Eleveurs de gibiers de chasse : le président national est drômois

Eleveur de gibiers à Etoile-sur-Rhône, Jean-Christophe Chastang préside le syndicat national des producteurs de gibiers de chasse (SNPGC) depuis fin mars, après en avoir été vice-président de 2002 à 2006 puis secrétaire général de 2006 à 2018. Il est aussi président du syndicat régional Auvergne-Rhône-Alpes et vice-président d'Interprochasse(1). Le SNPGC promeut le métier, ses techniques, ses innovations et représente la filière auprès des pouvoirs publics, institutionnels.
Plus de vingt ans de métier
Après un parcours professionnel lié à l'agro-environnement et notamment des missions de conseil auprès de l'ONCFS(2) dans les années 1990, Jean-Christophe Chastang décide d'allier « sa passion et son expérience pour la chasse, la faune sauvage et la nature ». En 1996, il se forme à l'élevage de gibiers au CFPPA du Pradel (Ardèche). Puis, l'année suivante, il reprend l'exploitation de ses parents (une vingtaine d'hectares) à Etoile-sur-Rhône et crée l'élevage « Les gibiers des Contents » (nom du quartier). Rapidement, il se rapproche du syndicat régional des producteurs de gibiers de chasse (SRPGC) de Rhône-Alpes, alors présidé par Gérald Meyer (Isérois) qui lui passera le flambeau en 2000.
Aujourd'hui, Jean-Christophe Chastang élève 12 000 à 13 000 faisans (communs, croisés américains, obscurs et vénérés) par an, 6 000 à 8 000 perdrix (des rouges surtout mais aussi des grises) et un maximum de 1 000 lapins de garenne. Les poussins arrivent à l'âge d'un jour de couvoirs de l'Ouest et restent en poussinière quatre à six semaines. Suit une phase d'adaptation à la vie extérieure, en pré-volières. Puis les deux tiers du cycle d'élevage se passent en grandes volières (30 000 m2 de surface en tout) « avec des biotopes reconstitués : tournesol, maïs, sorgho, blé, pois, sarrasin, chénopode...) afin de les rendre le plus possible sauvages et adaptés à la mise en nature ». Elevés en parcs reproducteurs et d'acclimatation, les lapins de garenne reçoivent foin, céréales, légumes... Tous les animaux de cet élevage sont nourris le plus tôt possible avec des cultures présentes dans les parcs et d'autres produites sur l'exploitation ou la commune. Jean-Christophe Chastang vend aussi des lièvres et colverts élevés par des partenaires. Ainsi complète-t-il l'offre proposée à ses clients, qui sont principalement des sociétés de chasse du Sud Rhône-Alpes (situées en dessous de Lyon).
« Un métier passionnant »
« C'est un métier passionnant mais hyper exigeant en termes de disponibilité, de temps de travail car très peu mécanisé, explique Jean-Christophe Chastang. Un métier particulier qui relève du ministère de l'Agriculture (pour la production) et de celui de l'Environnement (pour la commercialisation). Et il est en perpétuelle évolution en termes de qualité de gibiers, d'amélioration des itinéraires techniques de production. Par exemple, d'énormes efforts ont été faits sur l'amélioration des souches de perdrix rouges. Des programmes scientifiques sont engagés pour amplifier l'instinct sauvage de ces animaux. Le SNPGC développe de nombreux partenariats avec les organismes institutionnels de la chasse et notamment avec la fédération des chasseurs de la Drôme. J'entretiens d'ailleurs des liens étroits avec son président, Rémi Gandy. Et, dans les élevages, tout est organisé pour révéler leur caractère sauvage : avec des très grandes et longues volières pour développer la capacité de vol des oiseaux, avec des cultures de couverts à gibiers, de la nourriture donnée à la volée pour les habituer à la rechercher sur le sol. »
Le président du SNPGC précise encore que les adhérents du SNPGC sont tous formés et en conformité avec les règles de biosécurité. Et il soulève un sujet de préoccupation : la « chasse bashing ». Il dénonce les pratiques « déloyales » de certains membres d'une association de protection des animaux sauvages « venus filmer dans des élevages de la région sous une fausse identité. Ce reportage est un tissu de mensonges. Je trouve que la société est suffisamment instable aujourd'hui pour ne pas jeter de l'huile sur le feu. Ils dénigrent le métier alors que de gros efforts ont été faits avec la charte de qualité qui permet de donner des bonnes conditions de bien-être animal. C'est mon regret. »
Annie Laurie
(1) Interprochasse représente la filière économique de la chasse française. Sa composition : fabricants d'armes de chasse et de munitions, armuriers, accouveurs et éleveurs de gibiers, fédération nationale des chasseurs, fabricants privés et coopératifs d'aliments pour gibiers, fédération nationale des chasses professionnelles (activité de vente de journées de chasse), distributeurs de viandes de gibier, Société centrale canine.
(2) ONCFS : office national de la chasse et de la faune sauvage.
L’élevage de gibiers en France
- 14 millions de faisans, 5 millions de perdrix grises et rouges, 1 million de canards colverts, 40 000 lièvres, 100 000 lapins de garenne, 10 000 cerfs, 7 000 daims en production pour la France, ainsi que plus de 10 millions d’œufs et de poussins d’un jour pour l’export (principalement en Angleterre et Espagne). « La filière de production française est reconnue pour son professionnalisme et la qualité de son gibier puisqu’elle est leader européen », souligne le président du SNPGC. Un syndicat qui a signé la charte de qualité du gibier (pour les faisans et perdrix, lièvres, canards colverts, sangliers).- Les gibiers se distinguent en trois catégories. Ceux de reproduction sont mis dans la nature juste avant la période des accouplements (en février). Ils sont destinés à se reproduire sur le territoire. Le gibier de repeuplement, lui, est mis dans la nature l’été (de juin à août) pour renforcer la population déjà présente sur un territoire. Enfin, le gibier de chasse est mis dans la nature pour prélèvement en période de chasse (de septembre à janvier).- 10 000 emplois sur 1 500 élevages et 150 millions d’euros de chiffre d’affaires.- Association spécialisée de la FNSEA, le SNPGC représente 70 % de la production nationale de gibiers. Il adhère à la CFA (confédération française de l’aviculture) et à l’Itavi (institut technique de l’aviculture et de la cuniculture).
