« Après une crise vient l'autre…, a déploré le président de Drôme Conseil Elevage (DCE), Thierry Deygas, en ouverture d'assemblée générale, le 18 mars à Chabeuil. Alors que l'élevage caprin connaît un nouvel élan avec une relance de la production, c'est au tour des éleveurs bovins d'être rattrapés par une crise qui n'a déjà que trop duré et dont ce début d'année ne laisse pas entrevoir le bout du tunnel. » En janvier 2015, le prix du lait de vache aux 1 000 litres s'affichait à 60 euros de moins qu'un an auparavant. Et la situation ne s'est pas améliorée par la suite.

« Un investissement rentable »

En élevage caprin, grâce à des agrandissements, la reprise a été assez rapide, a estimé le président de DCE. Mais, malgré une conjoncture plutôt favorable, les installations font défaut car coûteuses en investissements. Les éleveurs bovins, eux, « malgré la crise, ont continué à faire confiance à DCE pour les soutenir, a confié le président. Ils ont gardé à l'esprit que leur cotisation est un investissement rentable à court et long terme. Chaque litre de lait gagné, chaque kilo de concentré économisé sont autant d'argent pour l'éleveur. Sans compter le choix des animaux à réformer et des reproducteurs, difficiles à chiffrer mais qui permettent de maintenir les élevages performants ». La directrice de DCE, Solène Dutot, a donné deux exemples récents. L'un, en élevage bovin, s'est entre autres traduit par 6 400 euros de plus en lait grâce à un travail sur l'alimentation (complémentation azotée). L'autre, en caprin, a notamment abouti à une économie de 1 350 euros sur l'année grâce à une révision de la ration (surtout de la complémentation). Mais aussi un gain de production des primipares au bout de deux ans lié à une meilleure sélection de mères à chevrettes (2 500 euros de plus en lait).

Solène Dutot, directrice de Drôme Conseil Elevage.

Solidarité et partenariats

Vu les difficultés des éleveurs bovins, DCE a gelé leur cotisation 2016. De plus, le Crédit Agricole Sud Rhône Alpes accordera une aide (150 euros) à chaque éleveur qui calculera son coût de production avec DCE cette année. Le Département, lui, maintient son soutien pour 2016 malgré la loi Notre. Enfin, la Région a décidé d'accompagner les éleveurs ovins lait dans le contrôle de performance et le conseil, avec une aide (5 euros par brebis) sur trois ans via le Crof⁽¹⁾.

Outre le contrôle laitier, DCE propose conseil et autres services aux éleveurs, notamment en partenariat avec la Chambre d'agriculture et le GDS⁽²⁾. Avec la première, en plus d'un partenariat financier et de la mise à disposition d'une assistante, sont organisées des formations-actions. A titre d'exemples peuvent être cités des rendus collectifs de coûts de production. Mais aussi, avec en plus le GDS, une formation sur la luzerne destinée aux éleveurs caprins. « Malgré les temps difficiles, il faut que ces partenariats perdurent dans une dynamique gagnant-gagnant, avec pour objectif la présence et la performance de l'éleveur laitier demain », a confié le président de DCE.

L'assistance à l'assemblée générale de Drôme Conseil Elevage.

Des partages

Pour anticiper les évolutions, DCE œuvre avec d'autres « Conseils Elevage ». Au niveau régional, le projet de laboratoire d'analyse du lait Mael⁽³⁾s'est concrétisé en janvier. Il est le fruit d'un travail des structures de la Drôme, l'Ain, l'Ardèche, l'Isère, la Saône-et-Loire, accompagnées par le Laboratoire de Poligny sur la partie technique. « La qualité et la rapidité des analyses sont un atout de plus pour nos élevages », a souligné Thierry Deygas au sujet de Mael.

S'ajoutent des missions désormais partagées avec Isère Conseil Elevage : collaboration des équipes techniques, échange et mise en commun de matériel... Et l’Ardèche a souhaité les rejoindre. Les trois structures vont engager une réflexion pour « aller plus loin dans le partage, harmoniser les services et dynamiser les équipes ». Le président de DCE a confié : « Le mot d'ordre est que demain sur chaque territoire, chaque élevage puisse avoir un conseil adapté, des outils performants qui n'ont rien à envier à des départements beaucoup plus gros, le tout à un coût toujours maîtrisé ».

DCE (autrefois le Contrôle laitier) a deux décennies d'existence et fête son anniversaire ce 7 avril. A ce propos, Thierry Deygas note : « Gardons à l'esprit que c'est bien l'ensemble des éleveurs adhérents qui fait vivre la structure et l'a amenée à ce qu'elle est aujourd'hui ».

Annie Laurie

(1) Crof : Contrat régional d'objectif de filière.

