Faire évoluer le traitement à l’eau chaude sur plants viticoles

Les pépiniéristes viticoles ont été accueillis par la fédération Drôme-Ardèche pour leur congrès 2015. La mise en place de plans de compétitivité, commencée l'an passé, crée une dynamique au sein de la filière, en atteste la participation des pépinièristes au congrès qui s'est tenu à Montélimar du 26 au 28 octobre : « Nous sommes 250 cette année, contre une centaine il y a quelques années. La mobilisation est croissante », indique le président de la Fédération française de la pépinière viticole, David Amblevert. « 215 millions de plants ont été greffés en 2015, soit une progression de 12 % sur les mises en œuvre en un an, chiffre-t-il. Certes nos productions ont augmenté, mais seront-elles suffisantes pour couvrir les besoins de 2016 ? Attendons, avant de nous prononcer, les résultats de nos triages. Certains signes laissent présager une année 2016 à l'image de 2015. » Sur les 15 premiers jours de plantation, « avec 15 jours de mistral on a perdu 15 % de la production », souligne Pierre-Denis Tourette, président de la fédération Drôme-Ardèche.
Une année atypique
Dans les mémoires, 2015 restera une année atypique, avec un taux de reprise en pépinière historiquement bas : de nombreuses pépinières à moins de 50 % de réussite, et une demande viticole extrêmement soutenue marquée par la dernière année des plans triennaux de restructuration. « Les conséquences : un marché actif, dynamique, créant parfois des déséquilibres entre l'offre et la demande, obligeant des reports de plantations et complantations. Mais, malgré des réactualisations tarifaires, les chiffres d'affaires de certaines structures sont en repli : 2015 restera l'année du paradoxe. »
Ce déséquilibre offre-demande fut minimisé dans les régions utilisatrices, notamment en façade atlantique, de plants en pots, ce qui n'est pas le cas en vallée du Rhône (pour des questions météorologiques notamment, de mistral et de taux d'humidité de l'air). « Cette technique de culture hors-sol est pertinente dans certains cas, qui plus est avec des plantations mécaniques à arrosage intégré. Le plant en pot est parfois décrié. Il peut avoir ses détracteurs y compris dans nos rangs. Mais il est important d'avoir à l'esprit l'opportunité d'élargir notre gamme, par des implantations de fin de saison et d'automne. » La production de plants en pots est passée de 11 millions en 2014 à 20 millions en 2015 (10 % de la production). Cette augmentation fut possible grâce au potentiel de nouvelles plantations de vignes-mères de porte-greffes. « Les porte-greffes nécessitent un travail à saison hivernale avec des difficultés majeures de recrutement de main-d'œuvre. Cette culture est l'une de nos tâches professionnelles qui enregistre le plus de frein à son renouvellement, auquel se rajoutent des difficultés d'accès au foncier », poursuit le président.
Flavescence : la prévention plutôt que des mesures radicales
En ce qui concerne la flavescence dorée, « le verger de vignes-mères en France est le plus prospecté d'Europe. À notre demande, FranceAgriMer, avec des conventions, prospecte désormais 50 % des surfaces de greffons. Le reste est assuré par des initiatives syndicales ». Dans le Vaucluse, a même été organisée une prospection encadrée du pourtour des vignes mères de porte-greffes : un véritable cordon sanitaire autour des parcelles de multiplication. Comme l'an passé, et plus encore, les pépiniéristes appellent de leurs vœux une utilisation maximale de la prévention, via une prospection réalisée par l'ensemble de la filière, car les conditions actuelles du traitement à l'eau chaude posent des problèmes de reprise des plants. « Même l'association des viticulteurs d'Alsace souhaite, au constat de problématiques de reprise, le retirer du cahier des charges des AOC Alsace », donne pour exemple David Amblevert.
