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Bovins lait

Gaec Berne-Berruyer : des passionnés qui bataillent

L'élevage de vaches laitières du Gaec Berne-Berruyer, à Saint-Michel-sur-Savasse, est performant, automatisé. Mais, du fait du contexte laitier, la rentabilité manque...
Gaec Berne-Berruyer : des passionnés qui bataillent

Le Gaec Berne-Berruyer compte quatre associés : Hervé, Frédéric et Fabrice Berne (trois frères) et Joël Berruyer. Et Mélanie Berne (épouse de Fabrice) est salariée à mi-temps sur l'exploitation. En 2013, l'élevage laitier s'est équipé de deux robots de traite. En outre, un robot repousse le fourrage dans les mangeoires et un autre nettoie les caillebotis. « L'automatisation a amené de la souplesse dans le travail et un suivi individuel des vaches », explique Hervé Berne. En moyenne, les vaches sont traites 2,5 à 2,7 fois par jour. Le robot de traite renseigne sur la production journalière de lait de chaque vache (volume et qualité). Et il rend la distribution du complément alimentaire plus précise. Toutefois, « les vaches en consomment 10 % de plus qu'avant car c'est pour en manger qu'elles viennent se faire traire ». L'élevage a produit 9 000 litres de lait par vache en moyenne en 2015.

 

Le robot repousse-fourrage. Le robot nettoyeur du Gaec Berne-Berrruyer Le Gaec Berne-Berrruyer s'est équipé de deux robots de traite en 2013.

50 ans d'inséminations artificielles

Le 29 janvier, le Gaec Berne-Berruyer a servi de cadre à une visite d'Eliacoop, coopérative d'insémination. L'insémination artificielle, cet élevage y recourt « depuis 50 ans, déjà au temps de mon grand-père, se souvient Hervé Berne. Nous n'avons plus de taureaux depuis 1985. En montbéliardes, nos critères de sélection sont la mamelle et les aplombs. En charolaises, ce sont les qualités maternelles et la production de viande. Eliacoop a un large choix de taureaux. Il n'y a plus de mauvais animaux, à présent, avec l'insémination artificielle. Nous ne réformons pas ou très peu de génisses. Eliacoop est l'une des rares coopératives à très bien fonctionner, dans le sens où elle est encore gérée par des éleveurs. Cela ne doit pas changer. »

Pendant la visite de l'élevage bovins lait du Gaec Berne-Berruyer, l'après-midi de l'assemblée de section d'Eliacoop.

Le lait, ça ne paie plus

Concernant le contexte laitier, Hervé Berne est amer : « En 2015, le Gaec a perçu 362 euros les 1 000 litres de lait avec la prime qualité (prix de base : 310 euros), contre 412 euros en 2014, soit près de 50 000 euros de chiffre d'affaires en moins. Ce mois janvier, le prix de base était de 290 euros. Et cela risque de durer. Vu le manque de chiffre d'affaires, nous repoussons notre projet de faire une nurserie. Actuellement, c'est le poulailler qui fait tourner le Gaec. Même avec 100 vaches, il est difficile de vivre de la production laitière. Si le prix du lait n'augmente pas, il nous manquera 80 000 euros à la fin de l'année. »

Hervé Berne, l'un des quatre associés du Gaec Berne-Berruyer.

Des marges partagées sinon l'hécatombe

Rhône-Alpes n'est pas en surproduction de lait. Mais il y a la concurrence des grands bassins français et des pays nordiques. Et « la fin des quotas a amené du n'importe quoi, constate l'éleveur. Il faut remettre de l'ordre, maîtriser les volumes. En plus, les centrales d'achat mettent la pression sur les fournisseurs. Le saint-marcellin sort des fromageries entre 5,50 et 6 euros le kilo. Il se retrouve entre 11 et 13 euros dans les magasins. Ce n'est pas normal. Nous, producteurs, nous bataillons et les consommateurs ne profitent pas de la baisse du prix du lait. Il faut prendre conscience que les éleveurs qui arrêtent ne reviendront pas. L'âge moyen des producteurs est élevé et les installations sont rares. La passion nous fait tenir mais, à un moment, elle ne suffit plus. Un de mes frères s'occupe presque seul du poulailler alors que, pour les vaches, il faut être trois. Dans la filière, les marges doivent être partagées. Sinon ce sera l'hécatombe dans l'élevage laitier. »

