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Bovins, caprins et ovins

Drôme conseil élevage investit dans l'innovation

Drôme Conseil Elevage continue à renforcer ses partenariats et s'appuie sur les nouvelles technologies pour étoffer son offre de services.
Drôme conseil élevage investit dans l'innovation

L'année 2016 « a été marquée par la crise laitière bovine qui n'a déjà que trop duré, laissant de nombreux éleveurs exsangues », a regretté le président de Drôme Conseil Elevage (DCEL), Thierry Deygas, en ouverture d'assemblée générale, le 24 mars à Chabeuil. Une crise « dont il est difficile de mesurer toute l'ampleur et les séquelles pour les années à venir ».

Renforcement des partenariats

La crise laitière bovine peut aussi fragiliser DCEL, structure œuvrant dans le contrôle de performances et proposant d'autres services, avec ses 10 salariés (7,8 ETP). C'est pourquoi elle poursuit son rapprochement avec les Conseils Elevage ardéchois et isérois. En 2016, les trois structures ont décidé de renforcer leur partenariat afin de mutualiser leurs compétences, personnels, outils et services. Le but est de réduire les coûts de services pour les éleveurs dans un contexte financier de plus en plus tendu et de pouvoir investir ensemble dans des domaines où ce serait impossible seul. Concrètement, des agents de pesée ou conseillers interviennent désormais sur plusieurs départements en cas de besoin. La gestion des performances est harmonisée et centralisée pour les trois départements (planification des pesées et du travail des agents qui en sont chargés, gestion du matériel, correction des erreurs...). Les conseillers caprins se rencontrent trimestriellement pour des échanges techniques. Les conseillers bovins vont en faire autant. Solène Dutot, directrice de DCEL, manage les conseillers d'élevage des trois départements... En outre, une offre de services commune devrait être réfléchie cette année et déployée en 2018.

Mael répond aux attentes

Depuis janvier 2016, tous les échantillons de contrôle de performances de DCEL et ses partenaires Conseil Elevage de l'Ain, l'Ardèche, l'Isère, la Saône-et-Loire sont analysés par Mael. Basé dans l'Ain (à Ceyzériat), ce laboratoire a été créé pour renforcer la fiabilité des analyses mais aussi réduire les délais entre la collecte des échantillons et la restitution des résultats. Il donne entière satisfaction : pas de contrôles à refaire pour cause de résultats anormaux ni de pertes de données ; quatre jours entre le contrôle et l'envoi des résultats aux éleveurs (au lieu de sept en 2015). En plus, depuis janvier dernier, de nouvelles analyses peuvent être proposées grâce à l'ouverture du service Gest'Lait. Il permet de savoir si une vache ou une chèvre est gestante, à partir du même échantillon que celui du contrôle de performance.

Des soutiens bienvenus

En raison aussi de la crise laitière, le Département de la Drôme a accordé une enveloppe de 28 000 euros à la filière bovine en 2016, intégralement reversée aux éleveurs. Un soutien dédié à la prise en charge de 10 % du coût du contrôle de performances et deux unités de conseil pour chaque éleveur sur l'année, via les services de DCEL. La poursuite de cet accompagnement est espérée, sous une forme à définir. Le Crédit Agricole Sud Rhône Alpes a, quant à lui, financé le calcul de coûts de production en bovins et caprins, l'an passé. Et ce, à hauteur de 150 euros par élevage. Le Crédit Agricole Centre Est l'a rejoint fin 2016 et pour 2017. Par ailleurs, une valorisation collective des coûts de production a été proposée avec la chambre d'agriculture via quatre groupes en bovins (27 éleveurs) et un en caprins (8 éleveurs).

