Fertilisation de fin de cycle des blés tendres

Plus l'azote est apporté tardivement, mieux il est absorbé par la plante et plus il jouera sur la teneur en protéines. Globalement, un report de 40 unités d'azote au stade dernière feuille étalée permet une augmentation de 0,5 % de la teneur en protéines. Mais les variétés qui présentent les plus faibles teneurs en protéines nécessitent un report d'azote fin montaison supérieure. Les tableaux de préconisations variétales de mise en report sont actualisés chaque année au terme des essais (disponible gratuitement dans la brochure « Choisir et Décider » téléchargeable sur www.arvalis-info.fr). L'azote apporté au stade dernière feuille étalée est au moins aussi efficace sur le rendement que l'azote apporté début montaison. Lorsque le report est supérieur ou égal à 60 unités, il peut être fractionné en deux. Dans ce cas, le dernier apport devient spécifique de la qualité et sera efficace jusqu'au stade épiaison. Pour être correctement efficace, tout apport d'azote doit recevoir 15 à 20 mm de pluie dans les 20 jours. On tiendra donc compte de la pluviométrie à venir pour positionner les apports montaison
Ajuster la dose avec un outil de diagnostic (farmstar, N-Tester, jubil) Si le calcul de la dose prévisionnelle est indispensable, il reste imprécis quelle que soit la méthode, car il est calculé à partir de données hypothétiques (rendement, minéralisation du sol, efficacité de l'azote...). L'utilisation d'outils de pilotage permet d'ajuster au plus près des besoins de la culture la quantité totale d'azote à apporter, à condition bien sûr d'avoir mis en réserve une partie de la dose totale. Sans garantir son atteinte, ces outils prennent en compte l'objectif de qualité : obtenir 11,5 % de protéines quelle que soit la variété.
Peut-on utiliser sans problème les OAD de pilotage du 3e apport d'azote ?
Globalement, dans la région, les apports d'azote ont été bien valorisés au gré de quelques bons épisodes orageux. Sauf dans la Loire, les quelques situations avec un déficit de pluie ne semblent pas avoir engendré de pertes de rendements significatives. Dans les situations de valorisation incomplète des précédents apports, il est probable que les outils de diagnostic indiquent - à raison - une carence azotée (puisque la culture n'a pas eu accès à tout l'engrais apporté), mais que le conseil de dose corrective soit surestimé en raison du stock d'azote présent dans le sol, en attente d'absorption par la culture. La première condition pour une utilisation pertinente d'un outil de pilotage est que l'apport d'azote principal à « épi 1 cm » soit valorisé par la plante. Dans le cas contraire, tout ou partie de l'apport « épi 1 cm » est encore dans le sol. Pour qu'il soit considéré comme valorisé, un cumul de 15 mm de pluie depuis l'apport est nécessaire. Dans le cas des outils Yara N-Tester et Farmstar, on doit attendre encore 5 jours après l'obtention de ce cumul, pour que la mesure (au sommet de la plante) soit pertinente. Différents cas se présentent si se prolonge l'absence de pluie, selon l'outil considéré. Voici des éléments pour quelques OAD :
• Jubil : En cas d'absence de pluie prolongée, jusqu'au stade « dernière feuille ligulée », le dosage de la teneur en nitrate du jus de base de tige devient inapproprié. En effet, la méthode repose sur la constitution par la plante d'un stock de nitrate en tout début de montaison. On mesure alors la décroissance de ce stock. S'il n'est pas réalisé, alors on ne mesurera en fin de montaison qu'un flux de nitrate dans la base de la tige, variant quotidiennement et impossible à interpréter.
• Yara N-Tester : En cas d'absence de pluie depuis le début de montaison, on peut attendre un stade ultérieur pour profiter d'un retour de pluie en fin de montaison. Si le retour des pluies se fait autour du stade « dernière feuille ligulée » et qu'il y a un cumul de 15 mm (+ 5 jours), on peut mettre en œuvre la méthode au stade « dernière feuille étalée » ou « gonflement ». Attention, dès que le stade « épiaison » est atteint, il est trop tard, la mesure serait alors en dehors des conditions d'utilisation.
• Farmstar : L'outil est pleinement valide si un cumul de pluie suffisant a été atteint suite au dernier apport d'azote ; dans le cas contraire, le conseil Farmstar reflète bien l'état de nutrition azotée de la culture au moment de la prise d'image, mais le conseil de dose doit être modulé en fonction d'une part estimée du précédent apport qui serait toujours en attente d'absorption dans le sol, ou qui aurait été perdu par volatilisation.
Thibaut Ray, Arvalis-Institut du végétal