Du potentiel pour installer en élevage caprin

Installé en 1997 à Saint-Bonnet-de-Valclérieux, Philippe Manin élève aujourd'hui 230 chèvres. L'exploitation compte 30 ha de céréales (dont 7 à 8 pour l'alimentation du troupeau), 15 de cultures fourragères (trèfles et luzerne) et environ 60 de prairies permanentes ainsi que 2 de noyers. Le lait est vendu à l'Etoile du Vercors (Lactalis). Depuis 2012, il n'est plus transformé en AOC picodon, Philippe Manin étant le dernier éleveur caprin de cette zone. Après trois années de crise, de 2010 à 2012, le prix du lait de chèvre a renoué avec la hausse. Mais pour cet éleveur, « avec 678 euros les 1 000 litres, ce n'est pas encore suffisant , a-t-il expliqué, le 29 novembre, au préfet Eric Spitz et à la délégation conduite par Didier Beynet, président de la FDSEA de la Drôme.
Les représentants régionaux d'Agrial, Xavier Goy et Pierre Degabriel (ex-président et directeur de Valsud), ont mis en avant la politique du groupe coopératif. « Sur l'année, hors prime picodon (en moyenne de 40 euros), le prix moyen atteint 700 à 730 euros les 1 000 litres. Et pour aider les jeunes à s'installer est appliquée une bonification ainsi qu'une garantie de prix sur cinq ans. » De plus, sont prévues des aides à l'acquisition du cheptel. « Compte tenu d'un fort déséquilibre entre l'offre et la demande, les prix resteront durablement stables à l'horizon de cinq ans et plus, a indiqué Xavier Goy. En coopérative, notre objectif est de conserver le plus longtemps possible des prix élevés. »
Huit millions de litres sont recherchés
Ainsi que l'a expliqué Céline Ferlay (élue FDSEA), « la filière caprine drômoise (35 000 chèvres) est dans une dynamique de développement à fort potentiel. Valcrest (Eurial) ayant pour objectif de collecter huit millions de litres supplémentaires, cela offre de belles perspectives aux jeunes », a-t-elle ajouté, avant d'évoquer la charte régionale caprine destinée à favoriser les installations.
Sur ce dernier point, Philippe Manin a déposé un dossier consistant à construire une nouvelle chèvrerie, doubler le troupeau et créer une EARL avec ses deux beaux-fils. L'une des difficultés de ce projet semble être liée au faible niveau de subvention (12 %) accordé à l'EARL pour la construction. Mais cette formule sociétaire (au lieu du Gaec) a été privilégiée afin de conserver et développer, entre autres, une activité de coupe de bois pour l'un des beaux-fils. Par ailleurs, l'exploitant a tenu à exprimer son agacement alors que le solde des aides Pac de 2015 n'est toujours pas versé.
Deux poids deux mesures
Au cours de cette visite, Jean-Baptiste Vye (élu FDSEA) a présenté la filière noix, laquelle compte plus de 2 200 ha dans la Drôme (soit 22 % des surfaces fruitières du département). Une partie du Nord-Drôme bénéficie de l'appellation noix de Grenoble. « Avec des prix bien orientés, la filière nucicole, qui est bien structurée, connaît un fort développement et une vraie dynamique de plantation, a-t-il expliqué. De plus, la mécanisation permet de limiter les coûts de main-d'œuvre. ».
Jean-Baptiste Vye a ensuite évoqué le périmètre de captage d'eau de la plaine de Romans. « Nous, agriculteurs, subissons des contraintes environnementales fortes comme la réduction de l'utilisation des pesticides. Comment se fait-il alors que Réseau ferré de France (RFF) désherbe ses voies ferrées avec un jet de 32 mm en plein périmètre de captage et à quelques mètres des habitations », a-t-il demandé au préfet, en lui remettant des photos. Ce dernier a demandé à ses services de se renseigner. De son côté, Jean-Michel Cotte (élu Crédit Agricole) a estimé que « compte tenu des difficultés économiques, les agriculteurs ne sont plus en mesure de mettre en œuvre les nouvelles dispositions liées aux captages prioritaires ».
En conclusion de cette journée de visites, le préfet a assuré le monde agricole de son soutien. « Je n'ai pas d'influence sur les cours mondiaux, a-t-il indiqué. Cependant, dès que j'ai des leviers, j'essaie d'agir dans la mesure du possible et mes services sont à l'écoute pour résoudre certaines difficultés ». Il s'est réjoui de résultats favorables obtenus sur plusieurs dossiers (clairette de Die rosé, irrigation, reconnaissance du gel en arboriculture, révision des zones vulnérables).