Energies renouvelables : des opportunités pour des projets bien pensés

Aujourd'hui, les énergies renouvelables peuvent offrir des opportunités aux agriculteurs. C'est ce que souligne Olivier Thiercy, conseiller en énergies renouvelables recruté par la Chambre d'agriculture de la Drôme. En poste depuis le 1er avril, il est en charge du Sud-Rhône-Alpes (c'est-à-dire de la Drôme et l'Ardèche) au sein de l'équipe régionale « énergies-climat » (composée de cinq conseillers).
Des grosses unités de méthanisation...
« Les énergies renouvelables qui concernent le plus les agriculteurs sont la méthanisation et le photovoltaïque », explique le conseiller. En Rhône-Alpes, quelques unités de méthanisation fonctionnent dans l'Ain, la Loire, le Rhône, les Savoie et deux en Ardèche. La Drôme en est encore au stade de projets, plutôt d'envergure à l'échelle territoriale (avec une base de gisement agricole et agroalimentaire). Parmi eux figurent Siper, à Bourg-de-Péage, ou encore Bioteppes, sur le site du lycée horticole Terre d'horizon à Romans, projets soutenus par la communauté d'agglomération Valence-Romans Sud Rhône-Alpes. Pour ce dernier, une fois les autorisations administratives obtenues, les travaux pourraient débuter en 2017. Olivier Thiercy estime que, potentiellement, il y a matière à développer plusieurs projets dans le département. « La Chambre d'agriculture est notamment associée à la réflexion de cette communauté d'agglomération sur la méthanisation, précise-t-il. L'objectif, à présent, est de trouver des porteurs de projet. Des réunions seront organisées dans les prochains mois pour évoquer le sujet. »
... aux petits projets agricoles
Les projets individuels ou petits collectifs agricoles de méthanisation, tels qu'Agritexia(2) en Ardèche, le conseiller les considère comme d'autres possibilités s'ils sont bien réfléchis, cohérents et bien montés. « C'est pourquoi la Chambre d'agriculture propose aux agriculteurs de les accompagner tout au long de leur projet. Elle n'a pas l'intention de se substituer aux bureaux d'étude et constructeurs. Elle entend travailler avec eux, apporter un appui et un regard extérieur. »
Le photovoltaïque regagne de l'intérêt
Le photovoltaïque, lui, a enregistré des tarifs chaotiques ces dernières années, rendant non intéressantes les installations sur bâtiments agricoles. Aujourd'hui, la conjoncture redevient favorable. Certes, le prix d'achat de l'électricité est passé de 60 centimes le kilowattheure (kWh) fin 2009 à 13 à présent. Mais, dans le même temps, le prix des panneaux photovoltaïques a été divisé par quatre. Des propositions affichent un coût d'installation sur bâtiments agricoles à plus ou moins un euro le watt. Ainsi sont retrouvées des conditions de rentabilité intéressantes. « C'est une opportunité pour des agriculteurs ayant en projet de construire un bâtiment ou de refaire une toiture », assure Olivier Thiercy.
Mieux vaut être maître du projet
Plusieurs stratégies se présentent. Il privilégie l'investissement par l'agriculteur, s'il en a la capacité, car il est maître de son projet et la valeur ajoutée lui revient. Autre solution, des opérateurs proposent à l'agriculteur de mettre à sa disposition un bâtiment mais en sont propriétaires et bénéficient du contrat de vente d'électricité. Cette solution présente l'avantage, pour l'agriculteur, de ne pas avoir à investir. Olivier Thiercy met toutefois en garde : « Il faut être vigilant, notamment sur les frais de dossier, les conditions du bail et le sérieux des entreprises proposant ces prestations. En cas de doute, il ne faut pas hésiter à me contacter. » La troisième possibilité est la location de toitures de bâtiments existants (avec un bail). Il faut néanmoins qu'elles s'y prêtent (bien orientées, charpentes capables de supporter le poids des panneaux photovoltaïques, de préférence sans amiante à enlever). « Le Sud Rhône-Alpes a du potentiel, ajoute le conseiller. Ses conditions climatiques sont favorables au développement du photovoltaïque. Il faut en profiter ».
