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Manifestation JA

Grêle : où sont les mesures exceptionnelles ?

Trois mois après les violents orages de grêle qui ont occasionné des dégâts considérables aux cultures, les Jeunes Agriculteurs ont manifesté à Bourg-de-Péage pour dénoncer l'absence de mesures exceptionnelles promises alors par le ministre de l'Agriculture.
Grêle : où sont les mesures exceptionnelles ?

Après le violent orage de grêle du 15 juin, le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, s'était rendu sur le terrain dès le lendemain. Constatant l'ampleur des dégâts, il avait alors déclaré : « A situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle. » Trois mois après, lors d'une manifestation organisée le 28 septembre devant la mairie de Bourg-de-Péage, les Jeunes Agriculteurs (JA) de la Drôme, de l'Ardèche et de l'Isère sont venus crier leur désarroi. « Où sont les mesures exceptionnelles ?, ont questionné Jordan Magnet et Sylvain Bertrand, respectivement président de JA26 et de JA07. Nous n'avons rien obtenu d'exceptionnel, aucune réponse du ministre alors que beaucoup d'agriculteurs sinistrés sont sans la détresse totale. C'est de l'abandon. »
Les Jeunes Agriculteurs espéraient rencontrer Didier Guillaume, attendu ce même jour à l'inauguration de la foire du Dauphiné, à Romans-sur-Isère. Mais le ministre a eu un changement de planning... Finalement, c'est le préfet de la Drôme, Hugues Moutouh, qui est venu à leur rencontre.

Des revendications

A défaut de ministre, les Jeunes Agriculteurs ont pu présenter leurs revendications au préfet de la Drôme et l'alerter sur la nécessité d'une réponse exceptionnelle rapidement, compte tenu de la détresse de nombreux exploitants sinistrés.
© Journal L'Agriculture Drômoise

« Le Département et la Région font des choses. Mais l'Etat ne suit pas alors que l'ampleur des dégâts, plus de 70 millions d'euros pour l'agriculture drômoise, est exceptionnelle. Nous n'avons aucune information du ministère », a déploré Jordan Magnet. « La grêle est arrivée la veille des récoltes alors que toutes les charges étaient engagées, a complété Sylvain Bertrand. Sans produit à récolter, la situation financière des exploitations est catastrophique. Certaines vont fermer. »
Le préfet de la Drôme a évoqué le déclenchement rapide du dispositif des calamités agricoles ainsi que l'exonération de taxe sur le foncier non bâti (1,8 million d'euros en Drôme). « A l'échelle d'une exploitation, cela ne représente que quelques centaines d'euros seulement, ont répondu les JA. Et ces dispositifs n'ont rien d'exceptionnel. » Ils ont présenté leurs revendications (voir encadré). En tête, figure une demande d'accès à la prime d'activité exceptionnelle, ceci pour aider les exploitants et leur famille à passer le cap des difficultés financières. Les JA demandent aussi des prises en charge de cotisations sociales, des aides calamités déplafonnées, un soutien de la BPI afin de pouvoir à nouveau emprunter... Le cas particulier des châtaigniers a été abordé, cette production étant non assurable. La discussion a aussi porté sur les aides à la protection physique des cultures, l'accès à l'assurance récolte...

« Le ministre se bat »

A défaut de ministre, les Jeunes Agriculteurs ont pu présenter leurs revendications au préfet de la Drôme et l'alerter sur la nécessité d'une réponse exceptionnelle rapidement, compte tenu de la détresse de nombreux exploitants sinistrés.
© Journal L'Agriculture Drômoise

Le préfet de la Drôme a pris note des revendications assurant que les services du ministère de l'Agriculture sont au travail. « J'entends votre frustration et votre mécontentement, a-t-il dit. Là où on a la main, on fait le maximum. Le ministre se bat pour les agriculteurs sinistrés. Mais cela prend du temps car il faut négocier, respecter un certain nombre de règles, notamment au regard de l'Union européenne. C'est très complexe. » Le préfet a aussi évoqué les demandes des autres catégories sociales sinistrées par les orages (artisans, commerçants, PME), ce qui ne simplifie pas les arbitrages au plus haut niveau.
A court de trésorerie, les exploitants agricoles sinistrés n'ont plus le temps d'attendre. Il leur faut de l'argent pour réparer et préparer leur prochaine campagne. « Notre mobilisation est aujourd'hui symbolique. Nous sommes venus pour alerter. Sans réponse à nos demandes rapidement, nous reviendrons mais plus nombreux », ont prévenu les responsables syndicaux. Ils réclament un rendez-vous avec le ministre de l'Agriculture.

Christophe Ledoux

Les revendications des JA /

- Mise en place de la prime d'activité exceptionnelle avec des démarches simplifiées pour tous les exploitants sinistrés et leurs famille.
- Prise en charge des cotisations sociales des exploitants.
- Prise en charge des cotisations sociales salariales.
- Déplafonnement à 60 % des aides calamités liées aux pertes de fond.
- Enclenchement en urgence des mesures de fonds européens de crise.
- Intervention de la banque publique d'investissement pour sécuriser les prêts des agriculteurs touchés.
- Accès aux aides à la plantation pour tous les agriculteurs sans aucune condition.
- Information sur l'éligibilité aux pertes de fond en cas de recépage (taille sévère).
- Déplafonnement des aides à la protection des cultures (filets).