Drone : de la démonstration à l'investissement

En 2019, l'entreprise Fatton, basée à Ampuis (69) et spécialisée dans les matériels agricoles, et notamment viticoles, organisait une démonstration de drone sur les hauteurs de vignobles des côtes-du-rhône septentrionaux. « On aime être à la recherche de nouveautés, l'objectif étant de permettre à nos clients de répondre à des problématiques auxquelles ils sont confrontés. Nous avons notamment des demandes pour des drones. Nous avons donc pris contact avec une société italienne spécialisée dans ce produit », indique Thierry Fatton, le responsable.
Yvan Daubrée du domaine Corps de Loup à Tupin-et-Semons, en appellation côte-rôtie, avait participé à cette démonstration dans les vignes. Et le viticulteur du domaine familial a rapidement trouvé un intérêt pour ce produit encore peu présent. « On s'était dit qu'un drone pouvait nous permettre de gagner du temps dans nos travaux d'épandages, hors produits phytosanitaires, ceux-ci n'étant pas autorisés. Nous avons essentiellement des parcelles en pentes, supérieures à 30 %. Le terrain est friable. Ça glisse. Le traitement à l'atomiseur à dos est efficace pour la vigne mais on dépense trop d'énergie », rapporte-t-il.
Formation et permis
Convaincu par ses avantages, le domaine n'hésite pas à investir dans ce drone doté de huit hélices, d'un GPS RTK et pesant moins de 25 kg (14 pour le drone et 10 pour la cuve remplie). Il est également muni de six batteries, chacune d'une durée de douze minutes et rechargeables en une heure seulement. Mais avant de pouvoir utiliser son « nouveau jouet », Yvan Daubrée a suivi une formation afin d'être autorisé à pouvoir piloter un drone de cette envergure. « C'est une procédure assez lourde. Il faut apprendre le code de l'aviation civile. On passe ensuite un examen théorique avec une grille d'évaluation pour obtenir son permis d'utilisation de drone. Il est délivré par un télépilote agréé », résume le viticulteur. Coût total de l'opération : 25 000 euros environ. Une opération importante mais qui permet au domaine Corps de Loup de faciliter ses travaux d'épandage là où les pentes sont les plus raides. « En une journée, on peut survoler l'ensemble de nos parcelles alors qu'on couvrait entre 1 et 2 ha à deux. Le travail de cartographie est important avant d'utiliser le drone. Il repère les obstacles mais il est préférable de prendre toutes ses précautions malgré tout. Comme l'exige la réglementation, il faut toujours être en contact visuel avec le drone. »
« Un intérêt grandissant »
Yvan Daubrée n'hésite pas à s'informer sur les évolutions réglementaires autour des drones. « Je me suis abonné à des newsletters car la législation évolue régulièrement. Je tiens aussi une traçabilité, utile en cas de contrôle. L'utilisation de drone a fortement augmenté ces dernières années, d'où une réglementation de plus en plus stricte », conclut Yvan Daubrée. Thierry Fatton constate aussi un intérêt grandissant pour les drones. « Tout le monde en parle mais peu d'opérateurs osent encore sauter le pas. Je pense qu'ils peuvent passer par un système de prestation afin de mesurer l'efficacité d'un tel outil ».