GDS : ne pas mettre l'action sanitaire en péril

La prévention sanitaire est la priorité du GDS de la Drôme. Son directeur, Benjamin Deltour, y a mis l'accent en ouverture d'assemblée générale, le 18 mars à Chabeuil. L'intervention du groupement repose sur trois piliers : la maîtrise des maladies ; l'information, la formation et l'appui technique ; les services aux éleveurs(1). En termes de maîtrise des maladies, il est chargé de la gestion (délégation de la DDPP2) des prophylaxies réglementées et Asda (attestations sanitaires à délivrance anticipée). Dans ce volet, se retrouvent aussi les plans de prévention (statut sanitaire, « pack intro », épididymite contagieuse, coprologie) et les plans de lutte (paratuberculose, BVD, besnoitiose, avortements...).
Le GDS de la Drôme compte 445 élevages adhérents en bovins, 409 en caprins, 577 en ovins, 578 apiculteurs (15 % de plus qu'en 2014) et 5 pisciculteurs. En prophylaxies réglementées, aucun cas de leucose ni de varron n'a été détecté en 2015. Il y a eu trois suspicions de tuberculose et 26 bovins positifs en IBR. S'ajoutent un cas positif atypique de brucellose dans un cheptel caprin et deux suspicions en bovins (prophylaxie lait).
Conserver l'esprit collectif
En 2015, « l'activité sanitaire a été marquée par la résurgence de la fièvre catarrhale ovine (FCO) qu'on pensait éradiquée », a constaté le président du GDS de la Drôme, Bernard Mandaroux. Ceci avant de rappeler que la vaccination est aujourd'hui possible, sur la base du volontariat, et indispensable pour l'export. Il la recommande car « c'est le seul moyen efficace » d'éviter des conséquences cliniques dans les élevages. Il s'est aussi dit surpris par le faible taux d'adhésion des éleveurs au fonds de mutualisation sanitaire et environnementale (FMSE) mis en place en 2015. Et il a invité à cotiser à ce fonds d'indemnisation des pertes liées à des incidents sanitaires ou environnementaux. « Dans le contexte économique actuel dégradé des filières d'élevage, il faut absolument conserver l'esprit collectif qui est le fondement des GDS », a-t-il martelé. « L 'action sanitaire, c'est tous ensemble pour tous », a appuyé le président du GDS Rhône-Alpes, Etienne Fauvet. Ce dernier a signalé que les fédérations régionales des GDS de Rhône-Alpes et d'Auvergne allaient s'unir. La nouvelle fédération sera reconnue organisme à vocation sanitaire (OVS) animal au 1er janvier 2019, en principe.
Etre vigilants
Concernant la besnoitiose, grâce à la gestion collective des foyers dans le Nord-Drôme, la contamination de nouveaux cheptels a pu être évitée ces deux dernières années. Le président du GDS s'en est félicité. Il a aussi appelé à la vigilance face à l'émergence de l'épididymite contagieuse du bélier dans le Sud de la France. Les éleveurs doivent avoir le réflexe de dépister cette maladie lors d'achats de mâles reproducteurs. « C'est le seul moyen d'éviter la propagation de la maladie sur le sol drômois. » La lutte contre la BVD, elle, prend une dimension régionale. Les GDS rhônalpins ont en effet bâti un plan collectif volontaire (PCV) harmonisé en vue de diminuer la pression du virus. Le GDS de la Drôme va, dans l'année, établir un calendrier de mise en place de ce PCV. Pour la lutte contre l'IBR, un nouvel arrêté devrait entrer en application au cours de la campagne de prophylaxie 2016-2017. Lorsqu'il sera publié, les éleveurs de bovins seront informés des nouvelles règles. Quant au programme d'action de la section apicole du GDS, il se décline en trois volets : information, appui technique pour un suivi sanitaire des ruchers et coordination du réseau de surveillance du frelon asiatique.
Inquiétude pour l'avenir
Le conseil départemental est le principal soutien financier du GDS. Or, avec la loi Notre(3), il va perdre sa compétence économique au profit de la Région. Il maintient à l'identique son soutien en 2016 mais ne pourra plus subventionner des dépenses de fonctionnement ensuite. Le vice-président à l'agriculture du Département, André Gilles, l'a regretté. « Nous faisons le maximum au niveau de l'investissement car l'élevage est important dans l'économie drômoise, a-t-il assuré. Et nous avons une oreille attentive du président de Région. » Cette perte de compétence conjuguée à la fusion des régions Rhône-Alpes et Auvergne modifient fortement l'environnement économique des GDS. Aussi, une réflexion va être engagée afin d'envisager leur avenir dans ce nouveau contexte. Déjà, à cette assemblée générale, le GDS de la Drôme a adopté une hausse des cotisations.
Annie Laurie
(1) Contrôles d'installations de traite, visites de maintien de la charte des bonnes pratiques d'élevage, analyses d'eau, distribution de containers pour la collecte des déchets de soin, fourniture de registres d'élevage et carnets sanitaires, caisse « coups durs ».
(2) DDPP : direction départementale de la protection des populations.
(3) Notre : nouvelle organisation territoriale de la République.
Parmi les actions 2016 /
- Renforcement des réunions d'information en élevages de ruminants.- Engagement dans la mise en œuvre d'un plan de lutte contre les salmonelles en aviculture.
- Dans le cadre de la mutualisation des moyens des GDS de la région, poursuite des actions auprès de la filière caprine et des jeunes installés. Déclinaison en Drôme des actions développées au plan régional par les autres filières.
- Renforcement du partenariat avec la chambre d'agriculture et Drôme Conseil Elevage pour accompagner au mieux les éleveurs sur les volets sanitaire et technico-économique.
- Formations : une dizaine de journées. Extension à d'autres filières de la formation « luzerne et sanitaire » dédiée aux éleveurs caprins en 2015.
- Délégations de la DDPP : mise en place dans l'année des procédures régionales pour la gestion de la prophylaxie bovine.
- Section apicole du GDS : concernant le frelon asiatique (population en progression), proposition d'un plan d'action aux partenaires départementaux et financement de la destruction des nids signalés auprès du réseau de surveillance.
Maladies / Quelques points relevés dans l'intervention de la DDPP à l'assemblée du GDS de la Drôme.La Drôme en bon état sanitaire

En brucellose, le statut sanitaire est globalement très bon dans la Drôme, a noté le directeur de la DDPP, Bertrand Toulouse. La leucose bovine est une maladie du passé. La tuberculose bovine n'est pas un sujet pour la Drôme. En porc, la maladie d'Aujeszky est toujours dépistée mais stabilisée. Comme pour la tuberculose et la brucellose, un risque de perméabilité existe avec la faune sauvage.
Le directeur de la DDPP s'est par ailleurs dit inquiet de la baisse du nombre de déclarations d'avortement. Car elles sont un moyen de surveillance évènementielle permettant de dépister une éventuelle réapparition de la brucellose dans les cheptels.

Les règles de prophylaxie de la campagne en cours ne comportent aucune nouveauté en tuberculose, brucellose, leucose bovines et IBR. En petits ruminants, dans la Drôme entre autres, le dépistage de la brucellose est allégé (du fait de la reconnaissance du statut officiellement indemne). Sa fréquence passe ainsi de trois à cinq ans. Cependant, pour les cheptels laitiers et les transhumants, la possibilité d'allègement n'a pas été mise en œuvre sur la campagne 2015-2016 : la fréquence reste annuelle dans le département. L'opportunité d'un allègement sera évaluée pour la campagne 2016-2017.