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Plantations forestières

Faciliter l’implantation d’arbres forestiers grâce à la biodynamisation

De nouvelles techniques biologiques de plantations forestières sont expérimentées en région. Les adhérents du syndicat des forestiers privés de l’Ain les ont découvertes à Châtenay lors d’une initiation l'hiver dernier.
Faciliter l’implantation d’arbres forestiers grâce à la biodynamisation

La première plantation forestière biodynamisée d'Europe a eu lieu à Chatenay dans l'Ain. Dynamisé par la passion de Monsieur Soupe, précurseur de la méthode, les participants ont participé activement à la plantation. Bilan positif : en quelques heures, plusieurs centaines de chênes étaient plantées. « Ce projet emblématique en biodynamie est une fantastique opportunité de renforcer l'état des connaissances sur la durabilité des forêts françaises dans le contexte de changement climatique », a indiqué Stéphane Hallaire, président de Reforest'Action, entreprise sociale, spécialiste de la reforestation en France et dans le monde et co-financeur de l'opération. Bien connu des chercheurs, le rôle fondamental des micro-organismes du sol (bactéries, champignons) continu d'être le sujet d'expérimentations. C'est à Chatillon-sur-Chalaronne (Ain) que les pépinières Soupe, à la pointe de la recherche en innovation végétale, ont mis au point une technique permettant aux arbres de se développer dans des conditions optimales. Les Universités de Strasbourg et de Bordeaux ont participé à l'élaboration d'un protocole de sélection et de multiplication d'organismes à action corrective, adapté à de nombreuses problématiques de sols. « Il s'agit simplement de copier les mécanismes de la nature », relevait Daniel Soupe. En d'autres termes : en analysant un sol, il est possible de déterminer ses carences et d'isoler des familles de bactéries et de champignons permettant de les corriger. Ces organismes sont déjà présents dans le sol mais en trop faible quantité pour avoir une action efficace. Cette méthode assure aux arbres de disposer d'une quantité suffisante d'eau et d'éléments nutritifs et les protège physiquement contre les agents pathogènes du sol. Permettant de corriger les carences des sols, elle est applicable à toutes les problématiques pédologiques et peut être transférée sur d'autres territoires. Son application à grande échelle, permettra d'obtenir des arbres de qualité, facilement valorisables et à long terme, de corriger les carences ou les excès des sols.

© ReforestAction
Daniel Soupe, pépiniériste et biologiste : « La biodynamisation consiste simplement à copier les mécanismes de la nature. »

Et pour la suite ?

Le syndicat des forestiers privés de l'Ain est porteur d'un projet de mise en application de la biodynamie en milieu forestier dans le cadre du contrat de territoire de la Dombes. En collaboration avec des organismes comme l'ONCFS et l'IDF et des associations comme la LPO (ligue de protection des oiseaux) et la SNAA (Société des naturalistes et archéologues de l'Ain), l'objectif est de mesurer les impacts de la méthode tant sur la croissance et la qualité des arbres que sur la qualité des habitats favorables à la faune sauvage. En attente d'une réponse de la part des organismes concernés (Région, Département), les forestiers privés de l'Ain et les pépinières Soupe envisagent un nouveau partenariat avec Reforest'Action afin de multiplier les expériences. « Nous plébiscitons les méthodes de plantation favorisant le renouvellement d'une forêt multifonctionnelle et la fourniture durable de services écosystémiques, c'est la raison pour laquelle cette expérimentation nous tient particulièrement à cœur », a insisté Stéphane Hallaire, président de Reforest'Action. 

S. Hallaire, président de Reforest'Action

©ReforestAction L’après-midi découverte de la biodynamisation des sols à Châtenay dans l’Ain a été suivi par de nombreux participants.© ReforestAction

 

Territoire / Les rencontres nationales des territoires forestiers ont eu lieu du 1er au 3 février à Montrond-les-Bains (Loire). Retour sur cet événement qui a mobilisé des acteurs venus de toute la France.

La filière forêt-bois : un véritable potentiel pour les territoires

La filière forêt-bois, tremplin des territoires de demain. Tel était le thème des 5e rencontres nationales des territoires forestiers, organisées aux Foréziales, à Montrond-les-Bains, du 1er au 3 février. Un événement porté par l'Union régionale des associations de communes forestières Auvergne Rhône-Alpes et la Fédération nationale des communes forestières (FNCoFor). Cette dernière, association née en 1933, « regroupe des communes, des collectivités ou leurs groupements ayant sur leur territoire une forêt publique et plus largement des collectivités intéressées par l'espace forestier et la filière bois ». Ce rendez-vous avait notamment pour ambition de dresser un bilan de la mise en œuvre des chartes forestières de territoire, dispositif créé en 2001. Selon la FNCoFor, il en existe aujourd'hui quelque 140 en France, qui couvrent plus de 5 millions d'hectares en métropole. À cet effet, tables rondes, ateliers thématiques et visites de terrain se sont succédés durant trois jours. Outre les élus adhérents, l'ensemble de la filière était représentée dans le Forez. On observait ainsi une intéressante diversité d'acteurs venus d'horizons différents (Métropoles, territoires ruraux) : entreprises, associations environnementales, ministère, administration, Caisse des dépôts et consignations, chercheurs, étudiants, etc. « Ces trois jours ont permis de se nourrir d'expériences, d'échanger sur des expérimentations, relève Dominique Jarlier, président de la FNCoFor depuis 2014. On part souvent de situations différentes pour arriver à des points de convergence. »
« Construire l'avenir »
Au-delà de l'aspect bilan sur le rôle des chartes et les avancées qu'elles ont favorisées, ce rassemblement a permis d'évoquer le futur. « L'objectif, c'est aussi de construire l'avenir, confirme-t-on à la Fédération nationale. L'acte 2 des chartes a été lancé car nous traversons une période de changement importante. » « Le rôle de l'élu s'est accru, il joue de plus en plus un rôle de médiateur car il recherche l'intérêt général et se trouve à la convergence des différents acteurs, souligne Dominique Jarlier. La démocratie de proximité et de la participation citoyenne s'exerce aussi sur les espaces forestiers. »
« Les questions environnementale, énergétique et réglementaire (urbanisme) deviennent prépondérantes, avec l'idée de voir comment les chartes peuvent les intégrer (changement des essences forestières, etc.). Tout cela exige des compétences et un besoin d'information pour les élus, d'autant qu'il y a eu un renouvellement important, avec beaucoup d'urbains et donc peut-être moins de culture forestière. Le lien entre urbains et ruraux est d'ailleurs essentiel, tout comme la réflexion sur l'échelle territoriale la plus pertinente pour les chartes », précisent les équipes de la FNCoFor.
Le temps de la forêt n'est pas celui de l'homme
Ces interventions « de haut niveau » et les enseignements retirés des différents ateliers donneront lieu prochainement à un recueil, disponible sur le site internet de la FNCoFor. Avec l'idée de peser sur les suffrages à venir ? « Le temps de la forêt n'est pas celui de l'homme et encore moins des échéances électorales. Il faut une vision à long terme », assure sa directrice adjointe, Françoise Alric. Pour autant, « il est important pour nous que les élus prennent conscience du potentiel de la forêt dans leur territoire », relève-t-on au sein de cette association : « Car on parle souvent de l'agriculture, moins de la forêt. L'idée, c'est peut-être plus « d'interpeller » les élus sur ce que la forêt peut apporter à un territoire et à sa population. » 
Franck Talluto
Les forêts et les activités forestières jouent un rôle important pour les territoires même sI elles sont souvent passées sous silence.