Drôme Cailles placée en liquidation judiciaire

Relancer l'activité mais aussi redonner à la caille drômoise ses lettres de noblesse tout en diversifiant la gamme de produits... Tel était l'objectif annoncé par Frédéric Barnier et Nicolas Guilhot dès la reprise en juillet 2012 de l'entreprise Drôme cailles (ex Cailles Drôm'Alpes créée en 1970) à Montoison. Un an plus tard, le pari semblait en passe d'être réussi avec l'ouverture d'un magasin de vente et une forte augmentation du volume de cailles abattues (plus d'un million). Dans un contexte défavorable lié à l'augmentation de 40 % du coût de l'aliment, les deux associés avaient tout de même relevé le défi de la dynamisation de l'entreprise avec, notamment, la diversification. En plus des produits frais, étaient alors proposée une gamme de conserves. En octobre 2014, au salon international de l'alimentation (Sial), Drôme Cailles avait présenté l'une de ses nouveautés : une terrine de cailles du Père Louis. Celle-ci lui avait valu un prix.
En septembre 2015, le Département avait attribué une subvention de plus de 100 000 euros à la SAS Drôme Cailles. Une aide destinée à lui permettre de réaliser les investissements immobiliers et matériels nécessaires pour augmenter sa capacité de production et s'ouvrir de nouveaux marchés.
« Des conditions d'élevage conformes »
Produisant un peu plus de deux millions de cailles, l'entreprise voyait ses ventes augmenter, surtout auprès des restaurateurs, en particulier sur le bassin crestois. Malgré ce dynamisme (3,8 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2018), la société connaissait de grandes difficultés économiques. Placée en redressement judiciaire, ses dirigeants assuraient alors tout mettre en œuvre pour sortir de cette situation. Le 21 mars dernier, la diffusion d'une vidéo choc de l'association L214 dénonçant les conditions d'élevage des cailles a ruiné définitivement leur espoir de redressement, des clients de l'entreprise ayant décidé de ne plus s'approvisionner. Par ailleurs, un apporteur de capitaux aurait décidé de faire marche-arrière. Pourtant, le lendemain, l'inspection réalisée par les agents assermentés de la direction départementale de la protection des populations (DDPP) concluait « à des conditions d'élevage des animaux conformes aux attentes et ne correspondant pas aux images diffusées », assurait la préfecture de la Drôme. Aucune mesure d'urgence n'avait été requise par l'administration.
« Notre combat est quotidien afin de sauver cette entreprise ancrée dans le territoire depuis cinquante ans, qui emploie 37 salariés et d'en poursuivre sa mutation. Et nous comptons pour cela sur le maintien de la confiance de nos clients et des consommateurs », avaient alors ajouté les responsables de Drôme Cailles, qui redoutaient cependant des défections.
L'histoire a pris fin le 10 juillet avec la liquidation judiciaire prononcée par le tribunal de commerce de Romans-sur-Isère.
C. L.