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Interview

« Etre offensif contre les attaques d'exploitations »

La construction d'un bâtiment avicole sur la commune de Bésayes, dans le cadre du projet d'installation d'un jeune agriculteur, est la cible d'attaques virulentes. Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d'agriculture de la Drôme, réagit.
« Etre offensif contre les attaques d'exploitations »

En tant que président de la chambre d'agriculture, dites-nous comment s'est construit le projet de création d'un élevage avicole à Bésayes.
Jean-Pierre Royannez : « Comme la plupart des installations agricoles réalisées dans la Drôme, le projet de Bésayes est à taille humaine et responsable. Une production avicole apporterait à ce jeune agriculteur un revenu complémentaire qui assurerait la viabilité économique de son installation. De plus, la matière organique pourrait servir à des cultures en mode biologique. Le projet a été monté dans le respect de la réglementation et même au-delà. En effet, les distances prévues par les textes vis-à-vis du voisinage - en l'occurence une maison de retraite et une micro-crèche - ont été doublées. De tels bâtiments existent dans d'autres communes drômoises où cela ne pose aucun problème : les a priori ont vite été levés, montrant que les craintes étaient injustifiées. »

 

Comment sortir de la situation de blocage existante ?

J-P. R. : « Je regrette la campagne médiatique totalement disproportionnée sur ce projet. Il ne faut pas oublier qu'un jeune souhaite s'installer et a tout fait dans les règles pour cela. Ce que lui et sa famille endurent est inacceptable. Dans ces conditions, il est difficile aujourd'hui de savoir ce qu'il compte faire. Quoi qu'il en soit, la chambre d'agriculture reste à sa disposition afin que son projet d'installation aboutisse. »

 

Face aux attaques à l'encontre des agriculteurs, qui vont crescendo et s'accompagnent parfois de violence, que peuvent faire les organisations agricoles ?
J-P. R. : « Actuellement, les attaques sont fréquentes et les élevages particulièrement ciblés mais pas seulement. En plus d'intrusions dans des bâtiments pour y tourner des vidéos ensuite diffusées sur les réseaux sociaux, des agriculteurs sont agressés verbalement et même physiquement, par exemple lorsqu'ils traitent leurs cultures ou les protègent de la grêle... Des dégradations de matériels et des vols sont aussi constatés. Face à cela, la chambre d'agriculture, en lien avec la FDSEA et les JA, ne reste pas inactive. Les services de l'Etat et les forces de l'ordre ont été interpellés. Cela aboutit à la mise en œuvre d'actions pilotes en Drôme, annoncées par le ministre de l'Agriculture lui-même lors de son dernier déplacement dans notre département (lire L'Agriculture Drômoise du 2 mai - ndlr). Le but est de contrer ces attaques. Dans un premier temps, tous les éleveurs drômois vont recevoir un courrier que j'ai cosigné avec le commandant de gendarmerie de la Drôme. Leur sera fourni les coordonnées d'un gendarme référent territorial proche de chez eux. L'objectif est de les aider à protéger leur exploitation pour dissuader les attaques. Mais aussi, s'ils en étaient victimes, de leur simplifier les démarches. D'autres actions seront rapidement mises en œuvre mais je ne peux pas en dire plus pour l'instant. »

 

Vous passez donc à l'offensive ?
J-P. R. : « Dans les moments difficiles, il ne faut surtout pas baisser les bras. Au contraire, il faut être offensif, expliquer la réalité du métier d'agriculteur, un métier noble qui respecte les animaux et les territoires. Il faut le faire savoir davantage. Pour cela, nous allons fédérer un groupe départemental en vue de réfléchir à la meilleure manière d'agir, le but étant de faire cesser les attaques contre nos exploitations. Je dis à tous les agriculteurs et agricultrices que, dans les moments difficiles qu'ils traversent ou traverseront, ils auront toujours mon soutien et celui de la chambre agriculture. »

Propos recueillis par Christophe Ledoux