Inquiétudes sur le marché des IGP viticoles

La fédération drômoise des IGP viticoles a tenu, le 30 mars à Nyons, son assemblée générale sous la présidence d'Adelin Marchaud. Y était représentée chacune des trois indications géographiques protégées (IGP) départementales. A savoir : les vins IGP de la Drôme, des Coteaux des Baronnies, des Collines rhodaniennes, ainsi que l'IGP Méditerranée gérée par une fédération régionale. A noter, les vins des Coteaux de Montélimar et du Comté de Grignan ont conservé leurs mentions territoriales respectives comme complément de nom de l'IGP de la Drôme.
L'ensemble de ces appellations représentent 1 051 apporteurs de raisins et 157 opérateurs actifs (caves coopératives, caves particulières et négoces susceptibles de le mettre en marché). Les vendanges 2015 ont donné tout juste 100 000 hectolitres (hl) de vins IGP dont 16 100 en Collines rhodanienne, 10 300 en Coteaux des Baronnies, 20 100 en IGP de la Drôme, 4 100 en Nord Ardèche et 48 600 en Méditerranée. « Un tassement conjoncturel de la production est enregistré en 2015, surtout en rouge », a souligné Adelin Marchaud. Ce dernier annonce cependant une belle année 2016 avec des tonnages revendiqués jusqu'en mars dépassant déjà les 120 000 hl.
Une réorganisation stratégique
Abordant les préoccupations rencontrées l'année dernière par la fédération, son président a rappelé que l'organisme de défense et de gestion (ODG) a été amené à changer d'organisation en décidant de quitter les locaux et services administratifs de la chambre d'agriculture. Installé désormais au sein du CERFrance à Tain-l'Hermitage, l'ODG a mis en place, après concertation avec la fédération des vignerons indépendants de la Drôme, une organisation autonome, s'appuyant sur la personne de Juliette Violette. L'objectif était d'assurer la continuité dans les revendications et l'accès aux différentes IGP. « Cet arbitrage et cette réorganisation effectués début d'été n'ont pas été simples à appréhender, a confié Adelin Marchaud. Je remercie les administrateurs de l'ODG pour leur soutien et leur pragmatisme dans ce choix stratégique. »
Les cours se tassent
Revenant sur les préoccupations présentes, Adelin Marchaud a noté que, depuis un an, le marché de l'IGP, et plus particulièrement du rouge, se ralentit peu à peu, pour être aujourd'hui comme dans une impasse. « Cela s'explique par la concordance de différents facteurs. Après deux ou trois années où l'offre avait du mal à couvrir la demande, les metteurs en marché se sont organisés pour élargir leur approvisionnement, a expliqué Adelin Marchaud. En même temps, la production française a fait de même en restructurant son vignoble pour proposer plus de volume à la suite des deux années (2014 et 2016) de production volumineuse. Le constat est qu'aujourd'hui le marché du vin en France est largement pourvu, en VSIG, ainsi qu'en IGP, d'autant que des volumes venant de pays comme l'Espagne sont maintenant ancrés dans les rayons vins des différents circuits de distribution. »
Aussi, les marchés IGP sont tendus au point d'être même à l'arrêt dans certains secteurs comme le vrac rouge. Aujourd'hui, le négoce tarde à passer aux achats, les stocks gonflent et, de plus en plus, les IGP sont concurrencés par des vins sans IG venant notamment d'Espagne. Une telle situation a un impact sur les cours qui se tassent, heureusement sans dégringoler, perdant aujourd'hui de l'ordre de cinq euros par hectolitre, en passant de 85 à 80 €/hl.
Des points positifs
Parmi les points positifs survenus sur ce millésime 2016, l'assemblée a constaté l'engouement pour les plantations nouvelles en IGP Collines rhodaniennes. 70 ha d'autorisation ont été demandés et acceptés l'an dernier. Tant au niveau de l'encépagement que de celui des surfaces, le dynamisme est certain sur ce marché de niche. En ce qui concerne les effervescents, le cahier des charges Méditerranée a finalement obtenu la validation du Conseil d'Etat en novembre, ce qui ouvre ce marché au secteur IGP. Enfin, le partenariat mis en place depuis deux ans avec la chambre d'agriculture pour porter le projet d'expérimentation de cépages résistants issus de la recherche Inra se poursuit avec succès. Un cépage a pu être implanté l'année dernière et deux autres seront plantés cette année tandis que les essais et études se poursuivront pendant encore au moins trois ans.
Alain Bosmans
Des drônes pour détecter la flavescence dorée
« Malgré les campagnes d’inspection, d’analyse et d’arrachage menées en liaison avec la FDGdon, nos territoires continuent à être menacés par les agents infectieux de la flavescence dorée, a expliqué Adelin Marchaud. Ces campagnes menées par contrôle visuel humain ont cependant leurs limites et on s’intéresse désormais à la possibilité d’utiliser des drones pour inspecter les vignes. »Spécialiste de la détection de la flavescence dorée par nouvelles technologies à la chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône, Sébastien Attias en a expliqué le procédé, l’intérêt et les limites dans un exposé illustré d’un film. Le drone permet en effet une inspection plus fine de la zone en réduisant les coûts et le temps nécessaire à la prospection. Il a rappelé cependant que ce n’était pas la panacée et que le scan par drone ne remplacera jamais complètement le contrôle à pied ou en quad.
