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Cultures intermédiaires

Focus sur les couverts à vocation énergétique

Quels sont les préalables à la mise en place de cultures intermédiaires à vocation énergétique. Quelles sont les variétés les plus adaptées ? Comment peut-on apprécier leur pouvoir méthanogène ? Éléments de réponse avec les équipes d'Arvalis-Institut du végétal.
Focus sur les couverts à vocation énergétique

Selon les experts, les cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive) cumulent plus d'avantages que les Cipan (cultures intermédiaires pièges à nitrates) car, outre leur capacité à enrichir le sol en matière organique, elle constitue une fois récoltée un réservoir de production énergétique. Si les principaux essais autour des Cive sont actuellement menés dans l'Est et le Sud-Ouest, de plus en plus de régions s'y intéressent. « Les couverts d'interculture remplissent de nombreuses fonctions agronomiques et environnementales : matière organique, fourniture d'azote, lutte contre le lessivage et l'érosion. Si la réglementation tend à les généraliser, l'ajout d'une fonction économique (revenu) et environnementale (réduction des émissions de GES) aux couverts d'interculture est certainement un facteur de développement », explique Nicolas Dagorn, de la région Centre d'Arvalis. Le principe des Cive repose sur l'implantation de trois cultures en deux ans : deux cultures alimentaires et une non alimentaire. Elles peuvent être d'été ou d'hiver.

Été ou hiver : deux périodes clés d'implantation

Les Cive d'hiver sont semées en fin d'été ou début d'automne et récoltées au début du printemps avant une culture alimentaire d'été. « Ces Cive ont l'avantage d'être peu sensibles à l'alimentation hydrique dans la plupart des situations. En revanche, elles peuvent impacter la culture d'été suivante avec une réserve hydrique en partie consommée au semis. Cet impact sera fonction des conditions climatiques de l'année et du niveau de réserve utile des sols », analyse Nicolas Dagorn. Les Cive d'été sont semées en été et récoltées en début d'automne. Elles sont positionnées après une culture alimentaire d'hiver (blé, orge, colza, pois). « Ces Cive ont un développement qui dépend très fortement de l'alimentation hydrique avec une productivité limitée en cas de manque d'eau. Leur cycle court limite leur impact sur la culture suivante et leur positionnement avant la recharge hivernale des sols provoque peu de concurrence sur les réserves en eau », poursuit l'ingénieur.

Nicolas Dagorn travaille au centre d’Arvalis-institut du végétal du Cher.

Quelles variétés ?

Pour une Cive d'hiver, le réseau d'Arvalis préconise les graminées ou des associations graminées-légumineuses. Les graminées les plus adaptées sont l'avoine, le triticale, l'orge... Le choix variétal devra privilégier la précocité, la productivité de biomasse, la tolérance à quelques ravageurs, maladies ou viroses (JNO...), voire le caractère non gélif en fonction des conditions locales. L'introduction de légumineuses limite la production de biomasse mais participe à l'autonomie azotée des exploitations via le retour au sol des digestats de méthanisation. Un seuil de 20 % de légumineuses semble opportun (vesce commune, vesce velue, féverole...). Le choix des espèces dépendra des conditions pédoclimatiques pour éviter la dominance d'une des deux espèces de l'association. Dans tous les cas, les mélanges simples (deux espèces) sont à privilégier. Pour une Cive d'été, le choix doit se porter sur des espèces productives sur un cycle court (90 jours). En effet, les Cive d'été disposent d'un calendrier serré très dépendant de la culture précédente. Ainsi, le maïs, le sorgho et le tournesol sont de bons choix lorsque le calendrier le permet, tandis que le moha peut s'avérer intéressant en cas de calendrier plus serré. Pour les Cive d'été, il n'y a pas d'intérêt à mélanger des espèces entre elles. Le choix de l'espèce doit aussi se raisonner en fonction des risques de ravageurs et des problématiques de désherbage liées au précédent (repousses difficiles à gérer).

Des débouchés naissants

Le débouché actuel des Cive est la méthanisation, mais les valorisations n'en sont qu'à leur début. Dans l'avenir, les Cive pourront alimenter les unités industrielles au centre de la bioéconomie : unités d'éthanol cellulosique ou bien bioraffineries tournées vers l'extraction de molécules à haute valeur ajoutée. 

Sophie Chatenet
avec Arvalis