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Observatoire

Foncier agricole drômois : un dynamisme qui se confirme

Les grandes tendances des marchés fonciers ruraux et en particulier agricole constatées par la Safer dans la Drôme en 2018.
Foncier agricole drômois : un dynamisme qui se confirme

Chaque année, la Safer* fait état de ses observations sur la dynamique des marchés fonciers ruraux et en particulier agricole dans la Drôme. Ce dernier correspond aux biens dont la destination agricole principale est certaine, du fait de l'existence d'un bail, du statut de l'acquéreur (agriculteur) ou de la nature agricole des terrains et de leur superficie.

+ 7 % de transactions

Dans notre département, en 2018, le marché foncier agricole a encore poursuivi son ascension. 974 transactions ont en effet été enregistrées (hausse de 7 %) pour un total de 4 467 hectares (23,5 % de plus qu'en 2017, où l'augmentation était déjà de 21 %). Au contraire de 2017, ce sont les ventes de biens comprenant du bâti qui ont le plus progressé (2 194 ha, + 46 %). Ces biens avec bâti se sont échangés à 243 250 € en moyenne par vente (prix reparti à la hausse après une baisse constatée l'année précédente). Les biens non bâtis ont également augmenté en nombre (+ 8 % par rapport à 2017) et en surface (+ 7 %). Cela vient renforcer le constat « d'une forte concurrence observée depuis plusieurs années sur ce segment », selon Antoine Boulleau, chef de projet au département recherche, études et développement à la Safer Auvergne-Rhône-Alpes.

Non bâti : les prix se stabilisent

Malgré une activité plus soutenue du marché agricole, le prix moyen du non bâti (hors vignes) retrouve le niveau de 2015, après deux années de hausses successives. Il s'établit à 0,67 €/m² en 2018. « On trouve la confirmation de cette tendance par la baisse du nombre de candidats de 20 % environ. La course à la compensation de la baisse de rentabilité des exploitations marque le pas. Mais l'essentiel de cette concurrence est observé sur le couloir rhodanien, où étaient déjà les plus hautes valeurs, notamment les plaines de Valence et Montélimar », fait remarquer Antoine Boulleau. Par contre, les secteurs d'élevage restent dans une situation baissière en raison de la crise qui perdure dans cette filière. Le prix des terres et des prés dans la Drôme en 2018 sont indiqués par géomarchés**.

Vignes : un marché en baisse

Sur le marché foncier viticole, 142 transactions ont été enregistrées en 2018 (12 % de moins qu'en 2017) dont deux avec bâti. La surface totale échangée est de 261 ha (- 13 %). Le marché est à la baisse en surface mais avec une relative stabilité des prix. Les effets des aléas climatiques et de certaines difficultés structurelles sur de petites productions se ressentent sur le marché.
Pour les appellations viticoles du Diois, le foncier fait l'objet de peu d'échanges. Les transactions marquent cependant une hausse pour s'établir en moyenne à 42 000 € l'ha. La Clairette de Die jouit d'une belle image et d'un marché porteur qui raffermissent les transactions. En Crozes-Hermitage, la demande sur les vignes est toujours très forte, notamment de la part des grandes maisons de négoce. Des acquisitions sont faites également par des viticulteurs. Le prix de cette appellation a tendance à se rapprocher de celle du Saint-Joseph, voire à la dépasser : prix moyen constaté à 125 000 € l'ha. En conséquence, la concurrence s'établit surtout sur les terres nues, en appellation, à planter. En Côtes-du-Rhône, le prix des vignes se maintient voire augmente légèrement sur l'ensemble des segments. De 18 000 € l'ha en Côtes-du-Rhône régionale à 20 000 € en Côtes-du-Rhône village avec nom de commune. Le Vinsobres, lui, se maintient au prix de 45 000 € l'ha.

Autres tendances

« Nous devons gérer des concurrences entre des projets innovants et d'autres plus classiques », indique Damien Bertrand, directeur départemental Drôme de la Safer Auvergne-Rhône-Alpes.

