Énergies : des possibilités multiples

«Cette session annuelle, qui s'adresse aux managers et aux techniciens impliqués dans la production de la volaille de chair dans le Sud-Est, est un moment d'information privilégié. Cette année, nous avons souhaité échanger sur les nouvelles énergies, alors que le prix du gaz ne cesse d'augmenter. Grâce aux nombreux intervenants, cette journée a permis de découvrir les moyens disponibles que les éleveurs peuvent mettre en place au sein de leurs entreprises », explique Gilles Lassus, président de l'association régionale filière volailles en Rhône-Alpes (Afivol), lors de la journée organisée à Valence fin novembre. Dans un contexte où la consommation d'énergie en élevage, le prix du gaz brut et les taxes sur les énergies fossiles sont en constante augmentation, l'Itavi réfléchit aux alternatives disponibles sur le marché. Il faut savoir que le gaz propane a connu une évolution de prix de + 34 % entre 2009 et 2018. D'autre part, la taxe intérieure sur la consommation des produits énergétiques (TICPE) pourrait augmenter courant 2020.
Des taxes de plus en plus élevées
Actuellement de 66 € par tonne (t) de propane, la TICPE pourrait atteindre 332 €/t d'ici 2023. « Il faut savoir que sur cette taxe, les éleveurs peuvent être exonérés à hauteur de 56 €/t pour leur consommation 2018 », annonce Gaëtan Laval, ingénieur bâtiment énergie à l'Itavi. Les chiffres 2019 n'ont pas encore été communiqués.
Des études ont également permis de comparer les taux de pododermatites sur 115 exploitations : il s'avère que les élevages avec plus de 30 % de pododermatites consomment, en moyenne, moins de gaz. « Dans l'état actuel, si on veut avoir moins de taux de pododermatites, il faudrait a priori chauffer plus, voire pailler plus », explique Gaëtan Laval.
Avant d'investir dans une solution alternative au gaz, il faut tout d'abord s'assurer que certains critères sont respectés afin d'économiser de l'énergie : le traitement des ponts thermiques pour éviter la déperdition de chaleur, l'amélioration de l'isolation et de l'étanchéité et enfin, la mise en place d' échangeurs récupérateurs de chaleur. Par la suite, les alternatives en termes de production d'énergie, hors gaz, sont nombreuses : pompe à chaleur, chaudière biomasse (alimentation par vis ou par tapis) ou solaire thermique avec appoint au gaz. Il convient cependant de définir les atouts et les inconvénients d'un tel système, conforme au type de bâtiments ou d'élevages. Enfin, de nombreux dispositifs d'aides à l'investissement existent, tant pour les économies d'énergie (CEE, PCAE) que pour la production d'énergie (Fonds chaleur Ademe, Région, Relais bois énergie).
Amandine Priolet
ÉNERGIE / Pour réduire les coûts énergétiques, OKWind, fabricant français de générateurs à énergies renouvelables et spécialiste de l’autoconsommation, propose sur le marché depuis quelques années des trackers solaires.

Une autoconsommation grâce à des trackers solaires
«Ce sont des panneaux photovoltaïques qui sont montés sur mât et qui suivent la courbe du soleil, aussi bien en azimut qu’en inclinaison. Ils cherchent le rayonnement maximum en restant perpendiculaires aux rayons du soleil, ce qui permet d’avoir une production optimale tout au long de la journée », explique Romain Vernette, technicien. Grâce à cette technologie biface, les modules peuvent produire de 10 à 25 % d’énergie de plus que des cellules monofaciales. « Aujourd’hui, nos deux trackers principaux font 75 m² (13 kWc) pour l’un, et 117 m² (20 kWc) pour le second ».
