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Bovins

Fanny Terrier : “ BVD : il est important de pouvoir réagir rapidement ”

Responsable technique en charge des plans d’assainissement et de la BVD (diarrhée virale bovine) au groupement de défense sanitaire (GDS) de la Loire, Fanny Terrier accompagne les éleveurs dont le cheptel a été touché par la maladie virale. Entre arrêté ministériel et mise en place de plans d’assainissement en vue de l’éradication totale de la BVD dans les troupeaux, la technicienne raconte.
Fanny Terrier : “ BVD : il est important  de pouvoir réagir rapidement ”

Fanny Terrier est technicienne BVD au GDS de la Loire depuis 2015.

Quel est votre rôle en tant que technicienne BVD au GDS de la Loire ?
Fanny Terrier : « Mon rôle principal, avec deux de mes collègues, est de fournir un certain nombre de conseils sanitaires auprès d'éleveurs touchés par la BVD. Certains d'entre eux ne connaissent pas la maladie et c'est important de les informer des procédures à suivre pour s'en débarrasser. D'autre part, je fais des visites d'appui et d'ouverture de plans d'assainissement. Dans ce contexte, le relationnel est très important. En revanche, ces visites ne sont pas obligatoires et ne sont pas réalisées dans tous les départements. Enfin, je vérifie également que les éleveurs, dont le troupeau est impacté par la BVD, respectent bien l'arrêté ministériel et réalisent les dépistages adéquats. »

Justement, pouvez-vous nous en dire plus sur cet arrêté ministériel sur la BVD, publié le 31 juillet 2019 ?
F. T.  : « Cet arrêté définit les mesures obligatoires de surveillance et de lutte contre la BVD et rentre dans le cadre d'un plan national. Il rend donc obligatoire la surveillance et l'analyse des troupeaux (recherche des IPI*), afin de pouvoir réagir le plus rapidement possible. Ce dépistage a pour objectif d'assainir les cheptels, à court et à moyen terme, sur tout le territoire national, dans un but ultime d'éradication de cette maladie. Il est ainsi important de pouvoir réagir rapidement pour éviter davantage de dégâts collatéraux. »

Ressentez-vous une baisse de la BVD depuis cette mise en application ?
F. T.  : « Cela évolue plutôt dans le bon sens. Après, il ne faut pas crier victoire trop vite, la BVD n'est pas encore éradiquée dans la Loire. Je pense qu'il faut attendre environ cinq ans pour réellement voir les résultats et espérer éradiquer cette maladie. Pour autant, la pression virale a relativement baissé. En six mois, nous sommes arrivés à généraliser le dépistage auprès des éleveurs. C'est déjà une très bonne chose. »

Le plan d'assainissement est désormais obligatoire en cas d'analyses positives d'un cheptel à la BVD. De quoi s'agit-il réellement ?
F. T.  : « L'objectif du plan est de rechercher et d'éliminer les IPI du troupeau afin d'enrayer la circulation virale et empêcher l'apparition de nouveaux cas. Ainsi, nous recevons chaque jour des résultats d'analyses, ce qui nous permet d'informer rapidement les éleveurs dont le cheptel est impacté par la maladie. A partir de là, nous devons leur expliquer les différentes étapes à suivre, en termes de dépistage, d'élimination des bêtes IPI, les délais pour les réaliser, les aides financières possibles du conseil départemental de la Loire, ou du GDS départemental, etc. Nous avons ainsi en charge tout le suivi, pour éviter une contamination plus importante. Globalement, nous sommes le pivot entre les laboratoires, les vétérinaires et les éleveurs, pour travailler en collaboration et avancer tous dans le même sens en vue d'éradiquer la BVD. »

Au fil de vos missions, avez-vous déjà dû faire face à des situations complexes ?
F. T.  : « Effectivement, cela nous arrive régulièrement et, d'un point de vue personnel, je préfèrerais m'en passer. Mais je n'oublie pas que les éleveurs sont les plus impactés par la situation. Certaines fois, le contexte est compliqué : beaucoup d'animaux sont infectés par la BVD tandis que d'autres développent une autre maladie ou sont largement impactés par la baisse d'immunité engendrée par la BVD, ce qui provoque un taux de mortalité important. Cela cause non seulement des conséquences financières pour l'élevage en question, mais aussi sur le moral des éleveurs : il est parfois compliqué de garder le moral quand des veaux meurent chaque jour. Mais c'est aussi notre travail que de les informer, les aider, et trouver les bons mots pour les accompagner. » n

Propos recueillis par Amandine Priolet
* IPI : infectés permanents immunotolérants.

 

Foire aux questions

 

Un bovin conclu IPI est présent dans mon cheptel. Puis-je le garder quelques mois pour l’engraisser avant de l’éliminer ?

FAUX Les animaux reconnus IPI doivent être éliminés du troupeau le plus rapidement possible et au plus tard dans un délai de 15 jours suivant la notification au détenteur. Une élimination rapide des bovins IPI est l’un des facteurs de la réussite du plan d’éradication.

 

Puis-je vendre un bovin conclu IPI dans un cheptel d’engraissement ?
FAUX La sortie des animaux reconnus IPI du troupeau n’est autorisée que pour leur transport direct vers un abattoir ou vers un équarrissage (après euthanasie par le vétérinaire sanitaire).

Dois-je dépister l’ensemble de mes bovins si mon troupeau est infecté ?
VRAI Dans un troupeau infecté de BVD, dans le mois suivant la notification de l’infection, doivent être dépistés tous les animaux dont le statut infectieux au regard de la maladie n’est pas connu. Il s’agit, la plupart du temps, des bovins sans descendance et des mâles reproducteurs non dépistés à l’introduction.

Puis-je attendre la fin de la période de pâturage pour réaliser le dépistage du troupeau ?
FAUX Le délai de réalisation de ce dépistage est d’un mois suivant la notification de présence d’un bovin IPI. Le délai peut être allongé à deux mois si les animaux concernés sont au pâturage.

Dois-je dépister l’ensemble des animaux achetés ?
VRAI Le dépistage à l’introduction peut vous permettre de ne pas introduire la maladie dans votre cheptel. Toutefois, Il est inutile de dépister les animaux déjà connus non IPI.