La baisse des aides interroge

Aujourd'hui, Thierry Deygas s'interroge sur la baisse, de toutes parts, des subventions. DCEL fait payer le conseil à l'animal. De ce fait, l'heure de conseil coûte moins cher à un petit élevage qu'à un grand alors que, par exemple, calculer la ration de 20 animaux demande autant de temps que pour 300. « Cette mutualisation interne est permise notamment par les subventions, a expliqué Thierry Deygas. Si, demain, celles-ci venaient à disparaître, comment expliquer à l'éleveur d'un gros troupeau en difficulté qu'il faut aider le plus petit ? » Du fait du contexte de crise, DCEL n'augmente pas la cotisation bovins 2017. Celle d'élevage, elle, passera de 110 à 140 euros si aucune solution n'est trouvée avec le Département d'ici septembre pour la poursuite de son accompagnement financier.

Rester compétitif

DCEL propose conseils et services aux éleveurs, certains en partenariat avec la chambre d'agriculture et le GDS(*) entre autres. Par exemple en 2016 : formation « luzerne », à la nouvelle version du logiciel « Caplait », rencontre autour du « Silo scan », temps d'échanges entre éleveurs utilisateurs de robots, expérimentation sur l'urée caprine, sur les méteils protéiques... DCEL affiche une volonté d'investir dans l'innovation et les nouvelles technologies pour « rester compétitif et attrayant vis-à-vis les éleveurs ». Trois exemples à venir dans les prochaines années ont été cités : les analyses de lait (lactoferrine, lactose...), la valorisation des données recueillies, l'automatisation des notes d'état corporel.

Annie Laurie

(*) GDS : Groupement de défense sanitaire.

 

Repères

Comme adhésions, en 2016 Drôme Conseil Elevage comptait :
- 69 élevages bovins (73 en 2015) et 3 130 vaches contrôlées (141 en moins, soit - 5 %). C'est la première année de baisse et elle se poursuit en 2017.
- 75 élevages caprins (71 en 2015), 11 484 chèvres contrôlées (491 de plus, soit + 5 %). Ont été constatés des agrandissements de cheptels liés à la recherche de lait (notamment par la coopérative Agrial) mais pas d'envolée sur le nombre d'adhérents.
- 4 élevages ovins (comme en 2015) et près de 300 brebis, soit environ la moitié du cheptel départemental.

 

DCEL
Le contrôle de performances
Vaches
Dans un contexte conjoncturel défavorable, la qualité du lait livré et la productivité sont des moyens de compenser la baisse des prix. Par rapport à 2015, la production laitière moyenne par vache au contrôle de performances est passée de 20,3 à 20,9 kilos par jour dans la Drôme. Au niveau des taux butyreux (TB) et protéiques (TP), les écarts entre élevages se resserrent depuis trois ans. Et le taux butyreux augmente depuis 2014.
Chèvres
En caprins, les résultats du contrôle de performances mettent en évidence une sensible baisse de la productivité en 2016. La lactation moyenne à 260 jours est de 645 kilos par chèvre, soit 7 de moins qu'en 2015. Cette baisse est surtout liée aux élevages laitiers qui ont perdu 16 kilos par chèvre. Les éleveurs fromagers ont, eux, obtenu 16 kilos de plus. Les niveaux de démarrage(*) des élevages laitiers spécialisés ont souffert de la faible qualité des luzernes. La qualité du lait a progressé : en moyenne, un TB de 35,3 grammes par kilo (+ 0,8 en 2015), un TP de 32,5 (+ 0,6). Et les taux cellulaires sont en amélioration.
Brebis
Pour les brebis ayant eu leurs trois contrôles sur la campagne, les volumes produits ont augmenté : + 15 % pour les primipares et + 26 % pour les multipares. Au niveau des taux, la progression est plus marquée en primipares (+ 5 g en TB et + 4 g en TP) qu'en multipares (+ 2 g en TB et + 3 g en TP). En cellules, les résultats varient et dépendent de la stratégie des éleveurs (politique de réforme). Une hétérogénéité est observée entre élevages et parfois entre animaux d'un même cheptel. L'accent est donc mis sur la poursuite du travail de sélection intra-troupeau. Mais aussi sur l'achat de béliers sélectionnés. Les aides du Crof ovin-caprin de la Région Auvergne-Rhône-Alpes permettent toujours un accompagnement financier pour les éleveurs de brebis.
(*) lait sur les 100 premiers jours de lactation.