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Oléiculture

Faire barrage à la mouche de l'olive

Afin de lutter contre la mouche de l'olive, la pose de filet s'avère une solution radicale et coûteuse mais prometteuse.
Faire barrage  à la mouche de l'olive

La mouche de l'olive ou « dacus oleae » est le principal ravageur de l'olive. Ses dégâts peuvent être très importants, jusqu'à déprécier et rendre inutilisable la totalité d'une récolte. Dans la panoplie des outils de lutte, la pose d'un filet serait une solution radicale. Pour faire le point sur ce ravageur, une journée d'information a été organisée par l'Association française interprofessionnelle de l'olive (Afidol), le 13 octobre dans les locaux de la coopérative agricole de Nyons. Ont d'abord été exposés la biologie de la mouche de l'olive, l'incidence des aléas climatiques sur son cycle de reproduction, ses périodes d'activité et les méthodes et moyens de lutte possibles. Alex Siciliano, conseiller technique à l'Afidol, a expliqué le rôle capital des températures dans l'activité du « dacus oleae ». En deça de 10 degrés, sa croissance est stoppée ; au dessus de 32, la ponte des œufs est inhibée. Ainsi, grâce aux nombreux pics de chaleur enregistrés cet été, la prochaine récolte s'annonce meilleure que les précédentes du fait d'une moindre prolifération du ravageur.

Des moyens de lutte

Afin de détecter l'apparition des adultes dans les oliveraies, le piégeage est indispensable. Les traitements insecticides ovicides ou adulticides existent, ainsi que des produits préventifs biologiques basés sur l'application d'une couche protectrice d'argile empêchant la ponte sous l'épiderme de l'olive. Une barrière protectrice qui tombe dès le lessivage après chaque pluie. Ces techniques peuvent se coupler avec un piégeage massif dans ou en bordure des oliveraies, avec des gobe-mouches contenant une solution attractive à base d'un phosphate triammoniaque. En lutte biologique, la mouche de l'olive peut être parasitée par de nombreux prédateurs. Le plus connu est une guêpe (opius concolor) qui, dans les meilleures conditions, parasite à 80 % les larves de dacus oleae.

Filet : 40 000 euros à l'hectare

En fin de matinée, l'assistance composée en majeure partie de producteurs s'est rendue à la ferme Brès, à Nyons. Là, a été présentée une rangée d'oliviers enveloppées dans un filet « insect-proof » distribué par la société Filpack, long de 70 mètres sur 13 de large et reposant sur des piquets à 5 mètres du sol. Le prix d'un telle installation s'élève à 40 000 euros l'hectare. Rien qe la pose exige quelque 750 heures de travail à l'hectare. Cet investissement est amortissable sur dix ans. C'est la durée de vie de ce type de filet qui, de plus, peut servir pour la récolte des olives. A noter, l'olive ayant été déclarée « fruit » est à ce titre éligible aux aides du plan arboriculture de la Région (prise en charge de 60 % des dépenses).
Sur le terrain, beaucoup de questions ont été posées concernant, entre autres, l'impact visuel des filets dans le paysage, la couleur la plus pertinente à la photosynthèse, la taille des mailles, l'impact sur la pollinisation, la résistance aux vents, à la pluie, à la neige... Benoît Chauvin-Buthaud, technicien bio à la chambre d'agriculture de la Drôme, s'enthousiasme pour ce procédé qui lui semble être une solution radicale pour lutter contre la mouche de l'olive. Pour l'instant, aucun constat n'a pu être établi sur la qualité de l'olive, la récolte n'ayant pas encore été faite. Malgré le coût d'achat, le travail de pose et l'impact paysager, l'expérience mérite d'être tentée. 
J-M. P.

 

Mouche de l'olive /
Préconisations
D’après le bulletin de santé du végétal n° 22, dans l’arrière-pays drômois les captures de mouches de l'olive restent assez faibles mais augmentent. Les températures sont toujours favorables à l’activité des mouches et le risque de ponte est persistant, principalement dans les secteurs de basses altitudes. Cependant, dans la plupart des secteurs, les traitements ne sont plus vraiment utiles, indique l'Afidol dans son dernier bulletin d'information. Elle préconise ainsi de ne pas traiter et de récolter avant décembre. En effet, les pontes de mouches qui ont lieu ces jours-ci n’entraîneront pas de défauts préjudiciables à la qualité de l’huile avant décembre. Si la récolte avant décembre est impossible sur les parcelles situées à moins de 150 m d’altitude, alors vous pouvez toujours les traiter préventivement si elles ne sont pas déjà protégées, ajoute l'Afidol. 

 

Récolte : l’excellent état sanitaire permet d’attendre une maturité optimale

Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Comme il arrive souvent, et cette année plus que d’autres, le mot d’ordre pour la filière est : « Il est urgent de ne pas se presser ». De nombreuses interrogations sont venues de producteurs qui ont vu, dès début octobre, les olives devenir violines et fripées. La sécheresse particulière de la saison semble en être la cause. Quoi qu’il en soit, les analyses organoleptiques réalisées par le Centre technique de l’olivier montrent, d’une part, des rendements assez faibles (13 % sur les premiers prélèvements) et, d’autre part, une maturité qui n’est pas forcément atteinte, avec une ardence et un piquant très présents. La pluie qui était annoncée cette semaine a poussé les techniciens à préconiser de ne pas se précipiter pour récolter, l’eau pouvant rengorger les olives, qui pourraient ainsi poursuivre leur maturité et gagner en rendement. Ceci est d’autant plus facile à préconiser que « l’année a été particulièrement facile en termes de protection des vergers. Et l’on reste très tôt en saison », rappelle Isabelle Casamayou. N’oublions pas qu’il y a quelques années le top départ de la récolte était donné à la Saint Véran, soit à la mi-novembre. Peut-être est-ce une conséquence positive de la sécheresse mais « nous avons observé des piqûres de mouches, des impacts de pontes, mais pas de développements larvaires. Nombreux sont les oléiculteurs qui n’ont même pas eu besoin de traiter. Les olives vont facilement tenir les dates de récolte. » Seule véritable certitude, une grande disparité sera visible sur le terrain, entre les vergers irrigués et ceux non irrigués.
À noter également au verger, la vigilance accrue sur la dalmaticose, venue des Alpes-Martimes et du Var. Des dégâts non négligeables commencent à être relevés dans le Vaucluse et l’ex-Languedoc. « Dans le Var, les techniciens annoncent des pertes de récolte chez certains producteurs jusqu’à 50 % », relate Isabelle Casamayou. Il s’agit en fait d’impacts de mouches, sur lesquels se développe un champignon. Fin juillet, on commençait à voir des quantités d’olives au sol.
M.S.