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Optimisation

En circuit court, tout est question d’organisation !

Les agriculteurs demandent plus de rentabilité en circuit court. Des conseils ont été donnés pour mieux gérer la logistique en vente directe à l’occasion de la première édition du Salon Planète Appro, au marché de gros de Corbas.
En circuit court, tout est question d’organisation !

Alors que de plus en plus d'agriculteurs aimeraient faire le choix du circuit court, ils se retrouvent souvent bloqués par le principal frein à sa rentabilité : la logistique. Comment organiser plusieurs livraisons lorsqu'on a très peu de temps devant soi ? Comment faire en sorte que l'activité soit rentable ? Des solutions commencent à voir le jour et ont suscité l'intérêt des visiteurs lors d'une conférence intitulée « Vers une optimisation des circuits courts », à la première édition du Salon Planète Appro, en avril au marché de gros de Corbas.

Calculer le coût

Au premier rang, les cofondatrices de la société La Charrette, Marie et Laura Giacherio à l'origine d'une plateforme de partage des coûts de livraison entre producteurs locaux. Elles s'intéressent à la question de la logistique en circuit court présentée par Gwenaëlle Raton, chargée de recherche à l'Ifsttar, institut spécialisé dans les domaines de la ville, des territoires, des transports et du génie civil. La bonne coordination entre agriculteurs et l'échange d'informations essentielles entre professionnels semblent être la base pour mettre la logistique au cœur de la stratégie de la vente directe en circuit court. Tout d'abord, pour que la livraison soit rentable, le transport doit représenter 10 % des recettes en circuit long, 30 % en circuit court. Pour estimer le coût d'une tournée, il faut prendre en compte le coût de revient et d'usage du véhicule et la distance parcourue en kilomètres ainsi que le coût horaire du personnel, de sa conduite et le temps de la livraison en fonction du nombre de points livrés. Plusieurs outils de calcul sont disponibles : Local, Locicout, le site de La Charrette. Le Laboratoire G Scop, lui, simule et évalue les coûts et externalités de la logistique d'abattage.

Mutualiser les savoir-faire

Il est tout à fait envisageable de mutualiser les savoir-faire entre producteurs et diviser les charges. Ce cas de figure implique une demande de coordination avec les clients qui se regroupent en un seul et même lieu pour récupérer leur commande. « À tour de rôle, les producteurs s'organisent et mutualisent leur livraison en ne faisant qu'un seul trajet », explique la chargée d'études. Une collaboration horizontale se met en place en créant ainsi une synergie de revenus. Pour optimiser ses chances de développement, il faut aussi bien maîtriser son projet « en adaptant ses aspirations à son propre niveau de besoins ». Parfois, il s'agit juste de privilégier le développement de sa clientèle dans une aire géographique plus restreinte, de passer par une plateforme hub de distribution ou de partager un lieu de stockage commun pour alléger les charges. Mener une réflexion à plusieurs sur l'organisation du travail permet de réduire les coûts mais aussi le temps de travail. 


Alison Pelotier

 

 


Valence Romans Agglo soutient les circuits de proximité

Initiative : Edition d’un guide des producteurs locaux, valorisation des produits locaux sur les marchés, développement du lien entre production et consommation, telles sont les actions soutenues par l'agglomération de Valence Romans.

Renforcer la qualité et l’autonomie alimentaire du territoire fait partie des objectifs définis par Valence Romans Agglo (VRA) dans le cadre de sa politique de développement agricole et forestier. En pratique, il s’agit d’amener les consommateurs à être acteurs de leur alimentation. Le 17 mai à Romans-sur-Isère, plusieurs actions en direction de différents publics ont été présentées.

Le 17 mai, Nicolas Daragon et Fabrice Larue (respectivement président et vice-président de Valence Romans Agglo) ont présenté, en présence des partenaires (parmi lesquels la chambre d'agriculture représentée ici par Grégory Chardon), les actions mises en place en faveur de l’agriculture locale, de ses producteurs et des circuits de proximité.

Un guide enrichi

Edité en version papier depuis 2011 sur les secteurs de Romans et de Bourg-de-Péage, le guide des producteurs locaux évolue et couvre désormais les 56 communes de l’agglomération. Rebaptisé « Saveurs et richesses d’un terroir près de chez vous ! », ce document recense près de 130 producteurs, clarifie les circuits de distribution (magasins de producteurs, vente de paniers, marchés de producteurs locaux et marchés communaux hebdomadaires) et présente la diversité des produits présents sur ce territoire de 40 000 hectares. Dans sa version dématérialisée, sur le site internet de VRA, ce guide permet une recherche facilitée grâce à la géolocalisation.