Comme l'a rappelé Pascal Bloy de l'IFV, le traitement à l'eau chaude est efficace contre la flavescence dorée et la maladie de Pierce (Xylella fastidiosa), toute la question étant de réadapter le couple durée-température. Ainsi ont été testés d'autres couples que celui actuellement préconisé (50 °C pendant 45 minutes), notamment 50 °C pendant 30 minutes, « mais qui n'est pas efficace sur bois noir ». Au vu des essais réalisés par l'IFV en 2011 et 2012, le couple 50 °C pendant 35 minutes semble moins traumatisant pour le matériel végétal, tout en restant efficace face à la flavescence dorée et à la maladie de Pierce. Toutefois, la marge d'erreur plus faible nécessite une machine bien réglée. Des négociations européennes seront nécessaires pour faire évoluer les préconisations actuelles du traitement à l'eau chaude. En revanche, « nous nous réjouissons de la publication de l'arrêté du 7 septembre 2015 qui introduit la possibilité d'utiliser les greffons issus de vignes- mères bio implantées dans un périmètre de lutte obligatoire, sous réserve de pratiquer un traitement à l'eau chaude des greffons. Cette ouverture doit s'appliquer dès la campagne actuelle », appelle de ses vœux David Amblevert.
L'été 2015 aura été marqué par la sortie d'un rapport parlementaire sur les maladies de la vigne et du bois. « Il est dommageable que la FFPV n'ait pas été auditionnée. Ceci aurait évité de voir inscrites des contre-vérités pouvant être interprétées comme une remise en cause de la qualité des contrôles. Dans les 25 mesures proposées dans ce rapport parlementaire, je n'ai toujours pas pu trouver explication et compréhension de la mesure 21. Je cite : « Étendre les mécanismes d'agréments en sortie de pépinière, au-delà des clones, sous forme d'une possibilité de qualification des plants en sortie de pépinière, indiquant les traitements pratiqués sur ceux-ci. » J'en conclus que notre intelligence de terrain ne nous permet pas de décrypter le fruit de l'instruction et de la connaissance du monde politique... ! »
Magali Sagnes
Aides / Responsable au pôle potentiel viticole de France Agrimer, Michel Inard a présenté les principaux points du programme national vin 2014-2018.
Programme national vin 2014-2018
Le programme national vin 2014-2018 porte sur quatre mesures que sont la promotion (pour environ 165 millions d’euros), la restructuration du vignoble (environ 633 millions d’euros), les investissements (environ 721 millions d’euros) et enfin la distillation des sous-produits (environ 432 millions d’euros). L’enveloppe totale, allouée par l’Union européenne, est donc de 1 962,7 millions d’euros.Attention toutefois, ces quatre mesures doivent être engagées au plus tard le 15 octobre 2018 (dossiers déposés et actions engagées).
Parallèlement, le 20 juillet dernier, FranceAgriMer a fixé les principales conditions d’accès aux aides pour les programmes 2015-2016 et 2017-2018. Cette décision s’inscrit dans le cadre de la continuité de la restructuration individuelle (RS) et la mise en place de plans collectifs de restructuration (PCR) de trois campagnes.
Les activités pouvant être aidées sont :
• la reconversion variétale (RS et PCR),
• la relocalisation des vignobles (RS et PCR),
• la modification de la densité d’au moins 10 % (RS et PCR),
• l’arrachage d’une vigne non palissée / irriguée et replantation d’une vigne palissée / irriguée (RS et PCR),
• l’arrachage d’une vigne hors terrasse et replantation avec création de terrasse (RS),
• le palissage d’une jeune vigne aidée pour la plantation (RS),
• la mise en place d’un système d’irrigation fixe (RS).
Dans son propos, Michel Inard a tenu à souligner les principales modifications du plan. Il évoque ainsi la nécessité d’une demande établie par l’exploitant et souligne qu’il n’y aura pas d’aides pour les plantations réalisées entre le 1er août dernier et le 31 décembre prochain. « Les plantations aidées sont, dit-il, les replantations et les plantations avec conversion d’autorisations de plantations par prélèvement sur la réserve (ou transfert actuel), mais pas les plantations nouvelles du futur régime. » Alors que la parcelle culturale devra être d’au moins 10 ares, d’un seul tenant ou encore d’une seule variété, des conditions particulières concernent aussi les plantations en terrasses, le palissage et l’irrigation (sur tous les rangs). Quant aux montants des aides, ils seront définis par décision annuelle pour RS et PCR, même s’ils restent inchangés pour 2015-2016 et pour les trois années PCR.
Plus d’informations sur : www.franceagrimer.fr