Framboises : un créneau à saisir pour les producteurs français

«La production française de framboises est encouragée à poursuivre ses efforts en matière de structuration de son offre, pour en améliorer la régularité des volumes et l'homogénéité de la qualité », affirme le Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL), commentant les résultats d'une étude diffusée le 20 août. À la demande de la filière framboise, le CTIFL a réalisé une enquête auprès « des responsables d'achats des principales enseignes de la grande distribution française ». Leurs témoignages révèlent le « dynamisme du marché des petits fruits rouges, framboises en tête ». Les statistiques confirment leurs propos : la consommation de framboises fraîches a augmenté de 40 % entre 2005 et 2014 en France. Dans les circuits généralistes (hypers et supermarchés, hard-discount et magasins généralistes de proximité), le volume d'achat de framboises fraîches a même progressé de 71 % sur la même période.
Une offre dominée par les importations
Le marché français de la framboise fraîche reste ultra dominé par les importations : « On estime la part de l'offre espagnole à environ 50 % des volumes disponibles sur le marché en moyenne au cours des trois dernières années, contre environ 33 % pour l'origine France », indique le CTIFL. La France est le troisième pays européen importateur de framboises fraîches. Elle a vu ses importations augmenter de 119 % en 10 ans, révèle l'étude. « D'après la douane française, les volumes de framboises reçus d'Espagne ont progressé de plus de 50 % en une dizaine d'années ». Ils atteignent environ 4 000 tonnes par an. Le volume des framboises réexportées vers la France à partir des Pays-Bas a quant à lui été multiplié par cinq sur la même période et représente désormais plus de 500 tonnes par an. Le Portugal et le Maroc, « quasi inexistants il y a dix ans », viennent désormais également fournir le marché français.
Une production française en recul...
À 4 000 tonnes environ, la production française de framboises a reculé de 11 % en dix ans, tandis que la surface cultivée a chuté de 26 %. Si elles démontrent « la bonne orientation des rendements », ces statistiques prouvent cependant le désintérêt des agriculteurs pour cette production. Les responsables d'achats de la grande distribution soulignent d'ailleurs que « l'offre française reste souvent difficile à mobiliser en volumes suffisants ».
... malgré des opportunités sur le marché
La filière française pourrait certainement renforcer sa place dans l'offre interne. Certes, la framboise espagnole possède des atouts majeurs tels que la bonne tenue et la taille du fruit ou la compétitivité-prix, mais « la plupart des opérateurs signalent un bémol sur le plan gustatif ». Ils estiment par conséquent que « l'origine France devrait avant tout continuer à concentrer ses efforts afin de se démarquer sur le plan qualitatif ». Car la framboise, qui révèle « un profil atypique dans l'univers des fruits frais », bénéficie souvent de l'effet « achat plaisir ». En ce sens, les opérateurs affirment que « le caractère plutôt cher du produit n'est pas un obstacle sous réserve d'un niveau qualitatif assuré ».
Avec une demande en hausse et une pression limitée sur la compétitivité, la filière framboise française à tout intérêt à se saisir du créneau du qualitatif. Mais pour cela, elle doit d'abord être capable d'offrir un volume régulier à qualité constante.