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Conseil régional

Emilie Bonnivard découvre les mille facettes de l'agriculture drômoise

Vice-présidente de la Région Auvergne-Rhône-Alpes déléguée à l'agriculture, la forêt, la ruralité, la viticulture et aux produits du terroir, Émilie Bonnivard a pris connaissance de la diversité de l'agriculture de la Drôme lors de visites le 12 avril.
Emilie Bonnivard découvre les mille facettes de l'agriculture drômoise

Pour sa première tournée dans la Drôme, Emilie Bonnivard, vice-présidente déléguée à l'agriculture, à la forêt, à la ruralité, à la viticulture et aux produits du terroir de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, a parcouru le département du sud au nord, le 12 avril. Organisées par le Conseil de l'agriculture départemental*, qui regroupe les principales organisations agricoles drômoises, les visites avaient pour objectif de lui montrer le poids et la diversité de l'agriculture drômoise. Pour les responsables agricoles, cette journée était aussi l'occasion d'insister sur la nécessité de maintenir les soutiens régionaux aux diverses filières du département. En effet, avec l'évolution des compétences des Départements et des Régions, le transfert d'une partie des fonds européens aux assemblées régionales et la fusion de Rhône-Alpes avec l'Auvergne, la donne change.

La polyculture dans les Baronnies

Pour la première étape de sa tournée drômoise, Emilie Bonnivard a été accueillie dans les Baronnies par la présidente de la Chambre d'agriculture, Anne-Claire Vial, le président de la FDSEA, Didier Beynet, et le président de la FRSEA Rhône-Alpes, Jean-Pierre Royannez. On notait également la présence, entre autres, du député et président du conseil départemental, Patrick Labaune, de son vice-président délégué à l'agriculture, André Gilles, et des conseillers régionaux Claude Aurias et Didier-Claude Blanc. Avec 23 hectares de vigne, 5 d'oliviers et 6 d'abricotiers, l'exploitation de Jean-Philippe Bréchet, à Piégon, a permis de présenter les trois filières emblématiques du territoire. Successivement, Serge Roux, président de la coopérative du Nyonsais et du Cellier des Dauphins pour la viticulture, Patrick Floret, président du syndicat de la Tanche pour l'oléiculture, et Jean-Marc Philibert pour les abricots et l'arboriculture, ont développé les problématiques liées au territoire. Tous ont souligné combien la recherche des signes de qualité était une constance de l'agriculture locale et l'importance du soutien de la Région pour ces démarches.
Par ailleurs, expliquant qu'à l'échelle de la grande Région Auvergne-Rhône-Alpes, 30 % des surfaces irriguées sont, pour des raisons climatiques, dans le département de la Drôme, Anne-Claire Vial a manifesté son inquiétude au sujet des problèmes d'irrigation. Que ce soit pour la création de ressources en zone déficitaires (retenues collinaires) ou les projets de substitution.
Attentive aux différents constats et requêtes, la jeune vice-présidente de la Région (36 ans) a dit être consciente de la diversité de l'agriculture drômoise. « Cette journée de visites est essentielle pour cerner et identifier toutes les problématiques liées à ce territoire, a-t-elle indiqué. Ceci afin d'adapter la politique agricole de la Région aux spécificités de chacun. »

Elevage ovin et Ppam dans le Tricastin

Au Gaec de Saint Amans à Montségur-sur-Lauzon.

Émilie Bonnivard s'est ensuite rendue au Gaec de Saint Amans, à Montségur-sur-Lauzon. Vincent Feydy a repris l'exploitation créée par son père Yves (ancien président de la Fédération départementale ovine), entité spécialisée dans une agriculture qui valorise les territoires secs avec de l'élevage ovin, des plantes aromatiques et médicinales, des grandes cultures et fourrages. Vincent Feydy est un cas rare. Il est sans doute l'un des derniers éleveurs ovins de plaine. Aujourd'hui installé avec sa mère, il a choisi de développer le troupeau (de 250 à 400 brebis) et la vente directe à la ferme. « En plaine, je bénéficie d'aides beaucoup moins importantes qu'en montagne et vendre en direct me permet de rattraper ce niveau », a-t-il expliqué.
Les problématiques propres à la filière lavandicole et Ppam ont également été abordées en présence d'Alain Aubanel, président de la fédération des producteurs de lavandes, lavandins et plantes à parfum de la Drôme.
Enfin, Jean-Pierre Royannez, membre du groupe national « loup », n'a pas manqué d'interpeller la vice-présidente sur la question de la prédation. Après avoir déclaré être parfaitement au courant des effets de cette prédation, car originaire de Maurienne, Émilie Bonnivard a annoncé qu'elle œuvrait à rendre les mesures de prélèvement de loups plus efficaces, plus réactives et adaptées à l'évolution des meutes. « Au-delà de la politique de l'Etat sur cette question, la Région considère aujourd'hui, contrairement à nos prédécesseurs, que la priorité doit être donnée à la protection des élevages et non à la préservation d'une espèce que l'on doit considérer comme nuisible », a-t-elle déclaré, ajoutant que la Région travaille à une simplification des dossiers d'indemnisation des éleveurs.

