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Grande distribution

Hyper U de Romans : « Une quinzaine de producteurs s'est présentée à nous »

Bien souvent critiquées, les grandes et moyennes surfaces (GMS) se mobilisent peu à peu pour valoriser le travail des producteurs locaux. Un crédo initié depuis trois ans par Gary Doire, directeur de l'Hyper U à Romans-sur-Isère, qui a toujours attaché de l'importance aux produits locaux. Explications.
Hyper U de Romans : « Une quinzaine de producteurs s'est présentée à nous »

Gary Doire, GMS et agriculteurs locaux peuvent-ils s'entendre ?

Gary Doire : « La grande distribution est souvent critiquée dans les médias ou sur les réseaux sociaux. Mais les enseignes U ont un historique important en termes de partenariats avec les agriculteurs du territoire. Ma famille fait ce métier depuis près de 40 ans en Ardèche et a toujours attaché de l'importance à travailler en direct avec les producteurs locaux. Dès la reprise de l'Hyper U de Romans-sur-Isère en 2017, j'ai donc immédiatement privilégié ces contacts-là. Ce n'est donc pas nouveau pour nous, puisque nous travaillions déjà avec près de 70 producteurs avant la crise du Covid-19. »

Justement, depuis le début de la crise, avez-vous noué de nouveaux contacts ?

G. D. : « Depuis le début du confinement, j'ai dit à mon équipe qu'on ne refuserait aucun fournisseur local. Ainsi, depuis le 16 mars, une quinzaine de producteurs s'est présentée à nous. J'ai par exemple fait la connaissance de Jordan Valentin, producteur de farine situé à 15 minutes du magasin. Grâce à cette rencontre, nous avons créé un pain spécial avec de la farine locale. Nous avons également aménagé de nouveaux espaces de vente, mis en avant les produits régionaux à l'entrée du magasin, etc. Notre rôle, plus que jamais, est de rendre service et de permettre aux producteurs d'écouler leur production, puisque nous avons la chance d'être ouvert. Cet élan de solidarité fait écho à mon envie de travailler avec un maximum d'entre eux. »

Comment sont négociés les prix ?

G. D. : « Certains producteurs pensent qu'ils doivent faire un prix pour la grande distribution. Mais la fibre des magasins U est de travailler en direct, en local, sans aucune négociation de prix. Notre volonté est ainsi de rémunérer les producteurs à leur juste prix. Si certains sont réticents au premier échange, je les rassure immédiatement : comme avec les 70 fournisseurs locaux avec qui nous travaillons déjà, et afin de protéger leurs exploitations, nous procédons au règlement à réception des factures. »

Les consommateurs sont-ils au rendez-vous ?

G. D. : « Les produits locaux sont effectivement favorisés en ce moment. Est-ce que cela vient du fait qu'on les mette davantage en avant ? Très certainement. Toujours est-il que cela va nous permettre d'avoir une réflexion sur la mise en valeur, dans le futur, de ces produits. Après, nous devons toujours faire face à un dilemme récurrent : la main-d'œuvre française est plus chère, ce qui a une conséquence directe sur les prix des produits français, contrairement aux produits étrangers. Après avoir renoué les liens entre les producteurs et les distributeurs, il est maintenant temps de réconcilier les distributeurs et les clients. Les consommateurs doivent aussi faire l'effort de consommer français. »

Quid de l'après-confinement ?

G. D. : « Il est certain que nous continuerons de mettre en avant nos partenariats avec les producteurs locaux, quitte à prendre des risques. Le commerce de proximité est primordial et je préfère m'asseoir sur du chiffre d'affaires plutôt que sur la qualité des produits proposés. Malgré tout, nous avons des limites. Aujourd'hui, je regrette que nous n'ayons pas assez de producteurs locaux qui viennent à nous et se fassent connaître. Nous venons de passer la période de Pâques et cela a été très compliqué de trouver des agneaux français. Qu'ils n'hésitent surtout pas à me contacter : [email protected]. »

Propos recueillis par Amandine Priolet