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Espaces forestiers

Forestiers drômois : la recherche d'un équilibre agro-sylvo-cynégétique

Depuis 2010, l'Union drômoise des forestiers privés mène des actions pour une meilleure exploitation de la forêt. Cependant, la crise de la sylviculture et le morcellement des propriétés mais aussi les dégâts du grand gibier et l'amoindrissement du pastoralisme freinent la productivité.
Forestiers drômois : la recherche d'un équilibre agro-sylvo-cynégétique

« La crise de la sylviculture est aussi dure que celle de l'agriculture », a déclaré le 20 mai à Bourg-lès-Valence Gérard Chaurand, président de l'Union régionale des forestiers privés. Lors de l'assemblée générale de l'Union drômoise des forestiers privés (UDFP), il a témoigné des conséquences de la baisse des prix. « On ne plante plus en France, on n'exploite plus la croissance naturelle de la forêt, a-t-il regretté. De son côté, André Aubanel, président de l'UDFP, a pointé le manque de rentabilité et de productivité de la forêt drômoise (246 000 hectares). « Nous devons faire comprendre que la forêt n'est pas qu'un paysage intouchable mais une activité de production à caractère économique et environnemental », a-t-il souligné. Dressant le bilan des actions de l'UDFP depuis sa création en 2010, il s'est réjoui de voir le nombre des adhérents être passé de 68 à 800. Il s'est aussi félicité de l'augmentation de 20 % du nombre des plans simples de gestion (PSG), outil de connaissance des forêts, de définition d'objectifs et de prévision des coupes et travaux. Il a également mis en avant la démultiplication en Drôme des associations syndicales libres de gestion forestière (ASLGF), à même de faciliter la gestion durable des forêts. Un autre point de satisfaction sont les partenariats avec le Centre régional de la propriété forestière (CRPF) et Fibois.

Des semis forestiers anéantis par le grand gibier

© Journal L'Agriculture Drômoise

Toutefois, André Aubanel a regretté le manque de concertation avec les chasseurs. « Tous nos semis sont anéantis par le grand gibier, biches, cerfs et faons particulièrement, a déploré un propriétaire forestier du Vercors. Les prélèvement sont-ils suffisants, les ACCA jouent-elles toutes le jeu ? », s'est-il interrogé. Le secrétaire général de la Fédération des chasseurs de la Drôme (FDC), Jean-Louis Briand, a pointé le manque de représentants forestiers dans les 35 groupements de gestion cynégétique (GGC) de la Drôme. Car « c'est au niveau local que se définissent le mieux les objectifs de gestion des espèces chassables pour, ensuite, obtenir en commission de la chasse et de la faune sauvage des plans de chasse adaptés », a-t-il expliqué. Le représentant des chasseurs a tenu à souligner la réalisation à 90-95 % des quotas de chasse, indiquant par ailleurs que 16 100 sangliers ont été prélevés lors de la saison 2015-2016. Selon André Aubanel, les propriétaires forestiers n'ont pas suffisamment de disponibilité pour siéger dans l'ensemble des GGC. Aussi, a-t-il souhaité rencontrer la FDC pour débattre de l'équilibre sylvo-cynégétique en Drôme.

Le loup impacte les actions sylvo-pastorales

Créée en 2010, l'Union drômoise des forestiers privés compte aujourd'hui quelque 800 adhérents, dont une partie a assisté à l'assemblée générale le 20 mai au siège de la Chambre d'agriculture, à Bourg-lès-Valence.
© Journal L'Agriculture Drômoise

« Le sujet de la chasse est récurrent, a constaté Bruno de Jerphanion, président du CRPF Rhône-Alpes. Nous, forestiers, devons faire mieux remonter les problèmes. » Il a demandé aux propriétaires de déposer davantage de déclarations de dégâts. Il a, aussi, évoqué la participation des chasseurs ardéchois dans le financement de piquets de clôture, un dispositif dont pourrait s'inspirer la FDC de la Drôme.
Lors de l'assemblée générale, l'intérêt du pastoralisme dans la gestion des forêts a également été abordé. Pour engager des actions concertées de sylvo-pastoralisme, l'UDFP a sollicité l'Association drômoise d'économie montagnarde (Adem). De l'avis d'André Aubanel, cette dernière est confrontée, d'une part à la lourdeur du montage des dossiers, d'autre part aux conséquences de la présence du loup. « Brebis et chèvres restent davantage en bergerie, ce qui réduit l'efficacité des actions sylvo-pastorales », a-t-il regretté.
Ainsi, les forestiers privés de la Drôme promeuvent un équilibre agro-sylvo-cynégétique. Comme l'a rappelé Gérard Chaurand, « l'objectif des forestiers est de produire plus de bois, dans de meilleures conditions ».

Christophe Ledoux

Repères
La Drôme compte 320 000 hectares (ha) d'espaces forestiers dont 230 000 sont détenus par environ 48 000 propriétaires. C'est une forêt extrêmement morcelée d'où l'intérêt des actions de regroupement pour en faciliter l'exploitation. A l'échelle de la nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes, sont dénombrés 2,5 millions d'ha d'espaces forestiers. Environ 80 % sont privés (600 000 propriétaires). 90 % possède un ha ou moins.

 

Des besoins en bois rond
Fibois a conduit une étude sur les besoins en bois rond de la filière bois Drôme-Ardèche. Son objectif est d'améliorer la mobilisation de la ressource locale pour la première transformation. Une trentaine d'entreprises (scieurs, exploitants...) a été consultée. Il ressort de cette étude des besoins en bois rond très élevés dans le Nord-Drôme et sur le territoire de l'agglomération Valence-Romans-Sud Rhône-Alpes.

 

Le prix des forêts repart à la hausse

En 2015 en France, les forêts ont vu leur prix moyen augmenter de 2,8 % après quatre ans de stabilité. Les transactions affichent une valeur moyenne de 4 040 euros par hectare (ha) et 90 % de celles-ci se situent dans une fourchette de 650 à 11 700 euros/ha, ce qui reflète la grande variété des biens vendus. En lien avec le redémarrage des prix, le nombre de transactions a continué de grimper (16 040 soit + 6,4 %), surtout sur les parcelles de 1 à 10 hectares. Le marché des forêts de plus de 100 ha enregistre quant à lui une baisse notable (- 8 %), les propriétaires préférant vraisemblablement conserver leur patrimoine, considéré comme une valeur refuge depuis la crise financière de 2008. Ceci étant, du fait de la contraction des biens de plus 100 ha, les surfaces totales échangées sont en baisse, passant de 113 100 ha en 2014 à 109 300 ha en 2015.