(2) GDS : Groupement de défense sanitaire.

(3) Mael : Mesures et analyses en élevage.

Repères 2015

Adhérents de Drôme Conseil Elevage :

- 72 élevages bovins (73 en 2014), soit 82 % du total départemental, et 3 170 vaches contrôlées (70 de moins).

- 71 élevages caprins (70 en 2014), soit 31 % des producteurs drômois, et 10 218 chèvres contrôlées (218 de plus).

- 4 élevages ovins (idem en 2014), soit 40 % du total départemental, et 308 brebis. 2015 est la deuxième année où DCE propose un contrôle laitier simplifié des brebis (3 passages).

Moyenne départementale :

- 6 718 litres de lait par vache (305 jours de lactation), 37,9 de taux butyreux (TB) et 31,5 de taux protéique (TP).

- 711 litres par chèvre (250 jours de lactation), 33,8 de TB et 31,6 de TP.

Exemples d'actions de DCE

Lactocorder : service assistance à la traite développé en 2015 (voir L'Agriculture Drômoise du 31 mars).

Silo scan : service en place depuis 2015 pour évaluer l'ensilage de maïs (suivi de la matière sèche).

Gestion du troupeau : outils informatiques Mil'Klic pour les bovins laitiers et Caplait pour les caprins.

Calcul du coût de production en bovins et caprins laitiers.

Formations « cellules » avec le GDS.

Expérimentations 2016 : contrôler la fibrosité de la ration et de l'ensilage de maïs (avec Tamis peen state) ; valoriser pleinement l'amidon de la ration (avec Amido Scan).

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Anniversaire / Le Syndicat du contrôle laitier devenu Drôme conseil élevage en 2010 accompagne les éleveurs laitiers du département depuis deux décennies.

Drôme Conseil Elevage au fil du temps

Au fil de ses vingt années d'existence, le Syndicat du contrôle laitier de la Drôme, devenu Drôme Conseil Elevage en 2010, s'est organisé, a étoffé son activité et son équipe...

Jadis service de la Chambre d'agriculture, et créé en 1958, le Syndicat du contrôle laitier (CL) de la Drôme a pris son indépendance le 1^er janvier 1996. Ceci, dans un but de prise de responsabilité plus importante des éleveurs mais avec un appui logistique et financier de la Chambre d'agriculture. « C'était un peu un pari. On est parti sans fonds propres. Il a fallu tout créer », se souvient Henri Fèche, devenu à ce moment-là directeur de l'EDE ainsi que du CL et aujourd'hui à la retraite.

Cette structure a donc vingt ans. Elle les fête avec ses adhérents et partenaires ce jeudi 7 avril en soirée à Vaunaveys-La Rochette. La rétrospective de ces deux décennies d'existence sera retracée et ponctuée par une animation théâtrale (« A la recherche de Zargos ») de la troupe « Les Arts verts ».

Complémentarités

Au fil du temps, le CL de la Drôme s'est organisé, a étoffé son activité et son équipe. En 1996, il comptait autour de 120 élevages bovins et caprins adhérents. Il s'est surtout développé en caprins (5 000 chèvres au CL en 1996 et le double à présent). En plus du contrôle laitier, sa mission s'est élargie à d'autres services, du conseil, des actions techniques dédiés aux éleveurs laitiers bovins, caprins et, depuis peu, ovins. La structure a d'ailleurs pris le nom de « Drôme Conseil Elevage » (DCE) en 2010. Elle œuvre en complémentarité avec la chambre d'agriculture et, depuis ces dernières années, organise des formations pour les éleveurs avec le GDS. Elle a aussi en charge le développement, sur le plan technique, des inséminations artificielles en caprins (convention signée avec Eliacoop)...

Proximité, technicité et collaborations

Aujourd'hui, DCE est « autonome, performante et saine sur le plan financier, se réjouit Henri Fèche. Sur le plan technologique, il n'y a rien à envier aux gros département. L'indépendance du CL a permis cette dynamique. En termes de résultats techniques, les élevages drômois se situent parmi les premiers de Rhône-Alpes en moyenne par vache et chèvre. Et, au-delà du suivi technique, DCE se préoccupe des résultats économiques, de l'EBE^(*) en lien avec la Chambre d'agriculture ».

Pour ce qui est de l'avenir, « je pense qu'il y aura des regroupements à court et moyen termes, estime Henri Fèche. La proximité est l'une des forces des DCE. Et le triptyque Chambre d'agriculture-DCE-GDS a conforté l'élevage laitier drômois. Même si des rapprochements ont lieu, il faut conserver la proximité, la technicité et ces partenariats forts ».

A. L.

(*) EBE : excédent brut d'exploitation.