse
Mode d’emploi /
S’appuyer sur un réseau national
Pour monter un projet solide, les producteurs du drive fermier de la Loire se sont tournés vers la chambre d’agriculture ligérienne et son réseau « Bienvenue à la ferme » qui porte déjà 115 points de retrait en France. « Cela nous permet de bénéficier d’un appui technique et financier et d’accéder à des outils mutualisés comme le site internet ou les supports de communication, explique Richard Faure. L’idée est de s’appuyer sur ce qui se fait déjà ». Il précise que chaque drive du réseau a sa propre politique. Les concernant, ils ont fait le choix d’une association collégiale : chacun est co-président de la structure et a ainsi la responsabilité de ses produits, de la ferme jusqu’aux clients.