Annie Laurie

 

 

L'exploitation Berne-Berruyer

- 155 hectares (dont 60 irrigables) : maïs (ensilage et grains humides), prairies naturelles, prairies temporaires, luzerne, méteil et noyers.
- 100 vaches montbéliardes (en stabulation toute l'année sauf les génisses) et 25 vaches charolaises (qui vont au pré) plus les animaux de renouvellement.
- 33 000 poules pondeuses reproductrices pour le couvoir de la Société française de production avicole à Saint Marcellin.
- 850 000 litres de lait par an collectés par la Fromagerie alpine à Romans et 75 000 litres vendus à une tierce personne (qui transforme dans l'ancienne fromagerie de l'exploitation).
- Vente de viande de veaux et vaches en direct (à la ferme et en magasin). Découpe dans l'atelier du GIE Viandes des collines, dont fait partie le Gaec Berne-Berruyer.
- Elevage laitier automatisé : 2 robots de traite, 1 robot repousse-fourrage et 1 robot nettoyeur (caillebotis).
- Exploitation adhérant à quatre cuma pour limiter les charges de mécanisation.

 

Insémination artificielle / Au Gaec Berne-Berruyer, Eliacoop a dévoilé une innovation mise au point avec deux autres coopératives. Il s'agit d'un pistolet nouvelle génération associé à un protocole de vérification de l'aptitude de la vache à la reproduction.
Xtremia, un concept innovant
L'une des assemblées de section d'Eliacoop s'est tenue en Drôme des collines, le 29 janvier. Le matin, à Montmiral, a été présenté son projet de fusion avec deux autres coopératives (déjà partenaires), Codélia et Ucia. Ce rapprochement, qui vise l'efficience, sera soumis au vote aux assemblées générales des trois coopératives (en mars). L'après-midi, sur l'élevage de vaches laitières du Gaec Berne-Berruyer à Saint Michel-sur-Savasse, a été dévoilée Xtremia, une innovation technique qui « révolutionne l'acte d'insémination et le conseil autour de la reproduction », selon Eliacoop.
Xtremia associe un matériel d’une nouvelle génération et un protocole pour constater, par échographie avant insémination artificielle, si la femelle est en chaleurs. Loïc Truchon inséminant une vache du Gaec Berne-Berruyer avec le pistolet Xtremia.
Maximiser les réussites
Xtremia associe un matériel d'une nouvelle génération et un protocole pour constater, par échographie avant insémination artificielle (IA), si la femelle est en chaleurs. En outre, grâce à l'échographie, le côté pré-ovulatoire peut être identifié afin de déposer la semence dans la bonne corne utérine (la vache étant une espèce mono-ovulante). Ainsi, les chances de réussite à l'IA peuvent-elles être maximisées. Le pistolet s'adapte à l'anatomie de la femelle et permet une insémination profonde. Suffisamment rigide pour franchir le col de l'utérus sans difficulté, il est également assez souple pour aller, dans un deuxième temps, jusqu'à 25 centimètres dans la corne utérine du côté pré-ovulatoire. La semence est déposée plus près du lieu de fécondation.
6,5 % de fertilité en plus

Hugues Dauzet, directeur d'Eliacoop.
Cette innovation (brevet déposé au niveau européen) cible de meilleurs résultats, notamment en semences sexées, les vaches à problème (trois IA et plus) et les laitières hautement productrices. Elle résulte de deux ans de travaux conduits par Elexinn, start-up créée en 2012 par trois coopératives françaises d'insémination animale : Eliacoop, Codélia et Cecna. La version prototype du pistolet Xtremia a été testée par neuf inséminateurs (plus de 2 000 IA). Lors de la visite au Gaec Berne-Berruyer, le directeur d'Eliacoop, Hugues Dauzet, a donné les résultats de cet essai : une amélioration du taux de vêlage de 6,5 % en IA "Xtremia" par rapport aux IA classiques, en semences sexées. Et d'indiquer que cette « révolution technique » sera proposée aux éleveurs à partir de mars.