Valoriser son surplus d’électricité
Ce système de trackers a pour but de produire et de consommer sa propre électricité pour subvenir à une partie de ses besoins énergétiques et donc, de réduire ses coûts. Présent sur toute la France, OKWind a déjà implanté près de 900 trackers, principalement sur des élevages porcins et avicoles. L’autoconsommation se développe peu à peu. En Allemagne, le prix de l’électricité est 50 à 70 % plus cher qu’en France, ce qui explique une autoconsommation à 10 %, contre seulement 2 % sur le territoire national. Pour autant, « c’est un chiffre qui devrait augmenter significativement ces prochaines années, du fait de la transition énergétique qui devrait être enclenchée », poursuit Romain Vernette. L’autoconsommation permet de dimensionner au plus juste sa consommation sur site et sa production énergétique solaire, d’optimiser son taux de couverture et de maîtriser la génération et la distribution d’énergie. Dans un souci de recherche et développement, OKWind travaille sur la valorisation du surplus d’électricité en début de lot dans un élevage de volailles de chair. Des tests sont en cours mais cela permettrait de générer une économie de gaz de 9 %, tout en utilisant ce surplus via les aérothermes électriques. « Ainsi, il est possible d’utiliser l’électricité produite non utilisée afin de compléter ses besoins en chauffage », note Romain Vernette. Le retour sur investissement est estimé à une dizaine d’années, en fonction de l’ensoleillement, du coût de l’électricité et de l’autoconsommation.
A. P.
ALTERNATIVE / En agriculture, il existe différentes applications du photovoltaïque, selon l’intérêt agronomique recherché. C’est ce qu’a expliqué Ugo Batel, responsable des énergies renouvelables à Oxyane, union entre Terre d’Alliances et Dauphinoise.
Le photovoltaïque en élevage avicole
«Le photovoltaïque peut être une réponse à des sites qui ne sont pas aujourd’hui desservis par l’électricité », explique Ugo Batel, responsable des énergies renouvelables à Oxyane. L’installation classique des panneaux photovoltaïques se fait en toiture, intégrée au bâti. Il existe néanmoins d’autres procédés, à savoir les trackers photovoltaïques, l’agrivoltaïsme, dispositif sur batterie, parc au sol, etc. Attention cependant, du côté rhônalpin, il y a systématiquement des oppositions sur des projets au sol sur des terrains classés en agricole. « On essaie de protéger le foncier à vocation agricole », souligne Ugo Batel. Pour autant, il faut répondre à un certain nombre de critères d’éligibilité pour obtenir les autorisations d’installer du photovoltaïque : distance au réseau de 250 m maximum, surface de toiture de 550 m² minimum, orientation
– 90 ° à + 90 °, couverture en bac acier ou fibrociment non amianté, structure porteuse d’une capacité de 15 kg/ m² et propriété de bâtiments et de parcelles. Si les matériaux utilisés lors de la conception de panneaux photovoltaïques sont fiables et ne s’usent pas, la question de la durée de vie reste en suspens. « Nous n’avons pas encore assez de recul sur la durabilité, mais les premières centrales en France ont été installées il y a 20 à 25 ans. » Le technicien a cependant insisté sur les garanties à prendre lors de l’investissement (environ 90 000 €, raccordement au réseau compris), et notamment sur la solidité financière du fournisseur. « Les garanties du coût du matériel peuvent être un atout, seulement si nous avons la garantie que la société va perdurer dans le temps. Aujourd’hui, de nombreuses startups se montent mais seront-elles encore là dans vingt ans ? »
Des solutions financières sont proposées à deux niveaux. Le premier permet un modèle locatif avec un engagement à trente ans, par le biais d’un bail emphytéotique (location de toitures existantes) ou d’un bail à construction (création d’un bâtiment neuf). « Cela peut permettre de valoriser les toitures sans avoir à investir », note Ugo Batel. Le second, le modèle investisseur, permet l’autoconsommation (réalisation de mesures sur site, analyse des factures, optimisation des modes de consommation) ou l’injection (vente en totalité de l’électricité produite). « En cas de capacité à investir, c’est le modèle le plus intéressant en termes de rentabilité », poursuit le responsable des énergies renouvelables d’Oxyane. Avant de conclure : « En région Auvergne-Rhône-Alpes, le photovoltaïque a toute sa place, notamment compte tenu du gradient de l’ensoleillement ».
A. P.