Annie Laurie
(1) Dreal : direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement. (2) Une unité au Gaec Coste, à Cheminas (voir pages 2 et 3 de L'Agriculture Drômoise du 17 mars), une deuxième à Ardoix et une troisième en cours de réflexion.
Des énergies moins adaptées
Les autres énergies renouvelables (éolien, géothermie, solaire thermique...), « même si la porte n'est pas fermée, sont moins adaptées aux besoins des agriculteurs du département », observe Olivier Thiercy, conseiller en énergies renouvelables à la Chambre d'agriculture de la Drôme. Il prend en exemple l'énergie éolienne, actuellement rachetée huit centimes d'euros le kWh. Elle est rentable uniquement pour un parc éolien de grande dimension, jouant sur une économie d'échelle vu la hauteur de l'investissement. Pour un agriculteur, seul un petit système éolien (ou photovoltaïque) peut présenter un intérêt sur un site non connecté au réseau électrique (énergie stockée dans des batteries). Mais c'est une utilisation marginale. Pour répondre à des besoins en chaleur, le bois énergie peut être intéressant dans les bâtiments avicoles ou porcheries. Et le solaire thermique pour la production d'eau chaude sanitaire permet des économies d'énergie, en élevages laitiers notamment, mais les panneaux restent chers. Pour un résultat équivalent, il existe d'autres solutions moins onéreuses, comme la récupération de chaleur sur le système de refroidissement du tank à lait.
En énergies renouvelables, la Chambre d'agriculture de la Drôme propose aux agriculteurs de les accompagner, pour sécuriser leur projet. C'est de son rôle, estime son vice-président Jean-Pierre Royannez.
Photovoltaïque, méthanisation : la Chambre d'agriculture propose son expertise
Dans le cadre d'une convention avec l'Ademe(1), la Chambre régionale d'agriculture a constitué une équipe de conseillers spécialisés dans les énergies renouvelables. « La Chambre d'agriculture de la Drôme a saisi cette opportunité pour se doter d'une compétence, explique son vice-président Jean-Pierre Royannez. Car, aujourd'hui, il y a une réelle volonté de développer ces énergies pour amener de la plus-value sur les exploitations. Nous voyons un potentiel de développement dans le photovoltaïque et la méthanisation. Donc, il est bien que nous puissions accompagner des agriculteurs pour les conseiller dans leur démarche sur le plan technique, administratif, le choix des prestataires..., afin d'éviter des erreurs et sécuriser leur projet. En photovoltaïque, si l'agriculteur maîtrise son projet, le bénéfice lui revient. Mais une installation mal conçue, mal calibrée peut se traduire par une charge plutôt qu'une plus-value pour l'exploitation. D'où l'idée de proposer notre expertise. Poser des panneaux photovoltaïques sur un bâtiment peut être un moyen de le financer et, une fois le prêt remboursé, de tirer un bénéfice de la vente d'électricité. La concrétisation de projets de méthanisation dans la Drôme est aussi une volonté de la Chambre d'agriculture. Quelques-uns sont dans les tuyaux depuis plusieurs années mais n'ont pas encore aboutis. La réglementation, les conditions de rachat du biométhane, les concepts évoluent. Plusieurs techniques sont à envisager. Aussi, la Chambre d'agriculture propose un appui dans la réflexion des projets et les études préalables. La méthanisation sera peut-être, demain, une solution pour donner une souplesse dans la gestion des effluents d'élevage en zone vulnérable, en termes de capacité de stockage notamment. L'agriculteur fournira du fumier à un méthaniseur et récupérera du digestat(2) qu'il valorisera par épandage sur ses terres. Reste à s'assurer de la valeur des digestats selon les matières premières utilisées. La Chambre d'agriculture s'y intéresse. C'est aussi de son rôle. » Propos recueillis par Annie Laurie(1) Ademe : Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie. (2) Digestat : résidu de la méthanisation.
Contact : Olivier Thiercy, conseiller en énergies renouvelables à la Chambre d'agriculture de la Drôme (tél : 04 75 82 40 00).