FDO : discussion nourrie autour de l'actualité ovine

La FDO de la Drôme s'est réunie en assemblée générale le 4 février au matin à Crest, avant la tenue, l'après-midi, de la foire aux béliers. Les deux vice-présidents, François Monge et Nicolas Peccoz, ont amené la discussion sur les principales problématiques de la filière ovine. Parmi elles, les visites rapides relatives aux prorata des surfaces peu productives déclarées pour la Pac (landes, parcours et estives), qui sont en cours. La directrice adjointe de la DDT(1), Martine Cavallera-Levi, a avancé le chiffre de 80 visites récemment réalisées. Bien que n'ayant pas les retours officiels de ces contrôles, elle en a dit : « Ils se sont plutôt bien passés, il n'a pas été relevé de grandes distorsions ».
Le casse-tête des « prorata »
Ces prorata ont suscité des commentaires. Il semblerait logique que les rectifications s'appliquent dans les deux sens, c'est-à-dire également quand un agriculteur a déclaré une surface inférieure à celle contrôlée. Une éleveuse contrôlée l'a fait remarquer. Une surface corrigée à la baisse, « c'est du revenu en moins, a déploré François Monge. Le ministre avait parlé de contrôles pédagogiques mais je crains des sanctions. Il aurait mieux valu que l'administration établisse ces prorata et que les agriculteurs corrigent. Or, c'est l'inverse qui a été fait ». Le pâturage sous bois participe à la lutte contre les incendies. « On n'est pas valorisé pour ça », a regretté Alain Baudouin. Présent à cette assemblée, le secrétaire général de la FNO, Patrick Soury, a appuyé : « A l'heure où l'on nous parle d'agro-écologie, d'agroforesterie, il faut une cohérence entre le langage politique et les faits sur le terrain. » Et d'espérer une finalisation de ce dispositif complexe avant l'ouverture de la prochaine déclaration Pac. En 2015, les éleveurs ont dû remplir leur dossier sans connaître la réglementation. Ils ne voudraient pas vivre la même expérience en 2016.
Faut-il vacciner contre la FCO ?
Sur le plan sanitaire, pour la FCO (fièvre catarrhale ovine), la situation n'a pas évoluée depuis fin décembre. Le plan de vaccination à venir est toujours en discussion, a indiqué le directeur de la DDPP(2), Bertrand Toulouse. Faut-il vacciner ? Le directeur du GDS(3), Benjamin Deltour, a répondu : « Il n'y a pas de foyer de FCO actuellement dans la Drôme. Mais la vaccination est l'assurance tous risques. A chaque éleveur de se positionner pour son troupeau. » Et, en cas de vaccination, il conseille de la pratiquer au moins un mois avant la lutte. Car le vaccin peut faire monter la température de l'animal et rendre le bélier temporairement infertile. « La vaccination est le seul moyen de se couvrir face à la FCO et, pour le moment, elle est prise en charge par l'État, a observé le secrétaire général de la FNO. J'encourage les éleveurs qui sont dans une démarche de vaccination à prendre contact avec leur GDS et leur vétérinaire. » Et de mettre aussi en garde : le FMSE(4) ne fonctionnera pas pour les élevages n'ayant pas vacciné.
Concernant la brucellose des petits ruminants, le directeur de la DDPP a insisté sur l'importance de la surveillance événementielle (avortements). Du fait de la reconnaissance du statut « officiellement indemne » de brucellose, le dépistage est passé à un rythme quinquennal dans la Drôme. La prophylaxie a été allégée sauf pour les transhumants collectifs, ainsi que les ovins et caprins laitiers.
Loup : des demandes
34 loups ont été prélevés sur les 36 autorisés au plan national pour la campagne 2015-2016. Un projet d'arrêté est à l'étude pour relever ce plafond à 42 d'ici le 30 juin (fin de la campagne), a annoncé le sous-préfet de Die, Clara Thomas, avant de souligner les avancées sur ce dossier : « Un coup d'accélérateur phénoménal a été mis sur la problématique loup depuis un an et demi ». Les attaques de loups, c'est une double pénalité pour les éleveurs car (outre la perte d'animaux), pour émarger à l'aide ovine, le seuil minimum est de 0,4 agneau vendu par brebis par. Pour les cas de prédation, « les services de l'Etat nous ont assuré une plus grande souplesse, a rappelé François Monge. Alors, que la dérogation s'applique. » Quant aux indemnités liées à la prédation du loup en 2015 (304 animaux), elles n'ont toujours pas été réglées aux éleveurs. D'après la directrice adjointe de la DDT, les dossiers devraient être mis en paiement ce mois-ci. Les animaux disparus suite à prédation (près de 200 en 2015), eux, ne sont pas indemnisés. La profession voudrait aussi voir ce dossier évoluer.
Une épine
La FDO a un problème épineux à résoudre : un résultat comptable négatif depuis deux ans, lié notamment à une baisse des missions régionales de son animatrice, Nathalie Groulard. Au sein de la FDO, un groupe de travail cherche des solutions, entre autres du côté des services à proposer aux adhérents. A noter encore, un partenariat avec la chambre d'agriculture a démarré en 2015. Grâce à lui, un projet pour la filière ovine a pu être présenté au conseil départemental. Ce projet est destiné à renforcer la présence des techniciens en vue d'améliorer les performances des élevages. Ainsi que l'a dit son vice-président en charge de l'agriculture, André Gilles, le conseil départemental (dont le budget 2016 sera voté le 15 février) devrait apporter son soutien à la FDO et la filière ovine.
Annie Laurie
(1) DDT : direction départementale des territoires.
(2) DDPP : direction départementale de la protection des populations.
(3) GDS : groupement de défense sanitaire.
(4) FMSE : fonds de mutualisation sanitaire et environnemental.