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Coopératives laitières

Exporter nos produits laitiers français en les adaptant à la demande

Quels leviers les coopératives laitières peuvent-elles mettre en œuvre pour valoriser au mieux leur lait ? Tel était le thème d’une conférence proposée par Coop de France Rhône-Alpes Auvergne et la FNCL (Fédération nationale des coopératives laitières) dernièrement.

Exporter nos produits laitiers français en les adaptant à la demande

A l'occasion d'une table ronde, quatre intervenants - deux responsables de coopératives, un responsable de réseau de grossistes en RHF et le directeur de communication du Cniel - ont livré leurs idées sur les stratégies de valorisation du lait par les coopératives. Alors que le marché européen est atone en termes de consommation de lait, la demande se montre bien plus dynamique du côté des pays émergents (grand export). L'exportation devient donc de plus en plus stratégique pour la filière. C'est un domaine dans lequel intervient le Cniel (interprofession laitière) en Europe comme dans les pays tiers. Des spots publicitaires pour nos fromages, l'ouverture d'une maison des fromages français à New York et une communication sur la crème française à destination de pâtissiers étrangers..., ce sont autant d'actions collectives entreprises par le Cniel et qui devraient porter leurs fruits.

Innover

Toutefois, selon Loïc Corbillé, directeur des opérations du groupe Sodiaal Union, « vendre nos propres produits au grand export va générer beaucoup de valeurs mais peu de volumes et prendra beaucoup de temps ! » Il préconise plutôt l'innovation et suggère de créer des produits adaptés à la demande de ces sociétés. « Il va falloir créer un fromage pour les Américains », a-t-il lancé. Les marques sont également une façon pour les coopératives de générer de la valeur. C'est notamment le cas pour Sodiaal et ses 25 marques de produits. À plus petite échelle, la coopérative Vercors Lait, représentée par son président Paul Faure, se positionne sur des marchés de niche où elle écoule 12 produits différents.

Des marques

Quant à la coopérative laitière Maître Laitiers du Cotentin, elle a décidé d'investir la distribution dans le créneau de la restauration hors foyer, un marché en plein développement dans un contexte de déstructuration du repas familial. Or, pour capter ce marché, Guillaume Fortin, directeur général du réseau France Frais, joue la carte de la proximité et s'appuie sur un réseau d'entreprises implantées dans chacun des départements français. Ce dernier a d'ailleurs profité de cette table ronde pour lancer un message aux élus locaux qui, selon lui, « ont un rôle à jouer dans la défense de la ferme France ». « Dans le cadre de marchés publics, des produits français sont souvent proposés et, au final, c'est un distributeur de produits étrangers qui assure la livraison », affirme-t-il. Pour valoriser au mieux le lait de sa coopérative, France Frais est partie à l'assaut de marchés émergents (Asie) mais toujours dans le créneau de la RHF « en jouant la carte de la qualité et de la sécurité sanitaire ».

Donner de l'espoir et de la lisibilité aux producteurs

Paul Faure a orienté les débats sur un sujet d'actualité : la rémunération des producteurs de lait : « Il faut redonner un prix du lait correct aux producteurs français pour qu'ils puissent vivre décemment. Il faut leur redonner de l'espoir car, sans les producteurs, les coopératives ne peuvent rien faire ! » Et Guillaume Fortin a souligné : « Pendant 30 ans, on a fait la chasse aux matières grasses. On a travaillé avec des vaches qui font moins de matières grasses. Or, aujourd'hui, nous allons manquer de crème sur le marché ! Je crois que l'on doit veiller à donner de la lisibilité aux agriculteurs et éviter de changer de stratégies (à l'image de la matière grasse) » . En région Auvergne, les AOP représentent 30 % du lait produit, « que fait-on du reste de notre lait de consommation qui se trouve en concurrence directe avec le lait européen et mondial ? », s'est interrogé Yves Soulhol, directeur régional Massif central chez Sodiaal. Pour ce responsable, il revient à nos régions de s'engager dans des créneaux de laits spécifiques tels que le lait bio ou le lait non OGM, qui constituent des opportunités. 
Véronique Gruber