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Expérimentation

Fruits à noyau à la Sefra : le comportement des variétés

Le point sur les variétés de cerises, pêches et abricots étudiées cette année dans les vergers de la Sefra, à Etoile-sur-Rhône.
Fruits à noyau à la Sefra :  le comportement des variétés

Cette année, les expositions variétales de la Sefra (station d'expérimentation fruits Rhône-Alpes) ont eu lieu les 28 juin, 2 août et 6 septembre. « Elles permettent de faire un point objectif sur le comportement dans notre zone de production des nombreuses variétés de fruits à noyau ; des informations indispensables pour décider du choix variétal pour les futures plantations », soulignent les responsables de cette station.
Claire Gorski (responsable du programme cerise), Christophe Chamet (responsable du programme abricots) et Yannick Montrognon (responsable du programme pêches) font, ici, le point sur les conditions climatiques 2018 et leurs conséquences sur la récolte.


Abricots

Les conditions climatiques pendant la récolte, notamment les épisodes de pluie et (ou) grêle du début de saison jusqu'à la mi-juin, ont défavorablement impacté la production d'abricots, constate Christophe Chamet : problèmes importants d'épiderme, de déclassement et de tenue des fruits après récolte pour de nombreuses variétés qui, bien souvent, présentaient des charges insuffisantes. Le temps s'étant amélioré après la mi-juin, la qualité (gustative, sanitaire, tenue...) des fruits a donc été meilleure par la suite. Avec un temps sec et chaud, la coloration des fruits a toutefois été moindre, comme cela a pu être constaté sur la variété Bergeron.
Une trentaine de variétés d'abricots ont été présentées de la période de maturité du 24 juin (Bergeval®) à début août, dont seize après la période Bergeron. La création et la sélection variétale s'oriente vers les variétés autofertiles, plus simples à gérer pour la création du verger et surtout pour la régularité de production. Sur ce créneau, la quasi-totalité des variétés présentées sont autofertiles, ce qui n'est pas encore le cas en abricots précoces.
Les variétés bicolores sont les plus représentées mais celles de type « rouges » sont maintenant bien présentes dans les collections (quatre variétés en observation sur ce créneau de maturité). Quelques-unes présentent des niveaux de coloration très élevées, les distinguant bien des bicolores. Mais la plupart sont des abricots bicolores très colorés laissant apparaître leur couleur de fond une fois mis en caisse. Les variétés à chair blanche sont encore quasi inexistantes dans les vergers des producteurs, deux sont en début d'observation sur le créneau de maturité après Bergeron. Elles présentent un très bon potentiel qualitatif et une tenue des fruits satisfaisante.
A noter, sur ce créneau de maturité, la présence d'un certain nombre de variétés résistantes à la sharka comme Bergeval®, Bergarouge®, Anegat cov, Elgat cov (de la gamme Aramis®), Lady Cot cov et Farely cov. D'autres variétés possédant les marqueurs du gène de résistance sont en cours d'analyse biologique et devraient compléter rapidement cette gamme.
Dans les variétés prometteuses et déjà confirmées, on peut citer Delicot cov sur le créneau Bergeval, Swired cov et Anegat cov quelques jours après Bergeron. D'autres variétés ont présenté des premières observations intéressantes et seront à suivre avec attention : Rouge Cot cov (créneau Bergeval), 5248 cov (créneau Bergeron), Apricandy cov (Bergeron + 5 jours), ou encore Madrigal cov (Farbaly cov + 5 jours) et Agostino cov (après Farlis) sur le créneau du mois d'août.
La Sefra a aussi réimplanté une collection d'abricotiers cultivés en agriculture biologique. Comme en conventionnel, les variétés qui sont ressorties sont les autofertiles. Sur la dizaine de variétés en observation, seules Samouraï cov et Lady Cot cov ont présenté des attaques importantes de monilia sur fleur. En quatrième année, Mediabel cov et Vertige cov se sont très bien comportées avec une production supérieure à 10 tonnes d'abricots à l'hectare, alors qu'ont pu être notées de bonnes mises à fruit en troisième année sur Sefora cov, Vanilla Cot cov, Kalao cov, et Lady Cot cov malgré les dégâts de monilia. Cependant ces résultats seront à confirmer après plusieurs années de production et aussi, peut être, dans des conditions d'inoculum plus important.

Pêches et nectarines

Concernant les pêches et nectarines, Yannick Montrognon rappelle les conséquences des conditions climatiques de cette année : gels de bourgeons floraux d'intensité différente suivant les variétés, taux de nouaison très faibles, besoins en éclaircissage faibles à moyens, chutes de fruits sur les nectarines du mois d'août et, donc, un rendement hétérogène suivant les variétés, avec des épisodes de grêle qui ont provoqué des problèmes de moniliose ayant un impact sur les volumes de production.
Ont été présentées sur le créneau de maturité de début à fin juillet :

Pêches jaunes : six variétés, dont deux confirment leur bon comportement des années précédentes : SF 07 119 et Royal Maid® Zai719PJ. Les variétés Pampana cov, ASF 1148L et IPS 774-11P se sont également bien comportées mais seront à revoir car les arbres sont encore jeunes.

