Entrepreneurs des territoires : « être force de proposition »

L'assemblée générale du syndicat des entrepreneurs des territoires (EDT) de Drôme-Ardèche s'est tenue le 8 février à Vaunaveys-la-Rochette. Y ont assisté une quarantaine d'adhérents, le vice-président de la fédération nationale des EDT, Philippe Largeau, et des partenaires, soit autour de 120 participants en tout. « Nous arrivons à avoir pas mal d'avancées avec nos fournisseurs, banques, assurances et, cette année, le Département de la Drôme », a confié le président des EDT de Drôme-Ardèche, Stéphane Blard, en ouverture.
Une convention avec le Département
Parmi les sujets, l'étroitesse des routes est un problème pour la circulation des gros engins des EDT tels que les moissonneuses-batteuses. Aussi, leur syndicat va signer une convention avec le conseil départemental de la Drôme, à l'image de celle existant déjà en Isère. De quoi s'agit-il ? Chaque fois qu'une commune projette des aménagements de voirie, des EDT référents (désignés par secteurs) sont consultés pour aller vérifier si leurs matériels peut passer. « Pour chaque projet sur une commune, on est contactés et on nous écoute », a témoigné un EDT isérois. Et André Gilles, vice-président du Département en charge de l'agriculture et des routes, s'est dit partant pour la signature de cette convention avec les EDT de la Drôme. Autre souci soulevé en ce domaine, les branches d'arbres appartenant à des riverains qui dépassent au-dessus des routes.
Travaux agricoles accessoires
Christian Forest, dirigeant du cabinet Agro Experts, a balayé l'actualité fiscale et sociale. Parmi les sujets, l'évolution (en 2018) de la législation sur les prestations de services agricoles réalisées par des agriculteurs. A présent, ces travaux agricoles accessoires peuvent représenter jusqu'à 50 % de leur chiffre d'affaires (contre 30 % auparavant) et sont plafonnés à 100 000 euros (50 000 avant).
« C'est vrai que cette hausse du taux de diversification ne nous arrange pas », a noté le vice-président national des EDT, avant de délivrer un message : « Le monde agricole va mal. Mais, en termes de charges de mécanisation, les exploitations agricoles françaises sont numéro un en Europe. On doit être force de proposition auprès de notre clientèle, démontrer que l'externalisation des travaux est une source de baisse de leurs charges. Je serais heureux que les services comptables puissent aller dans ce sens, montrer aux agriculteurs qu'il y a d'autres formules de défiscalisation que d'acheter du matériel. En travaux de récolte de céréales, 75 % de la surface est faite par des EDT, cela montre qu'il y a un intérêt. Nous devons faire avec la réglementation, nous adapter à la situation. Mais je pense qu'il faut plutôt voir le côté qui peut nous profiter. Nous avons une carte à jouer. »
Document unique
Conseillers en prévention au service santé-sécurité au travail de la MSA, Serge Debard (Drôme) et Laure Michel (Ardèche) ont rappelé que le document unique d'évaluation des risques professionnels est obligatoire et « incontournable pour trois raisons », que voici. Humainement, c'est évaluer les risques pour protéger la santé et la sécurité des salariés. Financièrement, l'employeur qui n'en a pas est passible d'une amende de 1 500 euros. Et, juridiquement, ce document a une valeur en cas d'accident du travail. « La MSA est là pour vous accompagner dans sa mise en place, et gratuitement », a signalé Serge Debard. « Quand on emploie des salariés, a appuyé Philippe Largeau, il faut être très attentif à la sécurité car, le jour où il y a un pépin, il n'y a plus de pardon ».
Chutes de hauteur
Les deux conseillers de la MSA ont aussi fait un zoom sur les chutes de hauteur, « un risque très important ». Nombre d'accidents surviennent lors de la montée ou de la descente d'engins agricoles. C'est pourquoi la MSA propose des visites individuelles, ainsi qu'une formation « Stop aux chutes » (d'une journée) pour sensibiliser et limiter les risques. Il y en a eu une en septembre dernier chez Christian Jean à Colonzelle, co-président de l'union régionale des EDT d'Auvergne-Rhône-Alpes. « On apprend beaucoup de choses, a dit celui-ci, comme à descendre correctement d'une batteuse. Il faut réagir avant l'accident. » Et d'espérer que d'autres formations « Stop aux chutes » soient organisées. Un participant à la journée de septembre a ajouté : « J'en ai retenu qu'il faut être très vigilant. Cette formation met le doigt sur les problèmes, elle est intéressante, il faut y aller ». Un dépliant sur celle-ci (avec bulletin de pré-inscription) a été distribué lors de cette assemblée générale.
Annie Laurie
La plateforme MyEDT.fr

Cette plateforme numérique est en cours de déploiement. Son accès est réservé aux EDT (et aux élèves conducteurs de travaux). Elle vise à accompagner les EDT, les informer, conforter leurs compétences et les sortir de l'isolement. Sur MyEDT, un diagnostic leur est proposé pour auto-évaluer leur activité sur sept axes (relations clients, ressources humaines, rentabilité, innovation et réseau, références professionnelles, machines, stratégie). A partir de ce diagnostic, ils peuvent réaliser un plan d'action pour faire progresser leurs pratiques. Une bibliothèque d'outils (liens vers des sites utiles, guides, témoignages, formations...) est aussi à leur disposition.
Premiers retours d'une enquête, 86 % des utilisateurs (encore peu nombreux) de ce site le trouvent facile à utiliser, 70 % qu'il est adapté au métier, 80 % sont d'accord avec le diagnostic MyEDT. « Cette plateforme est évolutive. Elle doit encore être améliorée mais elle est très intéressante », a assuré Philippe Largeau.A. L.