Du 11 mai au 2 juin : un « sas » de déconfinement

Le 11 mai, « on entre dans une période transitoire, de déconfinement progressif avec une clause de revoyure le 2 juin », a confié le préfet de la Drôme, Hugues Moutouh, le 8 mai à Valence lors d'une conférence de presse sur le bilan de la crise liée au Covid-19 et les perspectives. Il était accompagné de la directrice départementale de l'ARS (agence régionale de santé), Zhour Nicollet, et du directeur académique de la Drôme, Mathieu Sieye. Tout d'abord, le préfet a eu une pensée pour les personnes décédées du Covid-19. Mais aussi pour le personnel de santé, les fonctionnaires, militaires, bénévoles associatifs de solidarité... mobilisés contre ce virus. Et il a remercié les Drômois, « qui ont été exemplaires, prudents, raisonnables, maintiennent distanciation physique et gestes barrières. Grâce à l'effort collectif, la Drôme a la chance d'être en zone verte ».
Une capacité de 700 tests PCR par jour puis de 1 500
« Un sas de déconfinement », ainsi le préfet a décrit cette phase probatoire de trois semaines, du 11 mai au 2 juin. Et il a mis en garde en reprenant les propos du Premier ministre : « Nous sommes toujours dans un état d'alerte et de grande vigilance épidémiologique. Si le taux de circulation repartait à la hausse, si on assistait à une saturation des services de réanimation, nous serions contraints de prendre des dispositions plus restrictives en matière de liberté ».
Pour le dépistage du coronavirus, « nous avons mis en place une politique ambitieuse », a indiqué Hugues Moutouh : une quarantaine de centres de prélèvements (laboratoires, hôpitaux, centres Covid de Saint-Vallier et Saint-Jean-en-Royans) et la possibilité de réaliser 700 tests PCR* par jour à partir du 11 mai, capacité qui devrait être portée à 1 500 dans un mois. « C'est une politique de prudence qui repose sur un dépistage systématique de toutes les personnes présentant des symptômes. »
Une stratégie de dépistage massif
La stratégie de dépistage massif, qui se décline en trois niveaux, a été détaillée par Zhour Nicollet. D'abord, dès les premiers symptômes ressentis, il faut contacter son médecin traitant. S'il suspecte une infection au Covid-19, il prescrira un test de dépistage. Si celui-ci se révèle positif, il commencera à identifier des cas contacts du patient contaminé et renseignera un système d'information dédié créé par l'Assurance maladie.
Deuxième niveau, l'Assurance maladie prendra le relais. Avec l'appui d'une trentaine d'agents par jour (plus de 100 en tout, mobilisés sept jours sur sept de 8 h à 19 h), elle effectuera un « contact tracing » de niveau 2. A partir des cas contacts, elle investiguera plus largement dans la sphère personnelle, professionnelle (20 à 30 personnes). La conduite à tenir sera donnée aux personnes susceptibles d'être contaminées.
Le troisième niveau, c'est l'ARS, ses agents, ainsi que des brigades (une quarantaine de binômes infirmier-pompier) pour intervenir sur des situations d'urgence. L'objectif est d'éviter l'apparition de clusters. « Pour cela, il faut être très réactifs afin de casser le plus vite possible les chaînes de contamination », a confié Zhour Nicollet.
Isolement des personnes contaminées
A la préfecture de la Drôme, une instance de pilotage de l'isolement des personnes contaminées par le Covid-19 a été mise en place. Les malades ont la possibilité soit de s'isoler à domicile (avec l'ensemble de leur noyau familial), soit d'aller dans un centre d'hébergement. « Nous avons passé des conventions avec des hôtels et centres d'accueil », a précisé le préfet. Et un service d'accompagnement avec des assistantes sociales sera installé pour que les malades isolés ne se sentent pas délaissés.
« Nos devons tous nous montrer prudents, responsables, a conclu le préfet. Dans le cadre familial comme professionnel, nous devons poursuivre cette distanciation physique et ces gestes barrières qui ont évité un emballement et une circulation excessive du Covid-19. Mais c'est aussi le moment de reprofiter de la vie car les deux derniers mois ont été particulièrement difficiles. La société et l'économie ont besoin de cette relance ». Et d'espérer qu'elle se passe pour le mieux d'ici la fin de cette période probatoire.
Annie Laurie
* Test PCR : prélèvement de cellules dans le nez ou la gorge avec un écouvillon.