C. L. / A. Bosmans

* Le Cad est composé des organisations suivantes : FDSEA, JA, Chambre d'agriculture, Crédit Agricole, Groupama, MSA, CerFrance, Safer.

 

A la ferme expérimentale d'Etoile /

L'agriculture a besoin de l'expérimentation

Lors de sa tournée dans la Drôme, la vice-présidente de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Emilie Bonnivard, a fait étape à la ferme expérimentale d'Etoile-sur-Rhône. Une ferme multi-cultures (grandes cultures, semences, légumes, fruits, Ppam1) et multi-instituts. Anne-Claire Vial, présidente de la Chambre d'agriculture et de l'association de gestion de cette ferme (l'AGFEE), a mis l'accent sur l'importance de l'expérimentation. D'ailleurs, parmi les chambres d'agriculture qui en font (un tiers), figure celle de la Drôme.
Le devenir des Pep
A la ferme d'Etoile, les responsables agricoles ont présenté à Emilie Bonnivard les enjeux de l'expérimentation.
La Région Rhône-Alpes accompagne l'expérimentation à travers les pôles d'expérimentations et de progrès (Pep2). Ce soutien, Anne-Claire Vial le qualifie d'« indispensable ». Mais la profession se demande comment le nouveau Conseil régional va gérer équitablement la partie Rhône-Alpes, qui a des Pep, et l'Auvergne, qui n'en a pas. Les programmes ainsi engagés courent sur trois ans. Une réorientation brutale des fonds pourraient en faire « capoter ». Emilie Bonnivard a répondu : « J'ai demandé à ce que l'on voit comment peut être évaluée la transformation d'une politique de recherche et d'expérimentation. C'est important de le faire ». Anne-Claire Vial appelle la Région, dans son évaluation, à ne pas oublier l'usage qui est fait des Pep.
La Sefra, station « essentielle »
A la ferme expérimentale d'Etoile.
Le financement de la Station d'expérimentation fruits Rhône-Alpes (Sefra), installée sur cette ferme d'Etoile, est aussi un souci. La Région maintient son niveau de soutien financier depuis plusieurs années, les chambres d'agriculture aussi mais pas FranceAgriMer. De ce fait, « la Sefra est en équilibre très instable, a confié son président, Bruno Darnaud. Or, elle est essentielle pour l'arboriculture rhônalpine car elle teste les variétés de demain, qui seront dans les commerces dans 10, 15, 20 ans. Elle les étudie sur l'aspect visuel mais aussi gustatif, environnementaux, résistance aux maladies... L'engagement financier de la Région est capital. »
Des pêchers sont, par ailleurs, associés à des grandes cultures et des Ppam dans le système agroforestier de la plateforme Tab (techniques alternatives et biologiques) de la ferme expérimentale d'Etoile. L'idée est d'étudier si des traitements phytosanitaires peuvent ainsi être évités. « Nous sommes vraiment sur l'arboriculture de demain. Et les autres instituts sont dans le même schéma », a noté Bruno Darnaud. « C'est un site unique », a ajouté Olivier Durant, chef du service filière et développement à la Chambre d'agriculture de la Drôme.
Des projets innovants co-construits
Anne-Claire Vial a encore souligné la mixité de réflexion sur certains espaces de la ferme expérimentale d'Etoile, dont la plateforme Tab, où instituts et filières co-construisent des projets innovants. Une complémentarité saluée par Emilie Bonnivard. Le salon Tech&Bio et son intérêt pour l'évolution de l'agriculture ont aussi été mis en avant par la présidente de la Chambre d'agriculture. Et, à propos des filières semences, « nous sommes des metteurs au point », a-t-elle observé, expliquant qu'un parcellaire relativement petit attire les obtenteurs pour tester leurs créations. La qualité sanitaire des semences « garantie » par le mistral et des résultats techniques au-dessus de la moyenne nationale sont d'autres atouts. En plus, le site expérimental d'Etoile est une ferme de référence pour le pilotage de l'irrigation du maïs semence.
Annie Laurie

1 Ppam : plantes à parfum, aromatiques et médicinales.
2 Onze filières sont concernées par les Pep : aviculture, bovins lait, caprins, grandes cultures, fruits, légumes, vins, ppam, horticulture, apiculture, aquaculture.