Pêches blanches : dix variétés présentées. Dans cette sous-espèce, de nombreuses variétés sont proposées par les différents obtenteurs. Monange cov, tonicsweet®Sweetregal cov et SF 12 305 confirment leur bon comportement. Ivory star cov et Ophélia® Zai 685PB sont déconseillées dans les zones où le Xanthomonas est présent. Enfin, les nouvelles variétés IPS 728-09PB, ASF 15 164 et IPS 763-11PB se sont bien comportées mais seront à revoir.

Nectarines jaunes : cinq variétés présentées. Un peu moins de création variétale sur cette sous-espèce et les variétés « témoin », comme Luciana cov, restent toujours des valeurs sûres. A l'époque Big top®Zaitabo, deux variétés semblent prometteuses. Il s'agit de SF 12 332 et Nectapom®Nectaronda cov.

Nectarines blanches : onze variétés présentées. Nectasweet®nectarlove cov et nectasweet®nectardream cov restent des variétés incontournables pour la région. Les variétés SF 12 341, Escande H1.005 semblent prometteuses mais seront à revoir.


La tendance reste à la création de variétés sucrées et peu acidulées, et les principaux points de vigilance pour cette espèce sont les problèmes de conservation avant et après récolte. Pour notre région il est important de considérer les dates de floraison et d'éviter les quelques variétés à floraison trop précoce potentiellement plus sensibles au gel...
Certaines de ces variétés sont aussi cultivées à la Sefra en agriculture biologique (suivi du comportement agronomique et du rendement). Dix variétés ont été implantées en 2014 et trois les années précédentes. Celles qui ont un bon comportement sont : Coraline® Monco, Onyx®Monalu, Cristal®Monries, Nectasweet®Nectarlove cov, Nectasweet®Nectardream cov.

Cerises

Claire Gorski remet dans le contexte climatique la production de cerises en 2018. Un printemps particulièrement pluvieux a fortement impacté les rendements avec d’abord un développement plus important des monilioses sur fleurs puis de forts taux d’éclatement. Ces problèmes ont duré du début de la production jusqu’à mi-juin et impacté toutes les variétés du créneau précoce au créneau Summit. Les conditions climatiques ont été plus clémentes à partir du créneau Belge.
2018 a été une année particulièrement favorable pour drosophila suzukii. Des dégâts étaient déjà constatés sur les variétés précoces souvent moins traitées, indiquant sa présence dès le début de la saison. Elle a pu être bien maîtrisée jusqu’à mi-juin. Par la suite, l’efficacité des traitements a décrochée avec la forte augmentation des températures. Les variétés du créneau tardif n’ont pas pu être récoltées à la Sefra. Un piégeage élevé de Ragholetis cerasi a aussi impacté les variétés du créneau Folfer.
Une vingtaine de variétés ont été présentées lors de l’exposition variétale du 28 juin. Les nouveautés variétales se concentrent sur les créneaux plutôt tardifs. L’accent est mis sur les ratios rendement/calibre, ainsi que la tenue du fruit (fermeté). Il est de plus en plus nécessaire de raisonner les variétés avec un porte-greffe et un mode de conduite adapté, selon les observations réalisées.
Aucune nouvelle variété ne s’est démarquée jusqu’alors sur le créneau précoce. La période entre les variétés précoces et Folfer est toujours peu pourvue.
Sur le créneau Folfer, la variété Frisco semble intéressante avec un bon potentiel de calibre mais un rendement un peu limité pour l’instant. Grace Star a présenté le plus fort rendement pour cette saison parmi toutes les variétés. Avec 42 tonnes à l’hectare (rendement théorique extrapolé) et un calibre maintenu entre 26 et 30, cette variété n’a de limitant que sa fermeté. Cependant, malgré les pluies et son calibre, son taux d’éclatement est très faible.
Babelle se démarque des autres variétés du créneau Belge par une forte productivité et une fermeté élevée. Son calibre à la Sefra est limité par des problèmes de sol dans cette zone de plantation mais son potentiel a été montré dans d’autres stations d’expérimentation. Enfin, sur le créneau tardif, Balrine semble se démarquer de la même manière, avec un haut rendement, une bonne fermeté et une bonne qualité gustative. 

 

Vous retrouverez les documents complets des présentations variétales sur le site www.pep.chambagri.fr (code à demander si vous n’en disposez pas actuellement).