Elevages de pondeuses : vers quels modèles aller ?

L'Apose représente les producteurs d'œufs du Sud-Est à différents niveaux dans la filière. Elle adhère au Cervose, le comité économique régional de la volaille du Sud-Est. Elle participe au comité œuf d'Afivol, l'association de la filière volailles de Rhône-Alpes. Et elle participe aux débats nationaux (voire européens) via ses deux représentants au CNPO, le comité national pour la promotion de l'œuf (interprofession). L'un est Philippe Juven, à la fois président de l'Apose et du CNPO, l'autre Michel Berthet.
L'activité de Apose « est fonction des préoccupations de la filière », a dit son président en assemblée générale, le 1er juin à Montélier. Et l'avenir des élevages de poules pondeuses en cage en est une de taille. Avec la mise en œuvre de la directive CE 99/74 relative à la protection des poules pondeuses, les systèmes de production d'œufs consommation ont évolué en France et en Europe. Pour se mettre aux normes, les éleveurs ont en majorité investi dans des cages aménagées, qui sont encore en cours d'amortissement.
Evolution vers l'alternatif
La part des poules pondeuses en systèmes alternatifs (bio, plein air, élevage au sol) est de 42 % du cheptel total en Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi que de 32 % en France et 44 en Europe (chiffres 2014). Depuis trois ans, les attentes du marché s'orientent de plus en plus vers ces systèmes alternatifs. Cela remet en cause l'équilibre entre l'offre et la demande sur le code 3 (production en cages). « Ce mouvement s'accélère, a confié Philippe Juven. Cela nous a amenés à chercher comment accompagner les éleveurs dans cette évolution ».
Afin d'avoir une photographie des élevages de poules pondeuses en cage et d'identifier des possibilités de transformation en systèmes alternatifs..., le CNPO a confié une étude à l'Itavi, l'institut technique de l'aviculture. L'Itavi Sud-Est y a participé en réalisant une enquête régionale sur la caractérisation des bâtiments (résultats restitués en décembre 2016). Il en ressort notamment que 30 % d'entre eux ont été construits après 2000 et seulement 21 % sont totalement amortis, 25 % le seront dans plus de six ans, 7 % pas avant dix ans. Certaines mensualités de remboursement d'emprunt sont élevées. 62 % des éleveurs ne disposent pas d'espace extérieur attenant à leur(s) poulailler(s). Pour ceux qui en ont un, la surface varie entre 0,2 et 10 hectares (avec une moyenne de 0,6).
Une politique de petits pas
Avec son plan d'action appelé contrat sociétal d'avenir (le CSA), dévoilé en octobre 2016, l'interprofession s'est fixé comme objectif d'atteindre 50 % d'œufs issus d'élevages alternatifs d'ici 2022. « Aujourd'hui, une gamme d'œufs est proposée. Il faut laisser le choix aux consommateurs ». Passer de 32 à 50 %, Philippe Juven estime que « c'est faisable, avec un soutien ». Par contre, il qualifie « d'un peu délirante » l'annonce de distributeurs d'arrêter la vente d'œufs de poules élevées en cages sous leurs marques en 2020 et en marques nationales en 2025. « Nous leur avons montré avec des simulations qu'ils risquaient de se retrouver en rupture d'approvisionnement en œufs plein air et bio, a-t-il expliqué. Aujourd'hui, ils reviennent sur des considérations plus pragmatiques. Nous devrions passer à des discussions plus concrètes sur un calendrier réalisable et les moyens pour accompagner l'évolution. L'interprofession continue à travailler avec les médiateurs des relations commerciales. « On avance peu à peu, a observé Philippe Juven. C'est une politique de petits pas. » L'interprofession rassemble tous les maillons de la filière sauf la distribution et l'industrie. Alors, « nous allons proposer la création d'un autre collège, a ajouté ce responsable professionnel. Ainsi, nous pourrons tous nous mettre autour de la table, pour discuter, évoquer les problèmes ».
Elargir la réflexion
Si l'objectif de 50 % de poules pondeuses en élevages alternatifs est atteint en 2022, il en restera encore autant en cages. Donc, « si nous voulons maintenir la production, il faut se demander vers quels modèles nous allons », a remarqué le président de l'Apose et du CNPO. Il a signalé une volonté d'engager une réflexion avec des associations de consommateurs ainsi que de défense des animaux sur les modèles d'élevage de demain. Et de préciser : « Nous avons commencé à prendre des contacts ».
Annie Laurie
Auvergne-Rhône-Alpes /Elevages de poules pondeuses- Capacité de production totale : 5,3 millions de places.- Elevage en cages : 58 %.
- Elevage au sol : 6 %.
- Elevage en plein air : 23 %.
- Elevage bio : 13 %.Source : statistiques DGAL - 2015.