Des étals mieux identifiés

En parallèle, l’Agglo a souhaité valoriser les produits locaux sur les marchés. Les exposants disposent désormais d’un kit de communication (affiche, chevalet et gommettes). Cela permet aux consommateurs d’identifier les étals selon quatre catégories : producteur vendant uniquement sa propre production ; producteur vendant sa production et celle d’un confrère local (maximum 20 %) ; commerçant vendant au moins 50 % de produits locaux ; artisan utilisant une ou plusieurs matière(s) première(s) locale(s) dans le produit transformé et que cette matière première soit représentative du produit fini. Huit communes expérimentent déjà le dispositif (Bourg-lès-Valence, Châteauneuf-sur-Isère, Clérieux, Génissieux, Montélier, Mours-Saint-Eusèbe, Romans et Valence). Il sera prochainement étendu aux autres communes volontaires.

Accroître l'appro local

Par ailleurs, Valence Romans agglo lance trois opérations en direction des professionnels des métiers de bouche, des particuliers, des associations et des collectivités. Ainsi, huit à dix restaurateurs ou traiteurs pourront bénéficier des conseils de l’Agglo pendant deux ans afin d’augmenter la part de produits locaux de qualité dans leur approvisionnement. VRA proposera également des actions de sensibilisation dans des structures de proximité (centres sociaux, MJC…) afin d'informer professionnels et particuliers des enjeux alimentaires au niveau local. Enfin, l’Agglo apporte un appui technique aux communes pour faciliter l’intégration des produits locaux dans les menus de restauration collective (écoles, accueils de loisirs…). 

 

Afin de valoriser les produits locaux sur les marchés, les exposants disposent d’un kit de communication permettant aux consommateurs d’identifier facilement les étals.
 

 

 

Transformer seul, à plusieurs ou à l’aide d’un tiers ?


Aujourd’hui, de plus en plus d’éleveurs investissent dans un atelier individuel à la ferme pour une question de maîtrise. Ici, l’idée, c’est avant tout de « produire de la qualité pour développer une gamme telle qu’on l’a envisagée », explique Françoise Morizot-Braud, directrice du Cerd Bourgogne, centre d’études et de ressources sur la diversification, s’adressant au public du salon Planète Appro. Ce sont habituellement des professionnels ayant plusieurs mois de réflexion derrière eux qui se lancent dans ce type de projet. L’avantage se chiffre en termes de temps de transport car tout est sur place. Un réel avantage si l’on souhaite réaliser de la vente directe dans un magasin annexe à l’exploitation. Néanmoins, il n’y a pas de solution toute faite. « Si vous avez très peu de temps devant vous pour mettre en place le projet, faites plutôt appel à un prestataire », conseille la directrice du Cerd. Dans ce cas, le coût de la transformation sera connu à l’avance. Vous aurez une idée précise du budget à prévoir et ne prendrez donc pas le risque d’avoir de mauvaises surprises.
Le partage des charges
Les éleveurs qui choisissent de transformer leurs produits dans un atelier collectif décident avant tout de partager les risques, l’apprentissage, la charge mentale, technique et sanitaire. Ce type de solution donne lieu à des coûts très variables, pas souvent inférieurs aux autres formes de transformation. « La réglementation concernant les ateliers collectifs s’est allégée suite à une instruction technique de la DGAL en août 2016. Aujourd’hui, ces ateliers n’ont plus l’obligation d’avoir systématiquement un statut sanitaire CE », explique-t-elle. Ce qui n’était pas le cas il y a quelques mois. « Cela devrait être plus simple de se lancer dans cet investissement, désormais moins contraignant », ajoute-t-elle. Les agriculteurs qui ont fait le choix du collectif sont réunis pour la plupart en GIE ou SARL.
La sécurité du prestataire
Le prestataire de services est, lui, sollicité pour libérer du temps de main-d’œuvre et ne pas s’investir financièrement dans un projet dont on ne connaît pas le résultat. Cela permet de gagner en souplesse et de se désengager plus facilement si le projet ne marche pas. « Les coûts sont connus mais très variables en fonction des prestataires et de la distance à parcourir », affirme Françoise Morizot-Braud. À titre d’exemple, selon une étude du Cerd réalisée sur 104 exploitations de volailles, 66 choisissent l’atelier individuel, 6 l’atelier collectif et 32 la prestation de services. Quant à l’investissement, 140 000 € sont nécessaires pour un atelier individuel moyen, 9 000 pour un atelier collectif. Les élevages de porcs, de volailles et de ruminants laitiers optent plus pour l’atelier individuel, les élevages bovins à viande pour le prestataire. Côté charcuterie, le coût de production, transformation, vente revient à 4,23 € par kilo de carcasse en atelier individuel et à 5,73 € en prestation ou atelier collectif. Sur la base de ce seul critère, le choix semble évident mais tous les paramètres doivent être pris en compte. « En individuel, il va falloir apprendre à maîtriser son produit. Ce n’est pas parce qu’il est bon que ce sera plus simple. » 
Alison Pelotier
Françoise Morizot-Braud est la directrice du Cerd Bourgogne, centre d’études et de ressources 
sur la diversification.