« Comme en 2017, la majorité des projets sont hors cadre familial et basés sur des activités plurielles comme la production et l'accueil ou la production, la transformation et la vente directe, constate Damien Bertrand, direc

 

teur départemental Drôme de la Safer Auvergne-Rhône-Alpes. Nous devons gérer des concurrences entre des projets innovants et d'autres plus classiques. Notre difficulté est de mesurer les qualités techniques et économiques de ces nouveaux projets. Cela afin d'orienter le foncier vers les activités économiquement viables. »
Quant aux formes sociétaires, elles représentent 23 % des transactions en 2018 contre 28 en 2017. Ces personnes morales ont acheté moins de foncier également en 2018 mais davantage que les acquéreurs personnes physiques. « Ces chiffres, ajoute Damien Bertrand, confirment le phénomène que nous décrivions en 2017 notamment sur le pouvoir de régulation de la Safer, qui s'amenuise d'année en année du fait de l'augmentation de la part du foncier détenue par des sociétés. »

 

* Safer : Société d'aménagement foncier et d'établissement rural.
** Géomarchés : unités géographiques considérées comme homogènes du point de vue des marchés fonciers agricoles.

 

Drôme /
Les marchés ruraux
Le marché de l'espace rural (biens ayant un usage agricole ou naturel potentiel ou réel au moment de la vente) progresse encore : 3 387 transactions (+ 7 %), 7 104 ha (+ 8,5 %).
Depuis cinq ans, le lot bâti résidentiel en milieu rural est à la hausse. Le nombre de transactions effectuées progresse de 5 % et, dans le même temps, les surface vendues diminuent de 12 %. La surface moyenne d'un lot comprenant un bâti résidentiel en milieu rural diminue donc, passant de 1,02 ha en 2017 à 0,85 en 2018. Toutefois, la progression constante depuis plusieurs années du nombre de ventes dans ce segment de marché traduit une attractivité de plus en plus importante de ce type de biens. Ceux-ci offrent aux acheteurs des surfaces de terrain très supérieures à ce qu'impose désormais les documents d'urbanisme (600 à 800 m2 pour un terrain à bâtir en neuf contre 8 500 m2 pour une maison ancienne notifiée à la Safer). Dans la plupart des cas, ces terrains quittent l'espace productif agricole. Néanmoins, entre 2012 et 2017, « Nous évaluons à 286 ha par an de foncier agricole qui ont pu être préservés, soit l'équivalent de neuf exploitations, grâce à l'intervention de la Safer lors de ventes résidentielles, en imposant aux acquéreurs de mettre à disposition les terrains agricoles soit par bail, soit par conventionnement », indique Damien Bertrand, directeur départemental Drôme de la Safer Auvergne-Rhône-Alpes.
Le marché d'agrément (particuliers achetant des terrains initialement agricoles) se stabilise par rapport à 2017. 145 ha ont ainsi été soustraits à l'activité agricole en 2018 (contre 150 ha en 2017). Un « plaisir » ou une « tranquillité » acheté(e) à 4,13 €/m2 en moyenne (contre 0,67 pour le terrain agricole). Le prix moyen pratiqué sur ces espaces a nettement diminué par rapport à 2017 (- 28 %). Toutefois, selon Antoine Boulleau, il faut « rester prudent sur l'analyse des prix, les écarts constatés d'une année sur l'autre peuvent s'expliquer de par la diversité des biens alimentant ce segment de marché tant sur leur nature réelle que sur leur superficie et situation géographique ».
La nette progression des espaces artificialisés constatée entre 2015 et 2016 se poursuit en 2017* (+ 8 %). Cette progression se fait quasi-exclusivement au détriment des espaces agricoles (98 % des espaces artificialisés). En effet, 279 ha ont été retirés de l'agriculture en 2017 (contre 258 ha en 2016). Les communes traversées ou situées à proximité des principaux axes routiers du territoire (A7 et A49) sont les plus concernées par la diminution des espaces agricoles. « On observe une très forte concentration de ce phénomène dans le département. En 2017, 70 % des surfaces nouvellement urbanisées concernaient seulement 13 % des communes du territoire. »
* Les chiffres de 2018 ne sont pas encore connus.