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Aviculture

Filière pintade : l’espoir d’un rebond après une année difficile

L’année 2020 reste un mauvais souvenir pour la filière pintade et tous les espoirs reposent maintenant sur un rebond de la consommation pour les fêtes de fin d’année.

Filière pintade : l’espoir d’un rebond après une année difficile
La France est le premier pays producteur et consommateur de pintades au monde, suivie par l’Italie et récemment la Pologne.
© Actuagri

Durant la pandémie, en raison de la fermeture des restaurants, principal débouché de la filière, les éleveurs de pintade ont dû réduire la production de 14 % par rapport à 2019, passant ainsi de 29 à 25 millions de têtes. La consommation à domicile n’a pas compensé la diminution des ventes dans la restauration. Une situation qui s’explique par le fait que la pintade n’est pas toujours mise en valeur dans les rayons de la GMS en dehors des périodes de fêtes. Sur les neuf premiers mois de 2021, les mises en place de pintadeaux dans les élevages sont en recul de 2,6 % par rapport à 2020 en raison des stocks constitués cette année-là.
Consciente de ces difficultés, la filière a lancé une campagne de communication, avec le soutien de l’Union européenne (UE), pour rappeler le savoir-faire des éleveurs français et dynamiser le marché en mettant en avant les qualités nutritionnelles et gustatives de la pintade. Le site internet lapintade.eu propose à cet effet des informations sur l’élevage de ce « bel oiseau » et des recettes pour sublimer cette volaille festive.

Comportement proche du gibier

La France est en effet le premier pays producteur et consommateur de pintades au monde, suivie par l’Italie et récemment par la Pologne. Le principal bassin de production se situe dans les Pays de la Loire et le Sud-Ouest mais il existe aussi dans notre département une IGP « Pintadeau de la Drôme ». La pintade standard représente 65 % de la production, le reste (35 %) étant commercialisé sous signe de qualité, label rouge ou bio. 20 % de la production est exportée, principalement au Royaume-Uni, en Allemagne et en Belgique. La France possède également le dernier sélectionneur de pintades au monde. Des atouts qui participent à la richesse de la filière avicole française et qu’il convient de sauvegarder.
La pintade est cependant restée une volaille rustique, à croissance lente, d’où un élevage plus long que celui du poulet. Elle exige de l’éleveur une vigilance particulière. Pour Alexandre Plu, qui élève différentes variétés de volailles à Tennie (Sarthe), « la pintade est un animal nerveux. A l’état sauvage c’est une proie. Elle vit en troupeau, chacune a son rôle, certaines surveillent pendant que les autres mangent. Il faut éviter de faire du bruit. Elle a un comportement plus proche du gibier », explique-t-il. Ses pintades standard sont élevées pendant 80 jours avec une densité de seize animaux au mètre carré. « C’est la pintade qui apprivoise l’éleveur, avoue-t-il. Elles veulent de la musique, des perchoirs et il faut toujours marcher dans la même direction qu’elles. »

Conquérir le marché

Olivier Compain, éleveur de pintades label rouge à Ruillé-en-Champagne (Sarthe) fait le même constat : « Les pintades sont toujours occupées, quand les dindes se dorent au soleil, la pintade est en activité ». A partir de 45 jours, quand elles ont toutes leurs plumes, elles sortent sur un parcours de deux hectares de prairies naturelles, ombragées d’arbres. « Elles pâturent, mangent de l’herbe, ça nettoie tout » . Mais c’est « plus de travail que le poulet », reconnaît-il car le parc doit être fermé, grillagé, contrairement aux poulets. Ses pintades seront élevées pendant 95 jours, avec une densité de treize au mètre carré quand elles sont à l’intérieur.
La pintade est appréciée du consommateur. Moins dodue que le poulet, sa viande est maigre, riche en protéines, et son goût à mi-chemin entre le gibier et la volaille. C’est un plat du terroir français, encore faut-il ne pas la « gâcher » en la cuisant comme un poulet. Il est recommandé de la faire en cocotte, avec un départ à froid, pour ne pas la dessécher et la déguster « rosé ». Pourtant 12 % seulement des foyers en achètent régulièrement bien qu’elle soit tout juste plus chère que le poulet. Pour reconquérir le marché, la filière a pour objectif d’augmenter les ventes en découpe en GMS. Ce qui permettrait de changer les habitudes et de répartir les ventes sur toute l’année. Car aujourd’hui, elle est considérée comme une volaille festive, et l’on consomme cinq fois plus de pintade à Noël et Pâques que durant le reste de l’année.

