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Aviculture

Enquête sur les élevages de poules pondeuses du Sud-Est

Dans le cadre d'un projet national, l'Itavi a réalisé une enquête sur l'élevage de poules pondeuses en cages du Sud-Est et son parc de bâtiments. Les principaux enseignements tirés de cette étude.
Enquête sur les élevages de poules pondeuses du Sud-Est

Le CNPO(1) a confié à l'Itavi(2) une étude sur l'avenir des élevages de poules pondeuses en cage. L'Itavi Sud-Est y a participé en réalisant une enquête auprès des éleveurs de la région, tâche assurée par Laura Warin, chargée de mission. Le 20 décembre à Bourg-lès-Valence, l'Apose(3) avait convié les producteurs de poules pondeuses en cages de la région à une restitution des résultats de cette enquête.
Le projet CNPO-Itavi (financé par FranceAgriMer) a plusieurs objectifs. Jean-Marie Fontanet, responsable régional de l'Itavi Sud-Est, les a précisés : caractériser le parc français de bâtiments de poules pondeuses en cages ; identifier des options de transformation des bâtiments existants ; rechercher de solutions alternatives et(ou) innovantes concernant ces options de transformation ; créer un outil d'aide à la décision à destination des éleveurs et techniciens.

Les éleveurs

Cette enquête donne une photographie des élevages de poules pondeuses en cages du Sud-Est. 28 éleveurs (sur 30) y ont répondu, pour 58 bâtiments. Principalement drômois (près de 40 %), ces aviculteurs ont en majorité entre 40 et 50 ans (près de 40 % aussi). Arrivent en deuxième position ceux de 50 à 60 ans (plus de 30 %). 92 % des éleveurs n'ont pas encore identifié de repreneur. Pour plus de 70 %, les poules pondeuses constituent leur principale source de revenu (plus de 75 % du produit brut).

Les bâtiments

17 bâtiments, soit 30 %, sont relativement récents (construits après 2000) et seulement deux sont totalement amortis. Le nombre de bâtiments par éleveur est en moyenne de deux (minimum un et maximum cinq). En termes de capacité, la moyenne est de 49 000 poules par bâtiment, avec cependant une relative hétérogénéité (de 8 500 à 130 000). La surface moyenne des bâtiments est de 1 364 mètres carrés (de 540 à 3 000). La largeur est assez homogène (14 m), la longueur très variable (94 m en moyenne, 45 au minimum et 125 au maximum). Pour la plupart, les bâtiments comptent six à huit étages de batteries, au minimum un niveau et au maximum trois. En moyenne, ils ont quatre à cinq batteries.
Parmi les autres données recensées, le mode d'alimentation est assez homogène : latéral pour 88 % des bâtiments. Les systèmes de séchage des fientes sont des gaines perforées pour 80 % des bâtiments, tapis perforés pour 12 %, tunnels pour 8 %. Le système de ventilation est de type extraction latérale pour 55 % des bâtiments, pignon pour 40 % et extraction haute pour 5 %. Les modèles de cages sont divers.

Espaces extérieurs

Dans 62 % des cas, les éleveurs ne disposent pas d'une parcelle attenante au bâtiment. La surface d'espace extérieur est très faible (de 0,2 à 10 hectares avec une moyenne de 0,6). A noter, un minimum de quatre mètres carrés par poule étant requis en élevage plein air, une surface de 0,6 hectare ne permettrait d'en élever que 1 500.

Aspects économiques

12 bâtiments (21 %) sont entièrement amortis. Pour les autres, les mensualités de remboursement des emprunts sont variables d'un éleveur à l'autre. « Certaines sont élevées et ne permettront pas des investissements futurs pour des modifications. C'est un gros frein », a observé Laura Warin. Pour plus d'un quart d'entre eux, les bâtiments seront amortis dans plus de six ans, soit l'équivalent d'au moins deux renouvellements de contrat. Et quatre ne le seront pas avant plus de dix ans. « Quel avenir pour ces élevages ? », s'est interrogé Laura Warin.

Annie Laurie

(1) CNPO : centre national pour la promotion de l'œuf.
(2) Itavi : institut technique de l'aviculture.
(3) Apose : association des producteurs d'œufs du Sud-Est.

 

Œuf / L'interprofession s'est fixé un objectif de 50 % d'œufs produits dans des élevages alternatifs en 2022. Elle doit trouver comment franchir le cap sans laisser trop d'éleveurs sur le bord du chemin.
Avancer sur la voie de l'alternatif
« Il faut avancer sur la voie de la production alternative d'œufs dans un temps compatible », a confié Philippe Juven (président de l'Apose).
Le 20 décembre, préalablement à la restitution de l'enquête sur les élevages de poules pondeuses en cages du Sud-Est, le président de l'Apose, Philippe Juven, a rappelé le contexte. En production d'œufs, la France est autosuffisante. Elle est le premier pays producteur d'Europe. La demande en œufs issus d'élevages alternatifs s'accroît. C'est pourquoi la filière française a lancé une réflexion en vue de faire évoluer son parc de bâtiments d'élevage dans cette voie. A partir d'un travail de prospection (conduit en 2014) et de scénarios d'évolution de la filière, a été construit un plan d'action appelé contrat sociétal d'avenir (CSA). Avec ce plan, dévoilé en octobre dernier, l'interprofession s'est fixé comme objectif d'atteindre 50 % d'œufs issus d'élevages alternatifs à l'horizon 2022.
Trouver comment franchir le cap
Jean-Marie Fontanet, responsable régional de l'Itavi Sud-Est, a constaté : « Un quart des bâtiments de poules pondeuses élevées en cages ne seront pas totalement amortis en 2022 ». Et Philippe Juven a remarqué : « Actuellement, 68 % des œufs sont issus d'élevages de poules en cages, on ne pourra tout basculer en production alternative d'un coup. Il faut avancer sur cette voie dans un temps compatible et sans laisser trop d'éleveurs sur le bord du chemin. La filière doit être soudée. Nous cherchons à mettre autour de la table la distribution, la restauration hors domicile et l'industrie agroalimentaire pour discuter du contrat sociétal d'avenir que nous voulons mettre en place. Un travail de réflexion va s'engager en 2017. Nous devons nous projeter dans l'avenir et trouver comment franchir le cap ».
A. L.