France Lavande retient son souffle
La coopérative France Lavande a organisé son assemblée générale mercredi 4 décembre à la cave La Gaillarde à Valréas.

La liste d’attente est longue mais Éliane Bres, présidente de France Lavande, n’en démord pas. La coopérative, qui a fêté ses quarante ans en novembre, restera une « petite entreprise ». Avec 108 producteurs en 2024, la société peut compter sur son solide partenariat avec les parfumeries du Givaudan. « Financièrement, on peut valoriser le lavandin un peu mieux que d’autres mais nous sommes dans une pente, rapporte-t-elle songeant aux difficultés que rencontre le monde agricole. J’ai peur qu’il y ait beaucoup d’exploitations qui partent en faillite ».
Les limites de la diversification
Si les producteurs de la coopérative se maintiennent, la diversification n’est pas le meilleur des atouts. « Quand sur une exploitation on cumule le lavandin, les noix, la vigne... C’est compliqué derrière, estime Éliane Bres. La diversification et la polyculture, les producteurs s’en étaient affranchis il y a quelques années mais, maintenant, ils sont obligés d’y revenir ». Face au plan de filière PPAM* 2023-2027 mis en place par la Région, qui encourage notamment la diversification via des cultures émergentes, la présidente reste perplexe. « Allez faire du CBD ou des choses comme ça, tout le monde en fait aujourd’hui, remarque-t-elle. Quand on créé quelque chose, il faut être certain que ça profitera au plus grand nombre et pour longtemps. »
Concernant l’adhésion de nouveaux producteurs, là aussi Éliane Bres joue la prudence. « Nous avons énormément de coups de fil de gens non affiliés à une coopérative, ils ont trois à quatre ans de stock dans leur cave, rapporte cette dernière. Nous choisissons nos adhérents et nous avons une liste d’attente d’une centaine de personnes qui voudraient adhérer. » Si les producteurs de la coopérative parviennent à valoriser leur stock à des prix « meilleurs que d’autres », la présidente reste honnête : « Nous voudrions les payer plus mais il faut éviter de refaire les mêmes erreurs avec le lavandin qui était monté à 35 euros et qui a planté tout le monde ».
« La fenêtre s’ouvrira peut-être dans trois ans »
Selon la présidente, « les projets, en ce moment, les agriculteurs n’en ont pas. Il faudrait déjà que financièrement la structure s’en sorte », prévient-elle. La coopérative prévoit toutefois quelques projets de réhabilitation des locaux (mécanisation pour limiter la pénibilité au travail et isolation). Mais son objectif premier reste le même : « payer au maximum et au mieux nos adhérents ». D’autant que les lavandiculteurs font face à plusieurs menaces, au même titre que les autres productions agricoles : les aléas climatiques, les ravageurs et la concurrence étrangère. Les ravageurs ? « Là, c’est la catastrophe », déplore Éliane Bres. Cicadelles, cécidomyies et chenilles de noctuelles font le cauchemar des lavandiculteurs. Ils ont de quoi traiter les chenilles car « un réseau s’est créé », rapporte la présidente. Pour les autres ravageurs, « il n’y a pas de traitements. Nous ne pouvons pas faire grand chose, on ne peut que subir », regrette-t-elle.
Pour la commercialisation, le site internet fonctionne mais n’a pas retrouvé sa fréquentation de l’avant-covid. Chine, Bulgarie et Espagne offrent une concurrence directe à la production française. Un espoir subsiste-t-il alors ? « La fenêtre s’ouvrira peut-être dans trois ans lorsque les stocks vont se mettre à s’écouler, projette la présidente. Les gens ont beaucoup arraché car ils ont déjà du stock. D’ici là, si les choses reprennent, ils replanteront ».
Morgane Eymin
France Lavande en chiffres (en 2024)
- 90 tonnes d’huiles essentielles de lavandins et lavandes.
- 30 tonnes de fleurs séchées.
- 22 000 bouquets, des plantes aromatiques bio et du tilleul officinal bio.
- 12 % de baisse du chiffre d’affaires entre le 1er juillet 2023 au 30 juin 202