Élevage : des pertes importantes sur prairies et cultures
Jean-Pierre Manteaux, conseiller système fourrager et autonomie alimentaire à la chambre d’agriculture de la Drôme, dresse un premier bilan inquiétant pour les exploitations d’élevage du département qui n’ont pas accès à l’irrigation.

«Des déficits hydriques abyssaux en plaine-piémont ; sans irrigation, toutes les cultures sont touchées ». Ce constat, Jean-Pierre Manteaux, conseiller à la chambre d’agriculture, le dressait déjà dans son bulletin Pâtur’RA de début juin. Deux semaines plus tard, la situation est encore plus dramatique. « Un tel déficit hydrique à cette époque, c’est du jamais-vu, confirme Jean-Pierre Manteaux. Pour les fourrages sans irrigation, la situation de sécheresse est très marquée, avec des pertes de rendement sur la première coupe et pas de repousse. Le pâturage en piémont, ou en plaine sur prairies naturelles s’arrête déjà. On se retrouve avec des bovins viande en ration hiver dès le mois de juin ». Sur les parcelles exposées sud, le conseiller signale une dégradation des prairies déjà très préoccupante.
« Certains n’ont pu semer maïs et sorgho »
Sur le Vercors, le déficit hydrique est selon lui, « moins marqué ». « Avec quelques orages cette semaine, on pourrait peut-être avoir quelques repousses et maintenir une part de pâturage pour cet été », espère Jean-Pierre Manteaux. En revanche, en sud Drôme, en zone de montagne sèche, la sécheresse est très marquée. Il redoute que quelques orages ne suffisent pas à récupérer de la pousse d’herbe.
Autre préoccupation importante pour le conseiller : certains éleveurs, qui n’ont pas d’irrigation, n’ont pas pu semer leur maïs et leur sorgho. « S’il pleut cette semaine, certains vont tenter de semer fin juin, ce qui est tard. C’est une prise de risque importante. Si l’été est sec, cela risque ne rien produire », explique-t-il.
Des prairies abîmées
Chez certains éleveurs, l’année 2021 avait permis de faire des stocks de fourrages qui vont être utilisés dès à présent. « Mais il est trop tôt pour savoir si on va aussi subir une sécheresse d’été et d’automne. Si jamais on se dirige vers une année catastrophique, les stocks de 2021 ne suffiront pas », avertit le conseiller. Aucun modèle météo ne permet aujourd’hui de prédire si l’automne sera pluvieux comme en 2003 et offrira quelques repousses. Sans oublier que les très fortes chaleurs, cumulées à trois saisons sèches (automne 2021, hiver 2021-2022 et printemps 2022), abîment les prairies. « Ceux qui n’ont pas, dans leurs prairies temporaires, de la luzerne, de la fétuque et des dactyles risquent de ne pas pouvoir compter sur une repousse », craint Jean-Pierre Manteaux.
Dans cette situation de crise extrême, « la seule chance qu’on a, c’est que les cours de la viande sont bons. S’il y a des vaches à réformer, c’est le moment », indique le conseiller.
Selon nos informations, la DDT de la Drôme a bien activé la procédure « calamités » suite aux demandes de la profession agricole. Deux missions d’enquête sont déjà programmées sur le département en zones d’élevage : le 28 juin sur le secteur Nord-Drôme, Royans et Vercors et le 8 juillet sur le secteur Diois et Baronnies.