Exercice 2019 : Casra assure

«Une excellente année 2019 », « des performances commerciales extraordinaires », « de solides dynamiques de développement ». A Grenoble, le 10 février, les dirigeants du Crédit Agricole Sud Rhône Alpes (Casra) n'ont pas boudé leur plaisir en présentant les comptes de l'exercice 2019 à la presse. Jean-Pierre Gaillard, président de la caisse régionale, et Christian Rouchon, son directeur, ont salué « de très bons résultats » qui montrent « toute la solidité du modèle coopératif et mutualiste ». Ils ont toutefois souligné que ce bilan s'inscrivait dans un « contexte singulier », où les « incertitudes politiques », Brexit en tête, l'ont disputé aux instabilités économiques et financières.
Accélération historique
Chiffres à l'appui, Vincent Mouveroux, directeur général adjoint en charge du développement, a décortiqué l'activité commerciale, marquée par un développement « dans tous les domaines » et une « accélération historique » dans le champ de l'assurance. « Ce sont des résultats qui s'inscrivent dans la trajectoire ascendante de ces dernières années, avec un point d'orgue en 2019 », a-t-il déclaré voyant là le fruit du « choix gagnant de très grande proximité ». Et donc la confirmation de l'attractivité de la caisse régionale. « Notre fonds de commerce augmente car nous savons offrir des services à nos clients », a-t-il ajouté. Avec 14 600 nouveaux clients particuliers, le Casra affiche en effet un dynamisme qui s'accompagne d'une « accélération dans la transformation digitale » et d'une hausse de plus de 10 % de l'activité assurance et prévoyance.
Cette activité commerciale se traduit par plusieurs résultats qualifiés d'« historiques » dans un marché toujours dynamique, très concurrentiel, bousculé par « un environnement de taux très bas ». En 2019, le total des encours de crédit s'est élevé à plus de 17 milliards d'euros (+ 7,7 % par rapport à 2018 ; une progression de 32,5 % en cinq ans), dont 11,5 milliards pour le seul encours habitat (+ 7,3 % par rapport à 2018 ; + 34,8 % en cinq ans) et plus de 950 millions pour les crédits à la consommation (+ 14 % par rapport à 2018 ; + 34 % en cinq ans). A cela s'ajoutent 22 milliards d'encours de collecte (+ 6,4 % par rapport à 2018, soit un quart de parts de marché et une progression de 20 % en cinq ans), dus à la bonne tenue des dépôts à vue (cinq milliards), des livrets A, des livrets sociétaires et de l'épargne logement.
Financement de l'économie
Concernant l'activité économique, la caisse régionale a financé les entreprises à hauteur de 527 millions d'euros et les collectivités territoriales pour 38 millions d'euros. Casra Capital a par ailleurs investi près de 13 millions d'euros dans vingt-trois entreprises du territoire, devenant ainsi le premier investisseur en Isère, Drôme et Ardèche en nombre d'opérations réalisées.
Quant au marché agricole, là encore, les dynamiques ont été très fortes, bien que « contrastées selon les filières ». Les crédits d'investissement du Casra s'élèvent à 156 millions (+ 21 % par rapport à 2018). La caisse régionale affirme avoir enregistré près de 900 nouveaux clients (pro/agri) et accompagné 85 % d'installations de jeunes agriculteurs en Sud Rhône-Alpes.
Selon Christian Rouchon, tous ces chiffres discréditent les « propos de comptoir sur le non-financement de l'économie » par les banques. Ce dynamisme permet en outre d'atténuer l'impact du contexte de taux bas sur la marge d'intermédiation de la banque. « Fin 2018, un consensus se dégageait pour dire que les taux devaient remonter, a rappelé Vincent Mouveroux. Cet espoir a été contrarié : on va évoluer de façon durable dans un contexte de taux très bas. Cela impacte notre rentabilité. » Voilà qui explique un résultat net consolidé de 93,4 millions d'euros (- 17,3 %) et la modeste progression du produit net bancaire (PNB) qui s'établit à 420 millions d'euros (+ 0,7 %). « Hors dotation à la provision épargne logement, notre PNB progresse tout de même de 3 %, s'est félicité le directeur général adjoint. Malgré un environnement contraint, notre PNB est résilient. »
Marianne Boilève
Assurances / La caisse régionale développe un bouquet de services en misant sur la complémentarité de ses offres.
Le Crédit Agricole poursuit sa mutation
Sacré « assureur préféré des Français » par une revue de consommateurs en décembre dernier, le Crédit Agricole affiche sans complexe son ambition de devenir « l’assureur de référence » de l’ensemble de ses clients. « Aujourd’hui, notre métier historique ne représente plus que 50 % de notre activité contre 80 % il y a encore quinze ans, a justifié Christian Rouchon, directeur général de la caisse régionale Sud Rhône Alpes. Nous avons développé un bouquet de services en misant sur la complémentarité de nos offres. Quand une famille vient nous voir pour financer un projet, elle est en attente d’une prestation globale qui comprend l’assurance. Nous faisons de cette activité un “métier-cœur”, qui permet de fidéliser la relation avec le client. »Traduction en chiffres : près de 85 000 nouveaux contrats d’assurance-prévoyance signés au Crédit Agricole Sud Rhône Alpes en 2019, soit un portefeuille de plus de 465 000 clients (+ 10,6 % entre 2018 et 2019). Une tendance qui touche tous les segments de clientèle, qu’ils soient particuliers, agriculteurs ou professionnels. « Nous ne sommes pas en train de pivoter mais de consolider notre activité : l’assurance est un levier très fort pour valoriser l’activité bancaire », a expliqué Vincent Mouveroux, directeur général adjoint en charge du développement.
Aide d’urgence
Progressif mais réel, ce basculement est conforté par une offre d’assurance « inégalée », qui séduit le client, notamment en milieu rural. « Alors qu’on assiste à un désengagement global en milieu rural, nous, on le renforce, a affirmé Christian Rouchon. C’est aussi là que nous avons le plus de clients. Grâce à l’assurance, il y a création de valeur : la banque reste parce que l’assurance réussit. » Et parce que le Crédit Agricole prouve qu’il sait être à la hauteur en cas de coups durs, comme l’an dernier lorsque catastrophes et aléas climatiques ont durement éprouvé tout le sud Rhône-Alpes. « L’épisode de grêle qui s’est abattu le 15 juin sur nos départements a généré plus de 7 500 sinistres, a souligné le président Gaillard. Face à cette tragédie, nos équipes se sont mobilisées pour mettre en œuvre des mesures exceptionnelles et nous avons débloqué une aide d’urgence de quatre millions d’euros. » Une solidarité qui n’est sans doute pas étrangère à l’accroissement du nombre de clients en milieu rural : près de 900 nouveaux clients (pro/agri) et 2 700 contrats d’assurance agri (+ 11,4 %).
Marianne Boilève