Grêle et vent : triste spectacle dans le Royans

Des noyers arrachés, cassés, fendus en deux, des maïs mutilés, des cultures maraîchères et une pépinière fruitière saccagées le 2 juillet par la grêle (grêlons plus petits mais plus nombreux qu'en 2019) et le vent turbulent (rafales de 220 km/h). Tel est le triste spectacle vu le 8 juillet à Saint-Jean-en-Royans et Saint-Laurent-en-Royans par la sous-préfète de Die, Camille de Witasse-Thezy, et Dominique Chatillon, chef du service agricole de la DDT. Elles étaient venues se faire une idée de la nature et de l'ampleur des dégâts. Les accompagnaient, entre autres, Pierre Combat et Bruno Darnaud, respectivement vice-président et secrétaire de la chambre d'agriculture, Léa Lauzier, co-présidente des Jeunes Agriculteurs, des agriculteurs, maires du secteur...
Quatre communes frappées
Arrivant de Combe-Laval, l'orage a frappé quatre communes. La plus touchée est Saint-Laurent-en-Royans, avec autour de 90 % de la surface agricole impactée. Sur les trois autres, Oriol-en-Royans, Saint-Jean-en-Royans et Sainte-Eulalie-en Royans, c'est autour de 50 à 60 %. Première étape de la visite du 8 juillet, une noyeraie d'une dizaine d'années de Lionel Berthuin (Vercornoix), à côté de l'aérodrome de Saint-Jean. 22 de ses 42 hectares de noyers ont subi des dégâts de vent et grêle : quelque 800 arbres couchés, cassés, écorce fendue et noix abîmées. Situées ailleurs, ses autres plantations ont « miraculeusement été épargnées, ce qui n'avait pas été le cas lors de l'orage du 6 juillet 2019 ». En un an, en plus de ces deux grêles, il a subi trois fois des dégâts de vent, plus la neige de novembre et, au total, perdu plus de 1 100 noyers. Une sacrée perte de fonds et de production. En plus, relever les arbres se révèle un travail considérable. Cette fois-ci, il a décidé de les rattacher avec des poteaux plus gros (18 cm de diamètre), plus longs (2,50 m au lieu de 1,70 m précédemment) et enfoncés plus en profondeur dans le sol (à 1 m). Un coût estimé entre 6 000 et 7 000 euros pour le bois nécessaire (environ 30 m³). La nuciculture constitue l'activité principale de Lionel Berthuin. Son autre activité, des gîtes insolites (roulottes), a été « plombée », elle, par la crise du Covid-19.
Noyers, maïs, légumes, arbres fruitiers...
A quelques pas de là, arrêt devant un champ de maïs du Gaec des Deux rives (80 vaches laitières) saccagé par la grêle (feuilles déchiquetées, tiges cassées...). « 18 de nos 20 hectares de maïs sont touchés, a indiqué Franck Gerboud, l'un des associés de ce Gaec. En 2019, nous en avions eu 8, que nous avions resemé. Resemer coûte 700 à 800 euros à l'hectare et, à la fin, on n'est pas sûrs de récolter. Cette année, on ne le fera pas. Habituellement, on a largement assez de maïs pour nourrir le troupeau. En fonction de la récolte, des cours du marché, on vendra des bêtes s'il le faut. On a quand même la chance d'avoir une récolte de fourrage normale cette année, contrairement à 2019. Elle compensera un peu. »
Un peu plus loin, toujours à Saint-Jean, le Gaec des Rousset (en agriculture biologique) a perdu 90 % de ses 5 hectares de céréales et quasiment 100 % de ses 9 000 m2 de maraîchage. Il ne reste que les cultures sous serres, a indiqué l'un des associés, Nicolas Formet (paysan-boulanger installé en fin 2014). L'exploitation avait aussi subi des dégâts en 2019. « Cette année, j'ai voulu m'assurer pour les légumes, a-t-il expliqué. Mais les productions étant très diversifiées et en petites quantités, les assureurs ne savent pas faire. Pour les céréales, c'est ma responsabilité, j'ai fait le choix de ne pas m'assurer mais je me pose la question pour 2021. »
Dernière étape chez Rudy Magne (installé depuis deux ans), au quartier des Chaux à Saint-Laurent-en-Royans. Lui aussi a été victime du dernier orage et de celui du 6 juillet 2019. Sur cinq hectares (en agriculture biologique), il a un verger diversifié (pommes, poires, prunes, pêches, figues, raisin de table) et une pépinière d'arbres fruitiers. Spectacle désolant là encore. « Toute ma pépinière est touchée par l'orage du 2 juillet, se désole-t-il. Je repars encore à zéro. En 2019, mes cultures avaient été grêlées à 100 %. Cette année, il me reste une parcelle de pommiers et poiriers où seuls les fruits ont été abîmés, pas les arbres. »
Annie Laurie
Orage du 2 juillet dans le Royans /Ouverture d'une procédure calamitéAu cours de cette tournée, la sous-préfète Camille de Witasse-Thezy et Dominique Chatillon ont pu mesurer de l'ampleur des dégâts. La suite est la préparation d'une demande de reconnaissance de l'état de calamité agricole, en vue d'une indemnisation des pertes de récolte et de fonds. D'autres mesures peuvent être mises en œuvre, comme l'exonération de charges sociales, de la taxe sur le foncier non bâti (TFNB), sur demande individuelle des agriculteurs. « Mais ne vous faites pas d'illusions, ce ne sera pas le Père Noël », a prévenu Pierre Combat, vice-président de la chambre d'agriculture, à l'adresse des agriculteurs victimes de cet orage. Pour les arbres fruitiers, il vaut mieux réfléchir à leur protection avec des filets paragrêle. Mais les noyers, je ne vois pas comment les protéger ». Il a en outre appelé « à ne pas laisser les agriculteurs seuls dans cette problématique ».Au sujet de la TFNB, Bruno Darnaud, élu chambre d'agriculture, a conseillé aux communes concernées de se signaler à la direction départementale des finances publiques (DDFIP). Concernant la Pac, « il faut faire une déclaration d'accident de culture, a informé Dominique Chatillon. Si on resème, on doit faire une modification de code culture, c'est sans pénalité ». Et la sous-préfète a conclu : « On a vu le type de dégâts. Avec la DDT, nous ferons le maximum pour instruire le dossier dans les meilleurs délais et le faire remonter ». Enfin, elle a souhaité « bon courage » aux agriculteurs sinistrés.A. L.