Hausse du prix du GNR : les agriculteurs voient rouge

L'augmentation du prix des carburants n'inquiète pas seulement les seuls particuliers à la pompe. Les professionnels - et notamment les agriculteurs - font également grise mine. Si bien que le syndicat des Jeunes Agriculteurs de la Drôme a décidé d'écrire, voilà quelques jours, au préfet ainsi qu'à tous les parlementaires drômois. La lettre est cosignée avec la FDSEA. « L'État a décidé d'augmenter le prix du carburant pour financer la transition énergétique. Nous sommes conscients de cet impératif, note Sébastien Richaud, président des Jeunes Agriculteurs de la Drôme. Mais il faut savoir que les constructeurs ont déjà fait beaucoup de progrès ces dernières années pour diminuer l'émission de CO2 des matériels. Les systèmes anti-pollution ont déjà représenté un coût supplémentaire pour les agriculteurs. »
Un impact sur les trésoreries
Avec cette missive, l'objectif est d'interpeller sur « l'impact considérable du prix du GNR (gazole non routier) pour [les] exploitants », chiffres à l'appui. En 2017, il était commercialisé à 0,66 euro par litre TTC, contre plus d'un euro en 2018, soit plus de 35 % d'augmentation en un an. Quand une exploitation consomme 10 000 litres de carburant par an, la facture passe ainsi de 6 600 à plus de 10 000 euros. « Cela est d'autant plus inacceptable que nous ne connaissons toujours pas la méthode de tarification et de remboursement qui sera mise en place, celle-ci pouvant entraîner de grosses difficultés financières auxquelles de nombreuses exploitations drômoises ne pourront faire face », soulignent les syndicats dans le document. Bref, une situation qui pèse un peu plus sur les trésoreries des agriculteurs.
Une inquiétude palpable
Sébastien Richaud sait de quoi il parle. Sur son exploitation, ce sont 4 000 à 5 000 euros en plus qui seront dépensés sur une année. Jean-Sébastien Avenant est quant à lui entrepreneur de travaux agricoles. Son entreprise possède deux moissonneuses-batteuses, un corn-picker pour la récolte du maïs semence ainsi que trois tracteurs. « J'utilise en moyenne 60 000 litres de carburant chaque année. En 2017, une batteuse me coûtait 25 euros HT de carburant à l'heure. En 2018, on est sur un coût de 40 euros HT », précise le jeune homme. Lequel ne peut donc cacher son inquiétude pour les mois à venir. « Je ne sais vraiment pas comment faire face à de telles augmentations. Les autres charges augmentent aussi à côté, comme le prix des machines, l'entretien, le coût de la main-d'œuvre..., note-t-il aussi. Impossible de pouvoir augmenter les tarifs de mes prestations. Les agriculteurs ont déjà des difficultés et des marges réduites pour trouver une rentabilité sur leurs exploitations. Eux-aussi sont d'ailleurs impactés par le coût du carburant. Je suis très inquiet pour l'avenir, surtout quand on entend que le carburant va encore augmenter en 2019. »
Les Jeunes Agriculteurs de la Drôme discuteront dans les jours à venir de l'organisation de possibles actions afin de montrer leur mécontentement et leur inquiétude. Un mouvement national doit par ailleurs se dérouler le 17 novembre pour protester contre la flambée du prix des carburants.
A. T.