 

A Saint-Barthélémy-de-Vals /

Des filières qui interagissent

Pour la dernière étape de sa tournée dans la Drôme, Emilie Bonnivard, vice-présidente de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, s'est rendue à Saint-Barthélémy-de-Vals. A l'EARL Deygas, elle a pu mesurer l'importance des filières avicoles et grandes cultures. L'exploitation compte 127 hectares dont 110 de céréales (vendues à la CDC) et 12 de vergers. Elle s'est diversifiée il y a trois ans en construisant un bâtiment avicole de 30 000 poulets standards, en contrat d'intégration avec Valsoleil. Puis deux autres ont été ajoutés pour produire des poulets et dindes de Noël label rouge. L'investissement total avoisine les 500 000 euros. L'EARL a bénéficié de 72 000 euros d'aides de la Région. Les difficultés liées à la volatilité des cours en céréales et la volonté d'intégrer une quatrième associée ont motivé cette nouvelle orientation, a expliqué Corinne Deygas, co-exploitante. « Nous avons la chance d'avoir une filière avicole dynamique, qui inter-agit avec les céréales et apporte un équilibre économique », a-t-elle ajouté. Comme l'a fait remarquer Jean-Pierre Royannez, « 60 % des céréales produites en Drôme sont consommées dans des élevages locaux. C'est un véritable circuit court qui permet de valoriser un peu plus les céréales. »
A l'EARL Deygas à Saint-Barthélémy-de-Vals, ont été évoqués l'aviculture, les grandes cultures et l'agriculture biologique.
Pouvoir moderniser
Soulignant le poids de l'aviculture drômoise au sein de la nouvelle région, Paul Despesse, vice-président de la Chambre d'agriculture, a mis l'accent sur l'intérêt à soutenir cette filière. « Pour maintenir un parc compétitif, il faut pouvoir renouveler et moderniser les bâtiments d'élevage, a-t-il souligné. Il est important que la Région continue à soutenir l'aviculture car ce secteur est une source d'équilibre économique. »
Faisant aussi part des efforts des éleveurs pour réduire la pression des salmonelles, il a plaidé pour le maintien des soutiens aux mesures de biosécurité. Enfin, il a rappelé à l'élue régionale l'intérêt du Crof(1) avicole et du Pep volailles en cours.
Par ailleurs, évoquant la viticulture, Pierre Combat, vice-président de la Chambre d'agriculture, a demandé que les aides du PCAE(2) soient maintenues et accessibles aux agriculteurs bio comme conventionnels.
Une agriculture bio à vocation économique
Dans l'élevage avicole de l'EARL Deygas.
Autre sujet de cette rencontre, l'agriculture biologique. « 16 % de la surface agricole utile drômoise, soit 37 000 ha, est en bio », a rappelé Michel Baude, élu de la Chambre d'agriculture. Il souhaite que la Région maintienne les aides d'accompagnement technique à la bio mais « en ciblant les outils existants comme les chambres d'agriculture ». De plus, il a insisté sur la nécessité d'une filière structurée. « Le bio, ce n'est pas que bucolique, a ajouté Jean-Pierre Royannez. Au contraire, c'est très technique et ça doit accompagner un marché. » L'intérêt du salon Tech&Bio a aussi été mis en avant.
« L'organisation de l'accompagnement de la filière bio doit être mieux structurée, a convenu Emilie Bonnivard. Il y a un vrai besoin de rationalisation et une volonté d'une agriculture bio à vocation économique », a-t-elle noté.
Plus globalement, au terme de cette journée de visites, Emilie Bonnivard a confié sa satisfaction d'avoir parcouru un département riche et diversifié dans ses productions. « Il y a en Drôme un rapport au territoire exemplaire, avec une vraie diversification sur chacun d'entre eux et de belles valorisations, a-t-elle estimé. A la Région, nous devons retranscrire les besoins de chaque filière dans une politique agricole axée sur la compétitivité et le mieux-vivre des exploitants. Nous devons aussi être attentifs à la modernisation des outils pour qu'ils soient transmissibles. Enfin, l'eau reste un besoin majeur car il conditionne la survie de nombreuses exploitations. » Voilà des propos qui devraient rassurer le monde agricole, tout comme l'augmentation du budget agricole de la nouvelle Région (+ 18 %) où l'accent est mis sur l'investissement.
Christophe Ledoux

(1) Crof : contrat régional d'objectif de filière.
(2) PCAE : plan pour la compétitivité et l'adaptation des exploitations agricoles.