Face à la concurrence, Top Semence mise sur la performance

«Les marchés se déplacent vers l'Est européen. Nous vivons un tournant majeur face auquel notre performance agronomique et notre régularité sont nos meilleurs atouts : nous avons un besoin impératif d'excellence », déclarait Didier Nury, directeur de Top Semence, lors de la réunion plénière de l'union de coopératives, le 21 mars. Pour faire face à cet environnement mondial en pleine mutation, le groupe doit s'adapter. Aussi, s'est-il déjà engagé dans une stratégie pluri-obtenteurs pour s'extraire d'une trop grande dépendance à un seul donneur d'ordre. Dans un contexte d'intensification de la concurrence, « Top semence a su tirer son épingle du jeu, affirmait Yves Courbis, président. L'année 2017 a été plutôt satisfaisante, tant au niveau des surfaces sous contrat que des résultats techniques. » Un bilan globalement positif qui recouvre des réalités cependant disparates selon les cultures.
Une baisse en maïs hybride...
2017 est en effet marqué par une baisse notable des surfaces en hybrides de maïs, production phare de Top Semence. « Pour la troisième année consécutive, nous avons fait face à une diminution des surfaces, généralisée sur tout le marché français », a noté Didier Nury. Après un pic en 2014, les surfaces de maïs sous contrat n'ont cessé de décliner. Et Yves Courbis de compléter : « Notre équipe a cependant su faire face à cette baisse de surfaces, en proposant d'autres espèces aux producteurs. » Quelques pertes sont également à imputer à la grêle, survenue dans les plaines de Lyon et Montélimar peu avant la floraison, mais également aux excès de température durant l'été. Du fait du climat plus chaud, la durée de la récolte a été plus restreinte et le poids de mille grains (PMG) a décroché en variétés tardives, davantage que pour les plus précoces.
« Malgré tout, des améliorations de la qualité sont à souligner, comme la germination et la pureté variétale, notamment par une meilleure épuration des mâles », indique Denis Delay, responsable maïs et sorgho. Par ailleurs, le développement du maïs bio a pris de l'ampleur en 2017 : la totalité des surfaces en bio ont été récoltées avec un résultat technique de 100 %, une première !
... compensé par un essor en tournesol
Les chiffres sont plus réjouissants pour le tournesol, l'autre espèce phare de Top Semence. Malgré 505 ha sinistrés par les aléas climatiques, les conditions de prix se sont légèrement améliorées et le résultat technique est satisfaisant. Surtout, la coopérative enregistre un essor des surfaces de tournesol sous contrat, tendance qui devrait se poursuivre dans les années à venir.
« Ce contexte favorable nous amène à plaider aujourd'hui pour la mise en place d'un accord triennal sur des prix plancher au niveau national. Le débat est ouvert mais coince du côté des obtenteurs, qui se réfugient derrière un hypothétique retournement du marché, a expliqué Serge Brugière, président de la commission tournesol de Top Semence. Nous restons vigilants, conscients qu'un retournement de la situation peut vite arriver, comme nous l'avons connu en maïs. » Une prime pour la qualité a également été votée pour 2017, afin « d'encourager les exploitants à la performance ».
Mylène Coste
Les chiffres 2017
- Maïs : 2 254 ha de surfaces (3 216 en 2016).
Prix1 moyen : fertile : 4 316 €ha (résultat financier 106 %) ; stérile : 3 203 €ha (105 %) ; bio : 6 533 €ha (103 %).
Résultat technique : 102 %.
- Tournesol : 2 274 ha.
Prix moyen : 2 803 €ha (résultat financier 106 %)
Résultat technique moyen : 99 %.
- Sorgho :
Prix moyen : 2 686 €ha (résultat financier 100 %)
- Colza : 154,14 ha récoltés
Prix moyen : 2 271 €ha (résultat financier 101 %)
1 Produit brut avec AQ/ha.
« Être leader de la semence en vallée du Rhône »
Que faut-il retenir d’essentiel de 2017 ?Yves Courbis : « 2017 reste marquée par le changement de direction de Top Semence et l’impulsion d’un travail de redéfinition stratégique. Nous avons confié une mission d’audit à un prestataire afin d’avoir tous les outils en notre possession pour définir un positionnement sur les dix années à venir. Nous devons répondre aux nouvelles attentes sociétales qui évoluent vers les protéines végétales et prendre en compte les craintes vis-à-vis des phytosanitaires. Cela implique d’innover et de développer de nouvelles techniques culturales. »
L’extension territoriale fait-elle aussi partie de la stratégie de Top Semence ?
Y. C. : « Nous sommes désormais implantés de l’Ain aux Bouches-du-Rhône, des Cévennes ardéchoises aux Alpes-de-Haute-Provence. Nous souhaitons aujourd’hui asseoir notre position en vallée du Rhône, un axe historique et stratégique en matière de semences. Nous avons en ce sens acquis, l’an dernier, la base industrielle de Caussade semences de l’Isle-sur-la-Sorgue , qui devient notre quatrième site dans la région. Il s’agit ainsi de mieux répartir les risques, climatiques notamment, en élargissant le territoire. L’extension géographique est également un moyen d’offrir à nos donneurs d’ordre la possibilité de répondre à toutes leurs demandes en matière de diversité variétale. »
Propos recueillis par M. C.