Filière volaille : des Sud-Coréens dans la Drôme

Un groupe de huit Sud-Coréens était en visite dans la Drôme vendredi 30 juin afin de découvrir la filière volaille label. Cette visite était incluse dans un séjour français qui a débuté par l'Alsace et s'est poursuivi par la Bresse pour se conclure dans notre département. Elle s'est déroulée dans le cadre d'un programme de cinq ans défini par le gouvernement coréen, destiné à améliorer la biodiversité animale et végétale et conduit en particulier avec l'université de Séoul.
La France, une référence
La France a été choisie dans le domaine des volailles car elle constitue un pays de référence en matière de préservation des souches de volailles fermières. La journée a été organisée et encadrée par Dominique Bénistant, président du syndicat des volailles fermières de la Drôme, et Julien Chantepy, responsable productions animales à la coopérative Valsoleil.
Les deux professeurs, les deux chercheurs, les deux entrepreneurs et le journaliste de télévision sud-coréens présents ont pu découvrir tout d'abord l'abattoir BRD (Bernard Royal Dauphiné) de Grâne, puis un élevage de poulets de ferme, celui de M. Rosier à Autichamp. Avant de déguster du poulet label et du pintadeau de la Drôme au restaurant « La demeure de Grâne ».
Des échanges
L'après-midi a été consacré à la visite de l'usine d'aliment Aleo Ucabio, à Chabeuil, complétée par un déplacement au siège de Valsoleil à Montélier pour recevoir des informations complémentaires. Les visiteurs se sont montrés très attentifs aux explications sur la fabrication de l'aliment, prenant notes et photos, y compris des échantillons de farines destinées aux poules pondeuses et de granulés pour volailles de chair.
De nombreuses questions ont été posées par l'intermédiaire d'une des membres du groupe, bilingue (ayant vécu six ans en France). Elles concernaient notamment la question des OGM. Les Coréens ne savaient pas qu'aucune production OGM n'est autorisée en France. « Est-ce un problème de sécurité alimentaire ou est-ce lié à la demande des consommateurs ? », a demandé l'interprète. « Il n'y a eu que des essais, jamais d'autorisation. C'est un vrai problème de santé publique », a répondu Julien Chantepy. La part de soja importé entrant dans la fabrication de l'aliment conventionnel a été réduite à un tiers et remplacée par du tournesol ainsi que du soja français, a expliqué celui-ci.
Des différences notables
Les Coréens se sont intéressés également à la traçabilité de la viande de volailles. Ils ont appris aussi que, « parallèlement à la diminution des produits phytosanitaires pour avoir des cultures de plus en plus saines, la politique européenne imposait une diminution de 25 % des traitements antibiotiques ». Julien Chantepy a aussi indiqué : « Le consommateur achète de plus en plus de poulets label et de poulets bio. 40 % des volailles viennent de l'importation : Belgique, Allemagne, Pologne, Brésil et Thaïlande pour la consommation hors foyer (restauration collective). Le Français veut manger bien mais pas cher. Et la segmentation due aux différences de pouvoir d'achat est en augmentation ». Et de noter encore : « Pour la deuxième année, on assiste à une diminution du conventionnel et à une augmentation de la viande bio ». Ce n'est pas le cas en Corée où les consommateurs ne trouvent pratiquement que du poulet d'usine et où sont consommées des volailles de petite taille (500 ou 600 grammes), par habitude culturelle.
« Ici, les gens sont plus sensibles à ce qu'ils mangent, a observé la jeune Sud-Coréenne bilingue. Et les différences sont beaucoup plus importantes. En Corée, à côté de la volaille blanche d'usine il y a seulement une volaille fermière noire qui est préservée mais très peu commercialisée à cause de son prix. » A l'issue de la visite, la jeune femme a souligné : « Les gens sont bien plus accueillants et agréables dans la Drôme que dans les autres régions où nous sommes allés ! »
Elisabeth Voreppe
Aleo Ucabio : 21 000 tonnes d’aliment bio
Ucabio fonctionne depuis trois ans. L’usine est l’une des dernières créées en France, dans un contexte de diminution du marché de l’alimentation animale (on assiste plutôt à des fermetures).
La société Aleo Ucabio travaille avec deux partenaires : CDC (coopérative drômoise de céréales) et CAD (coopérative agricole la Dauphinoise). 21 000 tonnes d’aliment sont produites, entièrement en bio. Les céréales (100 % non OGM) proviennent pour 50 % du silo bio voisin et pour 50 % de l’extérieur, la partie protéique (les tourteaux de soja) pouvant venir de l’étranger.
La coopérative Valsoleil met en place 240 000 poussins par semaine pour les volailles de chair, répartis en poulets standard, label, bio et pintades (7 500 seulement, soit 3 %, la moitié en pintadeau de la Drôme), a précisé Julien Chantepy. Et d'ajouter : « En France, on consomme seulement une pintade par an et par habitant ».