Du nouveau pour détecter et identifier les helminthes de la poule

La pression des vers parasites chez les oiseaux semble en recrudescence (infestations cumulatives, longévité des helminthes). Quand les volailles ont accès à un parcours extérieur (pratique en développement), les risques sont plus forts : la faune sauvage est un réservoir et le contact avec les hôtes intermédiaires des vers est facilité. Des résistances aux helminthiques ont été démontrées en bovins. Peu de traitements parasitaires classiques sont disponibles et l'efficacité de moyens de lutte alternatifs n'a pas été démontrée. Tel est le constat dressé par Jean-Michel Répérant, parasitologue à l'Anses* lors de la dernière session d'information valentinoise de l'Itavi.
Des pathogénicités différentes
Plusieurs familles de vers parasites existent et ils n'ont pas tous le même potentiel pathogène. Les impacts sur les performances des volailles dépendent donc des espèces de vers impliquées mais aussi de la quantité présente et du type d'élevage (claustration ou parcours, cage, caillebotis ou au sol, vie courte ou longue). A noter aussi, les helminthes ont un impact sur la qualité du produit : présence de vers dans l'œuf (ascaridia, heterakis ou cestodes).
Donc, lorsque des vers sont détectés, il est important d'identifier l'espèce présente. Parmi les méthodes actuellement utilisées figure la coprologie. Mais elle ne permet pas de mettre en évidence les cestodes, ni les œufs de trématodes. En plus, les œufs d'ascaridia et d'heterakis sont très semblables, donc difficiles à distinguer. Chez les nématodes, la ponte est non continue. Et les vers juvéniles, évidemment, ne pondent pas. Avec un examen direct lors d'une autopsie, les vers de grande taille (ascaridia et grands cestodes) peuvent être mis en évidence mais pas les petits (capillaria spp., davainea...), ni les heterakis s'ils sont peu nombreux. Le raclage des muqueuses, lui, permet de détecter les vers de petite taille (capillaria spp.). Mais les prélèvements sont aléatoires et, en cas de faible infestation, inefficaces.
Purification par tamisages successifs
Il existe une nouvelle méthode de détection et d'identification des helminthes. Jean-Michel Répérant l'a détaillée. Elle est basée sur la purification des helminthes par tamisages successifs puis leur observation sur un fond noir (car ces vers sont en général de couleur pâle) dans une faible épaisseur d'eau. Une purification d'abord avec un tamis de mailles d'un millimètre de diamètre, puis un autre avec des mailles de 250 microns. Pour rechercher les capillaires (difficiles à repérer car très petits et très fins), un tamisage supplémentaire est réalisé avec des mailles de 100 microns. Pour ces derniers, l'intervenant recommande d'être très attentif (même sur fond noir) et, en cas de doute, conseille une observation au microscope ou à la loupe binoculaire.
Jean-Michel Répérant a terminé en signalant une formation organisée par l'Itavi en octobre 2018 pour sensibiliser à cette méthode et la transmettre. Une autre est prévue l'automne prochain. Des formations sur site sont également possibles « si le matériel et l'environnement sont adaptés ». La création d'un observatoire est aussi envisagée avec des laboratoires formés et appliquant la méthode, le suivi des données, des informations sur les espèces d'helminthes et la prévalence. L'objectif, à terme, est d'évaluer l'intérêt des solutions anthelminthiques (vermifuges).
* Anses : agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.
Les helminthes

Manifestations possibles : baisse de consommation d'eau, d'aliment, retard de croissance, chute de ponte, diarrhée, émaciation, apathie, frilosité, mortalité. A noter encore, ces vers parasitaires peuvent être porteurs d'autres agents pathogènes (par exemple, heterakis est vecteur d'histomonas).