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Rencontre

Forum à l'installation : les démarches et aides expliquées

Le forum à l'installation informe sur le parcours à accomplir, les aides et conditions à remplir. C'est aussi le témoignage de jeunes agriculteurs, une mise en relation avec les organismes qui accompagnent les démarches...
Forum à l'installation : les démarches et aides expliquées

Pour aider l'installation de jeunes agriculteurs, un parcours et des aides sont en place. Co-organisé par les Jeunes Agriculteurs et la chambre d'agriculture de la Drôme, un forum à l'installation fait le point tous les ans. Celui prévu le 17 novembre 2015 a été reporté au 1er mars (en raison de l'état d'urgence déclenché à la suite aux attentats de Paris). Il a rassemblé autour de 80 participants au lycée agricole du Valentin à Bourg-lès-Valence. Ils ont été accueillis par l'animatrice des Jeunes Agriculteurs de la Drôme, Laura Genevet, qui a précisé le contenu de la journée : présentation du parcours et des aides à l'installation, témoignages de jeunes installés, rencontre avec les principales organisations professionnelles accompagnant les démarches, table ronde sur l'agriculture au féminin...
« Je ne considère pas le parcours installation comme un parcours du combattant mais il nécessite du temps et de la concertation », a confié en ouverture le proviseur du lycée, Maurice Chalayer. Et Dominique Chatillon, chef du service agricole de la DDT de la Drôme, a souligné : « L'Etat aide les jeunes à s'installer en agriculture. Ce n'est pas le cas de beaucoup de secteurs d'activité. S'installer est un projet économique et de vie nécessitant d'être bien réfléchi en amont ».

 

A l'ouverture du forum : Maurice Chalayer (proviseur du lycée du Valentin), Laura Genevet (animatrice de JA 26), Christophe Delay (conseiller au Point accueil installation) et Dominique Chatillon (chef du service agricole de la DDT).

Un parcours en plusieurs étapes

Le parcours à l'installation, les aides auquel il donne accès (dotation jeune agriculteur, prêts bonifiés...) et les nouveautés ont été détaillés par Christophe Delay, conseiller chargé du Point accueil installation (PAI) à la chambre d'agriculture. Le PAI est la porte d'entrée de l'installation (entretien gratuit). Suit l'élaboration d'un plan de professionnalisation personnalisé (PPP). A ce niveau, depuis 2015, la chambre d'agriculture intervient en partenariat avec le CFPPA de Die. Le PPP est destiné à évaluer les compétences du candidat à l'installation, les compléter si besoin (avec des stages, formations courtes) et inventorier les démarches à entreprendre. Vient ensuite une étude de faisabilité globale du projet (dont un plan d'entreprise, PE) afin d'en apprécier la viabilité. Le revenu minimum à atteindre la quatrième année (au lieu de la cinquième, auparavant) est d'un smic annuel net. Une fois le PPP validé, le délai d'installation avec la dotation aux jeunes agriculteurs (DJA) est de deux ans. A noter au sujet du parcours installation, l'an passé la mise en place du programme régionalisé a pris du retard. De ce fait, il n'y a eu que 39 installations aidées dans la Drôme (contre 62 en 2014).

 

Des nouveautés

L'installation peut se faire à titre principal, à titre secondaire ou, nouveauté introduite en 2015, être progressive (possibilité de travailler davantage à l'extérieur, au démarrage). Le montant de base de la DJA (aide à la trésorerie) a été augmenté. Il est de 10 400 euros en zone de plaine (ZP), 13 400 en zone défavorisée (ZD) et 21 400 en zone de montagne (ZM). Avant il était, respectivement, de 8 000, 10 300 et 16 500 euros. Les taux des prêts bonifiés, eux, restent inchangés (1 % en ZD et ZM ; 2,5 en ZP) et perdent de l'intérêt, surtout en ZP, vu les taux bancaires actuels. Autre changement, la durée de bonification de ces prêts est ramenée à cinq ans maximum à partir de l'installation (avant elle était de sept ans en ZP et neuf en ZD et ZM). En contrepartie des aides, l'installé s'engage à rester agriculteur et tenir une comptabilité de gestion pendant quatre ans. Il doit aussi respecter le prévisionnel défini dans le PE. Des ajustements sont possibles mais à faire valider, avec des avenants. « Il faut avoir le réflexe d'informer l'administration (DDT) et le conseiller d'entreprise de la chambre d'agriculture de son projet de modification », avertit Christophe Delay. Et d'observer encore : « Il est important de se faire accompagner pour formaliser son projet (choisir la forme d'installation la plus adaptée : individuelle, en société, progressive...). L'accompagnement est ouvert à tous, avec ou sans demande de DJA. Il faut prévoir un an de démarches administratives et formations avant installation ».

Annie Laurie

 

Partage d'expériences / Le parcours installation de jeunes agriculteurs et leurs premiers pas dans le métier.
Le vécu de jeunes installés
Norman Malin, installé depuis fin 2011.
Au forum à l'installation, des jeunes agriculteurs ont témoigné. Parmi eux, Norman Malin, 24 ans, s'est installé hors cadre familial à Anneyron en novembre 2011. Il a saisi l'opportunité de reprendre une exploitation où il avait fait la saison des fruits. Avant, il a accompli un stage reprise d'exploitation pendant neuf mois. La banque a refusé son dossier deux mois avant son installation (pour 20 000 euros de trop), il a donc dû le revoir. Son parcours installation a duré un peu moins d'un an. L'ancien exploitant l'a aidé la première année. Il cultive à présent 70 hectares de céréales, 7 de cerisiers, pommiers et poiriers, ainsi que 0,5 de potimarrons. Ce jeune agriculteur conseille « de prendre le temps de construire son projet, de faire de l'apprentissage, d'aller voir d'autres façons de travailler, d'autres productions, systèmes d'investissement, de vente... Je ne regrette pas de m'être installé, même si ce n'est pas simple. Travailler chez soi est agréable. C'est un choix de vie, je ne me voyais pas aller à l'usine ».
Un choix de vie
Romain Cros est agriculteur depuis début 2015.
Romain Cros, lui, a 22 ans. Il s'est installé début 2015 en Gaec avec son père à Saint-Sorlin-en-Valloire. Financièrement, son installation a été plus aisée puisque réalisée dans le cadre familial. Son parcours a pris un peu plus d'un an. Après la reprise (pas facile) de 30 hectares, l'exploitation en compte à présent 140 (138 de céréales et près de 2 de tabac) ainsi que 14 génisses à l'engraissement. En 2015, son résultat a été déficitaire. « Le tabac français coûte trop cher, c'est bientôt fini, a constaté Romain Cros. Il va falloir produire autre chose. Actuellement, le contexte agricole est "craignos" mais on a une qualité de vie. A ceux qui veulent s'installer, je dis : faites-le. Il faut du courage, s'accrocher, ne pas hésiter à demander de l'aide. Il faut aussi regarder le bon côté, on n'a pas de patron sur le dos. »Faute de revenu, tous deux habitent encore chez leurs parents. « Il y a des sacrifices à faire, surtout si les investissements sont élevés. »
A. L.