En forme, Vercors lait transforme

Sa force : être transformateur et avoir une AOP. La coopérative Vercors lait sait d'où elle vient et comment elle a réussi, en 2016, à dégager un chiffre d'affaires de 6,4 millions d'euros, en évolution et surtout, à payer 384,38 euros les 1 000 litres de lait (+0,4 %) à ses apporteurs.
La stratégie a payé, celle de l'unité d'abord, de la qualité surtout. La petite entreprise s'inscrit dans un cercle vertueux. « Nous devons continuer. Nous creusons un sillon qui grandit peu à peu », lance Philippe Guilloud, le directeur de la coopérative. Si le bleu du Vercors-Sassenage représente 50 % de la production, depuis 2010, le plateau s'est largement étoffé. Il compte une dizaine de variétés dont le saint-marcellin, également sous IGP et qui cartonne en bio. « Les labels AOP, IGP et bio nous apportent une certaine protection dans le contexte national », explique le directeur qui a constaté une tension manifeste lors des dernières négociations commerciales. De plus, la variété permet de placer plusieurs produits chez les distributeurs et de rationaliser les coûts de transport. Elle donne aussi une visibilité, à l'instar de ce marché national remporté auprès de l'enseigne bio La vie claire.
Du lait de qualité
La coopérative continue aussi à rationaliser sa chaîne de production. Désormais, les raclettes sont faites entièrement sur place. L'entreprise nourrit un projet d'affinage sur site. « Les perspectives sont bonnes, mais nous devons rester vigilants sur la qualité des produits », insiste le directeur. Pour conforter son activité, Vercors lait a ouvert un chantier sur la qualité du lait. Un règlement intérieur sera bientôt proposé aux coopérateurs. Il sera incitatif, basé sur une valorisation de la rémunération du lait de qualité. Les producteurs recevront individuellement des analyses de suivi pathogènes. Le cahier des charges a également évolué. Il impose la présence de 5 % de vaches de la race villard-de-lans dans chaque troupeau. La villarde mérite sans doute mieux. L'OS propose des embryons pour promouvoir la race. « On aimerait en avoir plus mais il y a un aspect économique. Il ne faut pas mettre nos exploitations en péril », reconnaît Paul Faure, le président de la coopérative.
Agrandissement
Chez Vercors lait, la collecte est transformée à 75 %, l'objectif est de passer à 80 %. « Si des jeunes s'installent, ils seront accueillis, précisent les dirigeants. Nous n'avons pas de problème de gestion des volumes, ni de blocage ». Le prix du lait est correct et le bio a pris son envol si bien qu'il a progressé de 23 % en quatre mois. « Le bio est un élément important chez Vercors lait. Les clignotants sont au vert », rassure Philippe Guilloud. Pas moins de 11 exploitations sur 34 produisent désormais en bio et 80 % du lait bio est transformé. Mais pour l'heure, la coopérative ne peut aller au-delà. « L'équilibre entre un tiers de bio et deux tiers de conventionnel est satisfaisant, indique Paul Faure. Nous souhaiterions mieux rémunérer le bio, passer de plus 80 à 100 euros les 1 000 litres. » Pour autant, la collecte bio mutualisée, entre Vercors lait et Sodiaal, se passe plutôt bien dans le Vercors, Sodiaal cherchant des volumes dans le grand sud pour mener à bien son projet bio.
La coopérative croit en son avenir. Elle a dans ses cartons un projet d'agrandissement de 900 m2 de la laiterie pour un montant de 3 millions d'euros, qui lui permettrait de se projeter « dans les 25 prochaines années et de donner envie aux jeunes », comme l'espère son président. Il s'agit de créer des caves d'affinage, de réaménager la chaîne de production avec trois lignes (produits lactiques, pâtes persillées et pâtes cuites) en marche en avant, de rénover le magasin et l'atelier. Le montage financier n'est pas ficelé mais les collectivités du Vercors ont toujours accompagné la coopérative.
Isabelle Doucet