GAEC O.C.A. : 50 ans de fidélité pour le bio !
Ce samedi 28 septembre, le Gaec Olive Cerise et Abricot (O.C.A.), reconnu comme l’une des plus anciennes fermes en agriculture biologique des Baronnies, fêtera ses cinquante ans d’existence. Récit.

Sous la protection du château de Mérindol-les-Oliviers, en Drôme provençale, et face au mont Ventoux, la ferme de la famille Bouchet traverse les années depuis cinquante ans. Après avoir travaillé chez un paysan en agriculture conventionnelle - et suite à des problèmes de santé -, Olivier Bouchet fait le choix de travailler avec du naturel. « Mon beau-père s’est installé en 1974, sur une quinzaine d’hectares, qu’il a conduite en agriculture biologique. C’était l’un des précurseurs du bio dans le secteur des Baronnies, et nombreux ont été ceux qui pensaient, à l’époque, qu’il était un peu farfelu », raconte Andréa Graylen, aujourd’hui co-gérante du Gaec O.C.A. Par choix, l’exploitation familiale « La ferme de l’Aire du château » (ancienne dénomination, ndlr) a toujours été conduite en polyculture : Olivier Bouchet a planté oliviers, cerisiers, abricotiers et vignes. Pour accentuer le côté « naturel » du métier, l’agriculteur s’est appuyé sur un cheval et utilisait la traction animale pour les travaux du sol. C’est en 1980 que la ferme prend un nouveau tournant avec l’installation de Lili Bouchet, épouse d’Olivier. « Mes beaux-parents ont alors démarré un nouvel atelier en se dotant d’un troupeau de chèvres pour en faire des fromages », se remémore Andréa Graylen. Titulaire d’un BTSA productions animales, le fils, Mathias, a repris l’exploitation en 2015 lors du départ à la retraite de son père. Sa mère, quant à elle, n’a gardé en production que les 4 ha de vignes, jusqu’à sa propre retraite fin 2023, avant de les céder au Gaec.
L’amour des bêtes
En 2019, Andréa Graylen, compagne de Mathias et coiffeuse de métier, le rejoint sur l’exploitation. Ils créent tous deux le Gaec, avec l’envie de moderniser la ferme tout en perpétuant le savoir-faire familial autour des vergers, en direction d’une alimentation locale et durable. S’ils ont gardé les cultures ancestrales de la ferme (olives, cerises, abricots), ils ont rajouté figuiers, amandiers et autres cognassiers, sans compter le raisin de table et le raisin de cuve. « Depuis cinq ans, nous avons quasiment triplé la surface de nos terres. Nous comptons aujourd’hui près de 40 hectares, prairies comprises. Cela nous permet d’être autonomes sur le fourrage de nos bêtes », se réjouit la jeune femme.
Les animaux, bien que secondaires dans l’activité agricole de la famille, occupent une place précieuse. « Nous avons une passion commune pour les chevaux. Mathias a acheté ses premières juments alors qu’il n’avait que quinze ans. Ainsi, en 2018, nous avons développé un élevage de chevaux de traits Comtois que nous faisons reproduire et travailler pour des prestations calèche ou pour le travail des terres à la charrue comme à l’époque. Il y a deux ans, nous avons également développé un élevage de minis Shetland. Ils contribuent également à l’entretien de nos vergers », note l’agricultrice.
Une sensibilité écologique
Aussi, depuis mars 2023, le Gaec O.C.A. s’est doté d’un troupeau de brebis de race Mérinos et d’une vingtaine d’agneaux. Le troupeau, composé aujourd’hui de 74 têtes, réalise ainsi un gros travail d’écopâturage. « Les bêtes nous permettent d’entretenir les vignes, en évitant de tasser les sols tout en les alimentant en matière organique grâce à leurs excréments », poursuit-elle. Une belle manière de se passer au maximum de la mécanisation et des traitements. L’exploitation du couple a d’ailleurs été lauréate des Trophées de l’agriculture de la Drôme en 2023, dans la catégorie « agriculture biologique ».
Cette passion familiale sera retracée ce samedi 28 septembre, lors d’un grand marché de producteurs, artisans et créateurs, organisé au sein de l’oliveraie du Gaec. Seront notamment proposés une exposition photos rappelant ces cinquante années de travail, mais aussi une présentation des outils et engins agricoles. Mathias Bouchet en profitera également pour montrer aux visiteurs le travail des terres en traction animale.
80 % des produits écoulés en vente directe
Attachée à faire découvrir son métier de passion, la famille Bouchet - Graylen aime le contact avec sa clientèle. Elle vend ses produits en frais ou transformés (huiles d’olives, tapenades, nectars de fruits, fruits au sirop, confitures, etc.). « Le circuit court nous assure 80 % de notre chiffre d’affaires, que ce soit en vente directe à la ferme, dans des magasins de producteurs où nous sommes associés ou encore dans des épiceries locales. Les 20 % restants sont commercialisés auprès de grossistes, comme Biocoop ou d’autres magasins revendeurs », indique Andréa Graylen.
Le couple est également très présent sur les réseaux sociaux, via des vidéos, pour sensibiliser les consommateurs aux enjeux de l’agriculture biologique. Et nul ne doute qu’ils auront à cœur de parler de leurs futurs (nombreux) projets qu’ils ont en tête. En effet, à moyen terme, le couple d’agriculteurs aimerait faire construire son propre bâtiment agricole d’environ 400 m² « afin d’avoir un vrai espace d’accueil et de vente à la ferme, mais aussi une zone de stockage et chambre froide pour nos fruits. Aussi, ce bâtiment comptera une sellerie et une salle de soin pour les bêtes », prévient la jeune femme de 29 ans. Autre projet en cours du couple, celui de créer son propre vin. « Dans l’idée, nous souhaiterions faire notre cave et vinifier environ 2 ha pour démarrer, le reste de notre production étant envoyé à la coopérative de Villedieu avec laquelle nous travaillons actuellement, indique Andréa Graylen. Pour concrétiser ce projet, nous allons devoir nous former. »