Le pintadeau de la Drôme

Le pintadeau de la Drôme
Le pintadeau de la Drôme provient de souches locales rustiques de pintades à croissance lente. © AD26

Souche spécifique à pattes noires, le pintadeau de la Drôme a d’abord été reconnu appellation d’origine garantie (AOG) en 1969, transformée en label rouge (le seul à exister en France pour cette volaille) en 1998. S’ajoute une IGP (indication géographique protégée), obtenue en 2010, dont l’aire géographique couvre l’ensemble du département hormis les communes se situant à plus de 500 mètres d’altitude (venant d’Afrique, la pintade n’apprécie pas le froid).
Le cahier des charges stipule une obligation d’élevage en liberté : parcours plein air sous forme de volière d’une surface 800 m2 minimum, de 2 m de haut et avec des perchoirs. Les animaux ne sont pas désailés. Ils accèdent au parcours entre la cinquième et la huitième semaine. L’alimentation est 100 % végétale, composée à 70 % de céréales* et, à partir de la dixième semaine (finition), de pépins de raisin. Les pintadeaux de la Drôme sont abattus à un âge compris entre 87 et 100 jours. 
* L’alimentation basée sur les céréales avec une finition aux pépins de raisin donne une viande festive appréciée depuis le début du 20e siècle.

Des plantes pour lutter contre l’antibiorésistance

« L’utilisation d’extraits de plantes est une piste prometteuse pour réduire l’usage des antibiotiques en élevage et lutter contre l’antibiorésistance », indique l’Inrae dans un communiqué de presse publié le 28 octobre. Avec trois nombreux instituts publics et entreprises privées, l’institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement a mené une étude en incorporant de l’extrait de mélisse dans les aliments des poulets de chair. Plante d’origine méditerranéenne, la mélisse se caractérise par ses nombreuses propriétés biologiques incluant des effets antioxydant et anti-inflammatoire.
Les scientifiques ont testé des volailles en incorporant 1 % d’extrait de mélisse dans leurs aliments. Ils ont vérifié que les volailles étaient tolérantes à cet extrait et que la mélisse pouvait renforcer leur système immunitaire. Les scientifiques ont suivi 720 poulets depuis leur éclosion jusqu’à leur fin de vie. Les résultats semblent concluants selon l’Inrae puisqu’ils « montrent que les cellules sanguines prélevées sur les poulets ayant consommé de l’extrait de mélisse avaient une plus forte activité antioxydante et anti-inflammatoire, et donc une meilleure réponse immunitaire vis-à-vis de l’infection simulée que celles des poulets nourris avec des aliments sans extrait de mélisse », indique le communiqué de presse. L’antibiorésistance est le risque que les antibiotiques deviennent à terme inefficaces si on en multiple l’usage. 

Matières premières  : les aviculteurs tirent la sonnette d’alarme

« Il y a urgence à répercuter les hausses du coût de l’alimentation animale dès maintenant. Il en va de l’avenir du potentiel de production national », a indiqué dernièrement Jean-Michel Schaeffer, président de la Confédération française de l’aviculture (CFA). Selon l’organisation avicole, les projections de l’Institut technique (Itavi) sur l’augmentation du prix des matières premières qui représente près des deux tiers du coût de production d’une volaille « sont dramatiques ». Depuis septembre 2020, le coût de l’alimentation des poulets, dindes, poules pondeuses a augmenté de presque + 30 %. « Dans les œufs, c’est la même chose : en septembre 2021, l’indice “poules pondeuses” reste significativement au-dessus de son niveau de l’année précédente (+ 24,4 % par rapport à septembre 2020) », insiste la CFA. Face à cette variation des prix de l’alimentation animale « excessive depuis un an » et qui plonge l’indice Itavi dans le « le rouge écarlate », Jean-Michel Schaeffer demande une répercussion des hausses et que « nos partenaires de la distribution et de la restauration entendent nos demandes. C’est l’avenir des éleveurs et de toute la filière qui est en danger ». Pour rappel un poulet sur deux consommé en France est importé.