Accès au contenu
Sylviculture

Forêts de Drôme et Ardèche : ne pas oublier les feuillus

Une revalorisation des essences feuillues comme le hêtre et le châtaignier permettrait de proposer des produits à plus forte valeur ajoutée sur des débouchés locaux. Pour engager le processus de transformation et valorisation des bois, une véritable stratégie territoriale apparaît indispensable.
Forêts de Drôme et Ardèche : ne pas oublier les feuillus

La forêt progresse encore, les feuillus en particulier. Comment améliorer la valorisation de ces essences peu à peu délaissées ou cantonnées à la production de bois énergie ? Les professionnels s'intéressent plus précisément à deux essences présentes parmi les 38,6 millions de m³ (Mm3) de feuillus recensés en Drôme et Ardèche. Les volumes sur pied de ces deux essences représentent 6 Mm³ pour le châtaignier (dont 5 en Ardèche) et 10 Mm³ pour le hêtre (dont 6 en Drôme).
L'état des lieux peut sembler peu propice à envisager une revalorisation de ces bois. Par exemple, pour le hêtre de qualité, la baisse continue du prix du bois sur pied, couplée à la hausse de la demande en bois bûche conduisent à une régression de la sylviculture. Sans oublier que la recette d'une coupe (rase) ne permet généralement plus de reboiser, alors qu'avec le changement climatique, certains peuplements demandent à être transformés. Pour le châtaignier, qui souffre de problèmes sanitaires (chancre de l'écorce, encre, cynips) et d'effets constatés du changement climatique, les superficies qui lui sont favorables ont tendance à se réduire.

Trier le châtaignier

La plupart des peuplements de châtaigniers sont issus d'anciens vergers plus ou moins sains, plus ou moins à leur place, quelquefois en mélange et en condition d'exploitation parfois difficile, expliquent l'ONF et le CRPF. Si cette essence est recherchée pour sa qualité (en menuiserie, charpente ou parquet), elle nécessite en revanche un tri très important : on estime que 30 % seulement du volume est valorisable. Le reste est destiné au bois de feu.
A noter que dans le nord de la Drôme s'est développé un marché porteur : le piquet. Toutefois il convient de veiller aux conflits d'usages avec le bois énergie sur les zones mécanisables où l'on produit ces piquets. En outre, il faut garder à l'esprit que les départements de l'Ardèche et de la Drôme importent du bois énergie (bûches et plaquettes), et mentionner que le marché du bois bûche reste un marché parallèle estimé à 370 000 m³/an en Ardèche et 290 000 dans la Drôme.
Afin de mieux valoriser le bois de châtaignier, les forestiers proposent de poursuivre les efforts de conversion des anciens vergers inadaptés ; de convertir des taillis en futaie irrégulière. Ils signalent que le marquage est aidé par la Région.

Promouvoir une sylviculture du hêtre

Les forêts publiques drômoises sont plus riches en feuillus (et en hêtres notamment) que les forêts ardéchoises, plus pures ou plus jeunes. Toutefois en forêt publique, la proportion de hêtre dans la récolte (17 %) est bien inférieure à sa représentation en surface (42 %). L'explication donnée par l'ONF est le manque de débouchés ; la qualité est souvent « moyenne » due à la « branchaison », à un bois nerveux. L'essentiel des débouchés est constitué par le bois bûche. Par exemple, dans le Royans-Vercors, on note que le prix du hêtre vendu pour la qualité déroulage est à peine supérieur à celui du bois-énergie.
Pour l'heure, la sylviculture se réduit en forêt publique, toutes essences feuillues confondues, à un traitement en taillis simple dans les forêts des collectivités. Et 70 % de la surface concernée est localisée en Bas-Vivarais, Tricastin et Baronnies, soit en domaine méditerranéen.
Les forestiers incitent les propriétaires à revenir à une sylviculture du hêtre en futaie régulière ou irrégulière. Et cela passe par le renouvellement des peuplements, le semis donc. Dans l'objectif d'obtenir des bois de bonne qualité, le traitement en futaie régulière permet d'obtenir par exemple des diamètres d'exploitabilité de 40 à 50 cm avec des rotations de 8 à 15 ans.

Louisette Gouverne