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Chambre d'agriculture

Henri Fèche, une longue aventure drômoise

Après plus de 37 ans à la chambre d'agriculture de la Drôme, surtout au service des éleveurs, Henri Fèche cesse son activité professionnelle.
Henri Fèche, une longue aventure drômoise

Son BTS production animale en poche, Henri Fèche débute sa carrière en tant qu'enseignant en zootechnie et phytotechnie dans un collège de la Loire. En 1978, il arrive dans la Drôme comme conseiller en production laitière à la chambre d'agriculture (principalement en Nord-Drôme et Royans-Vercors). Puis il prend la responsabilité de son équipe de conseillers d'entreprise, après une formation d'ingénieur (de 1990 à 1994). Il devient chef du service élevage et de ses composantes (IPG et développement du conseil d'élevage) en janvier 1996, époque où le contrôle laitier prend son indépendance. Henri est alors en partie mis à disposition de cette structure. A partir de 1997, il l'est aussi auprès du GDS, dont il prend la direction. Il devient responsable de l'activité diversification de la chambre d'agriculture en 2008 puis sous-directeur de celle-ci en janvier 2014 et laisse la partie élevage hors IPG. Lui revient entre autres la mise en place de la transversalité entre les services, du pilotage du développement territorial et des prestations. Et il va tourner une nouvelle page : le 5 août, il mettra fin à son activité professionnelle.
Au cours de sa carrière, Henri a vu évoluer l'élevage drômois. En 1978, le département comptait plus de 1 000 producteurs de lait de vache avec une moyenne de 25 000 litres annuels par élevage. Aujourd'hui, il en reste une centaine, avec une moyenne de 260 000 litres. Présent sur tout le département en 1978, l'élevage ovin s'est replié en zones de parcours et de montagne sèche, sur des systèmes pastoraux et semi-pastoraux. Les caprins, eux, sont plus restés dans leurs zones traditionnelles, même s'ils se sont développés en montagne.

Des creux et des rebonds

Les élevages bovins lait se sont spécialisés et mécanisés (un sur dix a un robot de traite). Contrairement aux craintes, la mise en place des quotas laitiers, en 1984, a participé au maintien de la production (30 millions de litres en Drôme). Grâce à l'AOC bleu du Vercors (reconnue en 1998), la transformation fermière a pu être relancée et la laiterie Vercors Lait maintenue. Le saint marcellin a obtenu une IGP en début 2014. Le bio, lui, a connu deux vagues de développement : en 1999-2000 puis en 2008, notamment dans le Vercors. « Ces démarches qualité ont contribué au maintien du lait et de la production fermière en Drôme», observe Henri. Les entreprises laitières, elles, ont connu une restructuration forte entre 1978 et 1985. Une « myriade » de coopératives et petites entreprises du saint marcellin ont disparu. En bovins allaitants, la filière s'est développée et structurée au milieu des années 1980. Mais elle a connu des creux et des rebonds, comme la crise de la vache folle en 2000-2001. Entre 1978 et maintenant, les ateliers d'engraissement (taurillons) sont passés d'une centaine à une vingtaine. Les élevages naisseurs-engraisseurs, eux, se sont développés.

Henri Fèche en 1984, alors conseiller en production animale à la chambre d'agriculture de la Drôme.

Une diversité à conserver

L'élevage ovin a aussi vécu une restructuration. Deux abattoirs (Rémuzat et Grillon) ont disparu. La Drôme, qui a connu un pic de 90 000 brebis par le passé, n'en a plus que 65 000 à présent. Le label rouge « L'Agneau de l'adret » est positif pour cette filière. En caprin, après être monté à 32 000 chèvres, le troupeau est redescendu à 28 000 têtes mais se redresse actuellement. « Il faut que la filière continue à reposer sur trois jambes : les producteurs laitiers, fermiers et les affineurs, estime Henri. Elles sont complémentaires. Quant à l'aviculture, elle est complémentaire des cultures ». Et de souligner, plus généralement : « Dans la Drôme, l'élevage est un pôle multi-espèces. Cette diversité de productions est à conserver pour garder des petites et moyennes exploitations. »
La chambre d'agriculture, c'est aussi des réseaux de références, dont le premier a été mis en place en bovins lait en 1983. « Ce regard économique est essentiel pour accompagner les éleveurs, remarque Henri. Un service élevage structuré autour de ses conseillers et ingénieurs fait la force de la chambre d'agriculture. En plus, le fait de gérer le GDS et le contrôle laitier (devenu Drôme conseil élevage) a permis une complémentarité. Un lien fort existe entre les trois. Le GDS, le contrôle laitier et la chambre d'agriculture n'ont pas à rougir du travail technique accompli et des services apportés pour accompagner les éleveurs. »

Un besoin de proximité

La vision d'Henri sur l'avenir : s'attacher à maintenir l'élevage drômois pour conserver une dynamique. Comment ? Avec des structures viables, par la valorisation (démarches qualité, circuits courts), le collectif (notamment les cuma). Mais aussi en essayant de garder de la diversification sur les exploitations (pour mieux supporter les crises) et de conserver des outils de proximité (abattage, transformation).
Côté agritourisme et circuits courts, ils sont des moyens de ramener de la valeur ajoutée. Henri croit en leur potentiel de développement. Dans la Drôme, le réseau Bienvenue à la ferme est passé d'une soixantaine d'adhérents en 2008 à plus de 100 à présent. Et les points de vente collectifs fonctionnent bien. Toutefois, « ces activités doivent être bien organisées sur les exploitations, en termes de temps de travail et sur le plan social ». En bio et autres démarches qualité associées, la Drôme a un temps d'avance.
Quant au projet stratégique de la chambre d'agriculture, « il correspond à un besoin de proximité des agriculteurs, de raisonner davantage sur des petites régions à travers des comités d'actions et de projets », note Henri. Et de conclure : « 37,5 ans passés à la chambre d'agriculture de la Drôme, c'est une aventure humaine. Les responsables professionnels m'ont fait confiance. Les petites régions de ce département se complètent. J'ai toujours pris la diversité de ses hommes et productions comme une richesse et non comme un handicap ou un frein ».

Annie Laurie
Le 17 juillet, lors d'une cérémonie en présence entre autres de salariés, de la présidente et du premier vice-président de la chambre d'agriculture, du personnel du GDS et d'autres organisations agricoles, Henri Fèche a évoqué son parcours. « En postulant à la chambre d'agriculture, j'ai fait le bon choix », a-t-il confié en mettant l'accent sur le travail de développement réalisé. Il a souhaité que les évolutions actuelles en matière de mutualisation et de regroupement des services se traduise par une « volonté de rebond et non par un repli ».
Au nom de ses collègues et avec humour, Claude Chapus (EDE) a souligné quelques traits du caractère d'Henri Fèche, notamment « son énergie, son enthousiasme et son empathie ».