Covid-19 /Bilan drômoisSur le plan sanitaire (au 7 mai) :
En cumulé depuis le début de la crise : 124 décès recensés dans les services hospitaliers drômois (quatrième rang en Auvergne-Rhône-Alpes et département où a été enregistré le premier mort du Covid-19 de la région), 2 transferts hors du département et 429 retours à domicile de patients guéris. 89 malades hospitalisés dont 17 en réanimation, le 7 mai.
En Ehpad* : depuis le début de la crise, 65 personnes décédées, 412 résidents et 241 personnels testés positifs au Covid-19 ou considérés comme tels. « Des chiffres moins élevés que dans certains départements voisins », s'est félicité le préfet, qui les relient « à la politique de prévention, une bonne organisation et au respect scrupuleux des règles sanitaires ».Sur le plan socio-économique (au 5 mai) :
11 058 demandes de chômage partiel pour 105 527 salariés, ce qui équivaut à 38,8 millions (M) d'heures chômées. 11 154 entreprises bénéficiaires du fonds de solidarité, pour un montant total de 20 M€ versés. 575 demandes de report de charges sociales et fiscales, soit 12,5 M€ d'impôts reportés. 2 826 entreprises drômoises ont bénéficié d'un prêt garanti par l'État, pour un montant total de 434 M€. Des chiffres « impressionnants, historiques », a commenté le préfet.* Ehpad : établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes.
Des déplacements très encadrés
« Les Drômois peuvent circuler dans tout le département, quel que soit le nombre de kilomètres », a signalé le préfet. En dehors de son département, au-delà de 100 km de son habitation, les déplacements sont possibles pour motif professionnel ou familial impérieux (se munir d'un justificatif de domicile, en cas de contrôle) et une nouvelle attestation est à remplir (à télécharger en cliquant ici).A noter aussi, les masques sont obligatoires dans les transports en commun. Les infractions aux règles de circulation sont passibles d'une amende de 135 euros, a averti le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner. 20 000 policiers et gendarmes sont d'ailleurs mobilisés. Par ailleurs, les rassemblements privés sont limités à dix personnes à l'exception des cérémonies funéraires (20 personnes autorisées).
Saisonniers agricoles étrangers /Des dérogations possiblesDes dérogations sont possibles pour des saisonniers agricoles étrangers voulant venir travailler en France. Elles s'appliqueront aux « ressortissants de l'espace européen qui justifient d'un motif économique impérieux et sont munis d'un contrat de travail », a annoncé le ministre de l'Intérieur, le 7 mai. Précisions données par le préfet de la Drôme, la procédure sera assez classique, rendue un peu plus compliquée par les circonstances actuelles, avec notamment des contraintes d'hébergement. Celui-ci ne pourra être comme auparavant : un cahier des charges sanitaire devra être respecté.Contrats de saisonniers extra-européens prolongés ?
Un projet de loi visant à prolonger la durée annuelle de séjour des saisonniers extra-européens de six à neuf mois est examiné par les députés ce 14 mai. Vu que « la fermeture des frontières a empêché un certain nombre de travailleurs saisonniers de rejoindre la France », dit le texte, « une prolongation exceptionnelle » du séjour des saisonniers déjà présents sur le territoire « pourrait être envisagée, dans la limite autorisée par la directive, qui est de neuf mois » (directive européenne n°2014/36, NDLR). Cette mesure concerne les travailleurs ayant une carte de séjour pluriannuelle (CSP) présents en France « à la date du 16 mars 2020 ». Il s'agit principalement de travailleurs marocains et tunisiens. Elle « devrait offrir des possibilités de recrutement aux employeurs du secteur agricole » et « n'aura aucun coût », précise le texte.Modules pédagogiques
L'opérateur de compétences pour la coopération agricole, l'agriculture, la pêche, l'industrie agroalimentaire et les territoires (Ocapiat), avec le soutien de la MSA et de la FNSEA, diffuse gratuitement, sur sa plateforme Camp'Num (www.campnum.com), plusieurs modules pédagogiques à destination des exploitants et des salariés agricoles. L'objectif est notamment d'intégrer correctement les travailleurs saisonniers dès le début de leur activité, en leur faisant prendre conscience de l'importance de la gestuelle dans la valeur marchande des produits. Il est aussi, pour les encadrants agricoles, de favoriser la mise en œuvre des bonnes pratiques de travail.