Grignan-les-Adhémar : « un immense pas en avant »
«Un peu plus de cinq ans se sont écoulés depuis que nous avons obtenu de l'Inao(2) l'autorisation de passer sous les couleurs de Grignan-les-Adhémar, a rappellé le président Henri Bour, lors de l'assemblée générale de l'ODG, le 18 mars à Grignan. Je crois que nous avons fait un travail énorme pour relever cet immense défi, parce que changer de nom était presque une folie, confesse-t-il, avouant l'ampleur de la tâche. Il ne fallait pas se louper pour éviter de sombrer définitivement. Il faut voir ce qui a été fait, ce qui a été obtenu en cinq ans. C'était très difficile à réaliser, certains me l'avaient fait remarquer et beaucoup n'y croyaient pas ». Mais il fallait aussi relever un autre challenge : « changer profondément la qualité ».
Un plan de bataille efficace
Après des campagnes de communication inventives (340 articles de presse en cinq ans, 106 000 euros de publicité dans les revues spécialisées et une trentaine d'actions de promotion et partenariats locaux), l'image de l'appellation (ex-Tricastin) change peu à peu. « Nous avons réussi car nous avons toujours gardé la même ligne de communication, sans prétention excessive, avec des arguments vérifiables et authentiques, a souligné Henri Bour. Nous avons réussi parce que tous les vignerons sont restés en bloc, unis derrière l'ODG et son plan de bataille, parce que nous avons été capables de mobiliser 1 300 000 euros derrière ce plan, parce que nous avons eu la sagesse d'incorporer le nom de Grignan dans cette nouvelle dénomination et que ce nom est synonyme d'histoire, de culture, de qualité. » Et aujourd'hui, tout a changé. « J'ai le sentiment d'avoir fait un immense pas en avant pour redonner à cette appellation la place qu'elle mérite, a confié Henri Bour. Je suis heureux parce que nous y sommes parvenus plus vite que prévu. Je ne pensais pas qu'en cinq ans nous en serions là où nous en sommes aujourd'hui. Je suis heureux aussi parce que je vois le sourire revenu sur vos visages ». Un optimisme de bon aloi, confirmé avec la présentation des résultats économiques par Dominique Toillon (d'Inter Rhône).
Une commercialisation en progression
Depuis cinq ans l'appellation Grignan-les- Adhémar voit sa commercialisation progresser. En 2015, elle a atteint 56 593 hl, soit le plus important volume depuis le changement de nom. Pour la quatrième année consécutive, les sorties de chais sont en hausse (+ 26 %) via le vrac (+ 40 %) et les bouteilles (+ 10 %). Avec 21 569 hl, c'est le volume en bouteilles le plus important depuis dix ans (38 % de la commercialisation). En outre, la campagne a été marquée par la reprise des sorties en rouge, alors que la tendance était au développement des volumes en rosé et en blanc.
S'agissant des transactions en vrac, la tendance haussière se poursuit (+ 48 %) et les cours sont en progression de plus de 3 %. La campagne 2015-2016 pour le vrac reste dynamique mais il n'y a pas eu de reconduction des transactions exceptionnelles enregistrées en février 2015. Le prix moyen est en hausse, à 115,30 € l'hectolitre pour le millésime 2015.
On note par ailleurs une forte augmentation de l'export en 2015 en particulier en Europe du Nord, Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, Danemark et Irlande. Dans les enseignes françaises de la grande distribution, les ventes ont bien fonctionné durant les foires aux vins d'automne et les promotions de janvier, avec des prix supérieurs à la moyenne. Avec 11 000 hl, l'appellation revient à son niveau de 2009 mais avec un prix moyen mieux valorisé. Elle est présente chez près d'un supermarché sur deux.
En concluant sa dernière assemblée générale en tant que président, Henri Bour a longuement remercié ses collaborateurs et les vignerons, ainsi que le président de l'Inao, Yves Bénard, le député Hervé Mariton, le maire de Grignan, Bruno Durieux. « Continuez à rester unis et solidaires derrière notre stratégie de qualité, a-t-il lancé aux vignerons. C'est le gage de notre réussite future. Merci du fond du cœur de m'avoir fait confiance et supporté pendant ces longues années. ». Son successeur doit être élu tout prochainement. n
(1) ODG : organisme de défense et de gestion.
(2) Inao : institut national des appellations d'origine.
ODG Grignan-les Adhémar /
Point sur les activités
La récolte 2015 s'est élevée à 58 299 hectolitres (contre 57 507 en 2014). Les coopératives ont revendiqué 56 % des volumes et les caves particulières 44 %. Les rouges représentent 72 % des volumes, les rosés 18 % et les blancs 10 %.
L'an dernier, les contrôles parcellaires et produits effectués par l'OIVR (organisme d'inspection de la Vallée du Rhône) ont porté sur 280 ha, soit un peu plus de 20 % des surfaces revendiquées en 2014. Sur les produits, 650 déclarations ont été faites pour 70 103 hl et 108 prélèvements ont été effectués soit 17 % des déclarations et 25 % des volumes déclarés.
Le rapport d'activité précise également que le contrôle interne effectué par l'ODG, en liaison avec l'OIVR (pour qu'elle oriente ses contrôles sur des caves présentant quelques manquements qualitatifs), a porté à mi-mars sur 240 échantillons du millésime 2015, pour 53 601 hl.
En outre, a été étudiée la modification de certains points du cahier des charges avec la commission d'enquête de l'Inao. Et le nouveau plan d'inspection retravaillé a été validé en octobre 2015 (consultable sur le site internet de l'appellation).
Par ailleurs, l'étude de terroir effectuée par Georges Truc, œnogéologue, est terminée et le rapport complet rédigé. Il est prévu d'organiser des réunions de présentation. De même, la délimitation actuelle de l'AOVDQS* (1964) s'étend sur 22 000 ha, ce qui est très vaste par rapport à la surface plantée ou revendiquée. Elle doit être revue dans le cadre du repositionnement qualitatif de l'AOP Grignan-les-Adhémar. Les experts de l'Inao feront une proposition aux vignerons en 2017.
Notons enfin que les comptes de l'ODG affichent un résultat d'exploitation de 20 000 euros (contre 4 000 l'exercice précédent).
* AOVDQS : appellation d'origine vin délimité de qualité supérieure.
